Le Petit Monde de Don Camillo – de Julien Duvivier – 1952
Pas grand-chose en commun, a priori, entre ce « monument » de la comédie française (disons franco-italienne) et les grandes oeuvres sombres et pessimistes de Duvivier. Et c’est vrai qu’on a un peu de mal à reconnaître la patte du grand cinéaste du destin et de l’échec, auteur de Pépé le Moko, de Panique, et même de Sous le ciel de Paris, son film précédent.
Le Petit Monde de Don Camillo, adaptation d’un roman à succès de Giovanni Guareschi, sera un triomphe populaire lors de sa sortie, et aura droit à une demi-douzaine de suites, dont une seule sera signée par Duvivier lui-même. La série deviendra même indissociable de l’image de Fernandel, sa star, qui finira par s’enfoncer dans la caricature au fil des opus.
Ce premier film échappe, lui, à toute caricature. Fernandel n’est certes guère crédible en force de la nature capable de soulever des tables de banquet en bois massif sans effort. Mais il faut reconnaître qu’il trouve là l’un de ces rôles qu’on imaginerait interprété par aucun autre acteur. Un personnage pas si simple que ça, qui lui permet d’apporter une complexité inattendue dans son jeu.
A la fois bon et mesquin, altruiste et colérique, ce Don Camillo est loin de l’image habituelle du prêtre dans la comédie à la française, bien plus proche de l’esprit corrosif de la comédie italienne.
Là où on retrouve la signature de Duvivier, c’est dans la manière qu’il a de filmer ce petit village italien, microcosme qui semble totalement coupé du monde extérieur. Une communauté en dehors du temps, qui semble ne rien savoir de l’état du monde, même si le sujet est ouvertement politique : l’affrontement du curé traditionnel et du maire communiste fraichement élu, incarnant le monde en mouvement.
Mais on aurait de la peine à trouver un quelconque engagement politique dans ce film. Cette opposition n’est l’occasion que d’un affrontement haut en couleur entre deux manières de faire, entre deux comédiens trucculents (Fernandel et Gino Cervi), entre deux univers qui finissent toujours par se retrouver autour de l’essentiel. Le Petit Monde de Don Camillo est en fait une fable humaniste, certes cynique, mais profondément bienveillante.
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