Torrid Zone (id.) – de William Keighley – 1940
J’avais gardé le souvenir d’un film sympathique mais assez insignifiant, qui mettait en valeur le joyeux antagonisme entre un James Cagney très insouciant et un Pat O’Brien très raide, dans un décor de cartes postales. Mais ce Torrid Zone n’est finalement pas si léger que cela.
La perception que l’on en a aujourd’hui, en tout cas, n’a rien de confortable. Ce « Torrid Zone » qui ne porte aucun nom dans le film évoque en fait la présence américaine à Cuba, et ses immenses intérêts financiers, près de vingt ans avant la « révolution populaire » de Castro.
Des révolutionnaires, il y en a déjà, décrits avec dérision, à la limite de la caricature. Il n’y a pourtant pas de quoi rire : William Keighley, surtout connu pour être le co-réalisateur avec Michael Curtiz des Aventures de Robin de Bois, livre une peinture cruelle et très critique de ce colonialisme américain qui tait son nom.
Le ton est apparemment à la rigolade et au dépaysement. Mais les personnages adoptent des comportements souvent odieux vis-à-vis des autochtones, y compris les personnages principaux. La police locale aux ordres d’un homme d’affaires, un peloton d’exécution qui se forme en deux minutes, des ouvriers agricoles qui évoquenet férocement les esclaves d’un autre temps… Non, décidément, cette carte postale-là ne fait pas rêver.
Torrid Zone n’est pas à proprement parler un film politique. L’ambition même de cette production reste floue : le film est-il une condamnation dans les règles du néo-colonialisme américain ? ou est-ce le poids des décennies suivantes qui pèse sur la perception que l’on en a aujourd’hui ? Dans tous les cas, Torrid Zone mérite le détour.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.