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Marathon Man (id.) – de John Schlesinger – 1976

Classé dans : * Polars US (1960-1979),1970-1979,SCHLESINGER John — 2 juillet, 2015 @ 17:01

Marathon Man

Drôle de titre pour ce sommet du cinéma paranoïaque des années 70, mais qui convient parfaitement au rythme que Schlesinger donne à son film, imposé par ce personnage de jeune étudiant s’entraînant pour le marathon, et plongé dans une course en avant qu’il ne maîtrise jamais.

Un personnage qui a peur aussi, à peu près constamment, comme le spectateur d’ailleurs (ce que Dustin Hoffman joue formidablement bien). Une peur d’autant plus insoutenable que Schlesinger la fait naître du quotidien. Une rue bondé de passants, une salle de bain… Le danger apparaît dans les endroits les plus familiers, aux moments les plus inattendus.

Il fait resurgir les fantômes du nazisme, trente ans après et à des milliers de kilomètres des camps : un embouteillage qui fait resurgir de vieux instincts, une vieille dame juive qui reconnaît celui qui fut son boureau des décennies plus tôt sur un autre continent… Ce qui passe aux yeux des passants pour les divagations de vieux fous va bouleverser de manière très concrète la vie de ce jeune étudiant plus préoccupé par le marathon qu’il prépare que par les mouvements du monde.

De mouvements, il est pourtant question dans ce film, qui semble n’être fait que de ça. Dustin Hoffman, dans l’un de ses meilleurs rôles, trimbalés dans une histoire qui le dépasse totalement, qui court à moitié nu dans la nuit de New York. On a l’impression qu’il passe le film à courir ; pour sauver sa vie, pour échapper à ceux qui le poursuivent, mais aussi pour mettre de l’espace entre son lourd passé familial et ce qu’il est ou ce qu’il sera.

Marathon Man est un chef d’oeuvre, parce qu’il trouve le parfait équilibre entre tous ce qui en fait la richesse : une réflexion édifiante sur le poids de l’histoire et sur l’oublie ; un grand film paranoïaque ; mais aussi un pur film de trouille, avec une séquence traumatisante de « dentiste » qu’on n’est pas prêt d’oublier (« c’est sans danger ? »), et une autre absolument géniale filmée du seul point de vue d’Hoffman, enfermé dans sa salle de bain où des tueurs tentent de pénétrer.

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