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Southcliffe (id.) – mini-série réalisée par Sean Durkin – 2013

Classé dans : * Polars européens,2010-2019,DURKIN Sean,TÉLÉVISION — 26 février, 2015 @ 18:01

Southcliffe

Une petite ville anglaise, sans histoire. Le genre de petite ville où tout le monde se connaît plus ou moins depuis l’enfance. Où les fins de journée et les week-ends se passent dans les pubs, à enchaîner les bières et chanter avec les potes. Tout ce qu’il y a d’harmonieux, a priori, jusqu’au jour où un habitant, un peu marginal mais sans réel problème, se mette à tirer sur tous ceux qu’il croise, tuant au final 15 personnes. Le genre d’événements qui crée des abysses de souffrances et d’interrogations, mais qui révèle aussi les fissures qui étaient déjà bien là…

C’est ce que raconte cette formidable mini-série british en quatre épisodes d’une intensité rarement atteinte jusqu’à présent. Le sujet lui-même n’a rien de nouveau : la violence et le drame qui révèlent les secrets cachés ou la face obscure d’une communauté, on a déjà vu ça cent fois. Mais pas comme ça, pas avec cette force narrative (et cette intelligence), à mettre autant au crédit du réalisateur Sean Durkin que du scénariste Tony Grisoni.

Ce qui frappe tout au long de ces plus de trois heures de films (trois bons quarts d’heure par épisode), c’est la manière dont le passé, le présent et l’avenir sont entremêlés. Pas uniquement dans le montage qui, surtout dans les deux premiers épisodes, propose d’incessants allers-retours temporels. Mais aussi dans la manière qu’ont les personnages de faire face à la tragédie et à la douleur, comme si la frontière du temps n’existait plus.

Les deux premiers épisodes sont aussi audacieux que brillants dans leur structure, sorte de spirale nous entraînant inexorablement au coeur de l’horreur. Le film ne joue ni la carte du mystère, ni celle du suspense pure : on sait d’emblée ce qui va se passer. Mais Durkin et Grisoni réussissent admirablement à créer ce sentiment de l’inexorable, de l’imminence de la violence et de ses conséquences à venir.

Les deux derniers épisodes sont plus linéaires, parsemés toutefois de brèves images du passé, ou de simples réminiscences. Mais le poids du passé y est constamment présent. Pas seulement de la tuerie, mais aussi de tout ce qui, peut-être, y a conduit. Et c’est toute une histoire commune qui est revisitée avec douleur.

Il y a quelque chose de viscéral dans Southcliffe. Quelque chose que l’on doit aussi à l’extraordinaire qualité de l’interprétation. Les acteurs semblent tous littéralement habités par des rôles formidablement écrits et d’une complexité rare. Comment faire resentir la douleur la plus insoutenable en chantant avec des potes ? Comment émouvoir en insultant une population qui pleure ses morts ? Comment faire resentir une culpabilité qui ne peut pas s’exprimer ?

Si Southcliffe est un chef d’oeuvre, c’est aussi grâce à la manière dont les acteurs incarnent totalement ces personnages, détruits et hantés à jamais. L’une des plus belles réussites télévisuelles de ces dernières années.

• Les quatre épisodes de cette mini-série sont regroupés sur un DVD qui vient de sortir aux Editions Montparnasse. Sans bonus.

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