John Wick (id.) – de Chad Stahelski – 2014
Personne n’a dit à ce fils (gâté et demeuré) de mafieux que, dans un film hollywoodien, on ne touche pas aux chiens ? Passe encore qu’il vole la bagnole d’un tueur d’élite à la retraite (qui se trouve être un ancien homme de main de son paternel), passe encore qu’il lui file la rouste de sa vie, mais qu’il tue ce chiot, ultime souvenir laissé par sa femme défunte, voilà de quoi mettre John Wick en rogne.
Et voilà notre homme, campé par un Keanu Reeves très appliqué et un peu habité, lancé dans une guerilla pas très équilibrée : face à son incomparable art de dézinguer au flingue ou au poing, rien de plus qu’une petite armée surarmée. Les morts s’enchaînent, à grosses giclées d’un sang bien rouge qui vient mettre de soudains éclats de couleurs vives dans une image glaciale.
On n’est pas vraiment dans la dentelle, ni dans la demi-mesure. Mais là où d’autres films hyper-violents déclenchent la nausée, c’est un poli désintérêt qui finit par s’installer : après la mort du chiot, aucune vie n’a plus la moindre importance, et c’est d’avantage les techniques de mort que les morts elles-mêmes qui frappent les esprits. Tout ça est filmé au premier degré, et semble cruellement désincarné.
Il y a quelques rares idées intéressantes tout de même. Côté scénario, cet hôtel qui propose un havre de paix aux mafieux à l’abri pour un temps de la violence de leur vie. Côté réalisation, une manière assez ambitieuse de faire de la verticalité de New York un élément à part entière de l’action. Mais pour l’essentiel, le film se contente de recycler des éléments de Payback (pour la vengeance froide), Gran Torino (pour la voiture comme élément déclencheur) ou Jack Reacher (pour la nature du « héros »).
On se dit quand même que le scénariste et le metteur en scène ont dû passer nettement plus de temps à travailler les techniques de combat que l’atmosphère du film. Et que Keanu Reeves semble lui aussi plus passionné par la chorégraphie des innombrables bastons que par l’idée de donner un semblant de complexité à un personnage sans relief. C’est pas déplaisant, mais c’est quand même pas énorme…
• Blue ray chez Metropolitan, avec un commentaire audio et des tas de petits documentaires promotionnels, comme toujours chez cet éditeur.
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