Surrender (id.) – de Allan Dwan – 1950
Le film s’ouvre sur une séquence visuellement magnifique : une poursuite nocturne dans une sorte d’entrepôt, aux jeux d’ombre impressionnants. En quelques secondes seulement, Dwan plante son décor : un dangereux jeu de dupe où le danger et la suspicion sont de rigueur.
La suite est plus conventionnelle. Esthétiquement, en tout cas, parce que Dwan, cinéaste inégal mais génialement gourmand et généreux, s’autorise tout. Jusqu’à transformer son acteur vedette John Carroll en chanteur de charme déclamant des vers romantiques avec une voix de baryton totalement inattendue, alors que le ton du film est ouvertement sombre.
C’est tout ce qui fait le charme de cette production aux moyens limités : afficher une belle liberté, ouvrir le champs à toutes les dérives possibles. Dwan est réputé pour son amour des tournages, qu’il a enchaîné inlassablement durant cinquante ans. Son plaisir est communicatif, cette fois encore, même s’il a dû diriger des comédiens dont il ne voulait pas : Vera Ralston (imposée par le producteur qui voulait en faire une grande star), et John Carroll (à qui le producteur devait de l’argent, et qui se remboursait en s’imposant en tête d’affiche).
Un peu agaçante avec son regard de biche endormie, Vera Ralston est finalement plutôt convaincante dans le rôle de cette femme qui sait se faire aimer pour arriver où elle veut : au plus haut, quitte à laisser des cadavres autour d’elle. Quant à John Carroll, avec ses faux airs d’Orson Welles au rabais, il est irréprochable, même s’il manque un peu de charisme.
Mais le film tient remarquablement sa route sinueuse, oscillant constamment entre le film noir et le western, entre légèreté et noirceur. Jusqu’à un final qui évoque à la fois celui de Duel au soleil et celui de Pour toi j’ai tué. Un western et un film noir, donc.
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