Secret d’état (Kill the Messenger) – de Michael Cuesta – 2014
Dans les années 80, un journaliste d’un obscur quotidien de San Jose découvre des liens entre la CIA et le trafic de drogue pour financer une révolution au Nicaragua, et se retrouve seul contre tous. L’histoire est vraie, et on voit bien ce qui a attiré Michael Cuesta là-dedans : la possibilité de ressusciter le film-dossier à la mode des années 70, genre Les Hommes du Président voire Les Trois Jours du Condor.
Tout est là : le journaliste intègre et habité par sa mission, la théorie du complot, l’obsession et la solitude, la menace qui pèse sur l’entourage du héros… Dans le rôle, Jeremy Renner est très convainquant, et apporte une intensité bienvenue à son personnage, tiraillé entre un boulot vécu comme un sacerdoce, et une famille hantée par un passé douloureux : les deux pans majeurs de sa vie, qui menacent d’imploser au fur et à mesure que son enquête et ses révélations avancent…
Tout ça est assez passionnant, filmé dans un style classique très seventies, avec des dialogues secs et percutants. Mais Cuesta échoue dans l’aspect le plus important du film : illustrer l’obsession de l’enquêteur et la complexité de ce qu’il déniche… Tout s’enchaîne trop vite, avec trop d’évidence et trop de facilité pour qu’on y croie vraiment.
Le moindre indice conduit à une découverte majeure, comme un jeu de piste ludique, dont chaque étape est marquée par un second rôle de prestige. Robert Patrick, Barry Pepper, Andy Garcia, Ray Liotta… Que du bon, certes, mais sous-employé et condamnés à de fugitives apparitions pour faire avancer l’intrigue. Réjouissant et frustrant, donc…
* DVD chez Metropolitan, avec un commentaire audio du réalisateur, une poignée de scènes coupées et quelques featurettes promotionnelles.
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