Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour le 31 décembre, 2014

Police sur la ville (Madigan) – de Don Siegel – 1968

Posté : 31 décembre, 2014 @ 12:12 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, SIEGEL Don | Pas de commentaires »

Police sur la ville

Trois ans avant Dirty Harry, Siegel marque déjà le polar urbain de son empreinte, avec cette virée tragique dans les bas-fonds de NY, jalon important (et trop souvent oublié) de l’histoire du genre, annonçant les grandes oeuvres réalistes et violentes des années 70.

C’est la chronique d’un gâchis annoncé. Parce qu’il s’est laissé aller une fraction de seconde à une petite faiblesse humaine, le flic joué par Richard Widmark est condamné. Condamné à errer jour et nuit à la recherche d’un criminel, condamné à s’éloigner de celle qu’il aime (Inger Stevens), condamné à suivre un chemin que l’on devine sans retour…

Une autre histoire, qui n’a d’intérêt que parce qu’elle est racontée en parallèle : les tourments du chef de la police (Henry Fonda), qui doit décider ce qu’il va faire de son bras droit, son meilleur ami (James Whitmore), qui s’est lui aussi laissé aller à une faiblesse humaine (soutenir son fils, flic moins intègre que lui).

Mine de rien, Madigan est un grand film politique, un plaidoyer pour ces petits flics qui ont fait de leur métier une mission, et dont le moindre faux pas peut être fatal. C’est aussi la confrontation des petits et des grands. L’unique scène où Widmark et Fonda se croisent est éloquente, le premier, qui affiche sa superbe dans les mauvais quartiers, perdant soudain toute confiance, balbutiant comme un enfant devant cette figure paternelle et autoritaire aussi raide qu’on peut l’imaginer.

Le film est aussi l’un de ceux qui ont livré la vision la plus édifiante de New York, dans une virée (nocturne et diurne) au coeur des bas-fonds, en passant par les quartiers plus huppés. Dans sa manière de filmer la ville comme une entité verticale oppressante et sans horizon, Siegel s’inscrit clairement dans la lignée d’Anthony Mann et de sa Rue de la Mort. Et signe l’un de ses chefs d’œuvre.

Le Monde perdu (The Lost World) – de Harry O. Hoyt – 1925

Posté : 31 décembre, 2014 @ 12:10 dans 1920-1929, FANTASTIQUE/SF, FILMS MUETS, HOYT Harry O. | Pas de commentaires »

Le Monde perdu 1925

Un explorateur affirme que des dinosaures vivent au coeur des étendues inexplorées d’Amérique du Sud. Il parvient à monter une petite expédition pour se rendre sur place… Bien avant Michael Crichton et son Jurassic Park, Conan Doyle, entre deux Sherlock Holmes, avait imaginé la confrontation des hommes d’aujourd’hui et de dinosaures. Mais ce Monde perdu, et cette première adaptation muette signée Hoyt, a été une grande source d’inspiration bien avant les années 90. Et si le film a un air de déjà vu, c’est surtout parce que Schoedsack et Cooper s’en sont très largement inspirés pour leur King Kong de 1933, qui reprend le même canevas.

La partie située sur le « continent perdu »  est paradoxalement la plus faible. Parce qu’elle se repose un peu trop sur la seule présence des dinosaures, et que l’effet de surprise ne suffit évidemment plus aujourd’hui. On imagine bien l’événement et l’effet fascinatoire que leur apparition devait avoir en 1925. Mais neuf décennies plus tard, ces trucages et effets spéciaux (essentiellement de l’animation image par image et des transparences), aussi réussis soient-ils, ne suffisent plus à assurer l’intérêt à eux seuls.

Cela dit, ces effets spéciaux restent la plupart du temps au service de l’histoire. Et, à l’exception de ce petit ventre mou axé sur les monstres qui se battent entre eux, ils ne ralentissent pas le rythme d’un film assez vif (il vaut mieux, pour une histoire de cette ampleur dans un film de moins d’une heure), et qui n’oublie pas de mettre en scène des personnages hauts en couleur.

Le scientifique que tout le monde croit fou, Challenger, est particulièrement réussi, sorte de savant fou à la barbe hirsute interprété par un Wallace Beery au regard d’illuminé. Sa rencontre avec le journaliste joué par Lloyd Hughes, surtout, donne une scène drôle et remuante.

Finalement, les parties londoniennes se révèlent plus aboutie que celle dans le « monde perdu », en Amérique du Sud. Le début parce que la mise en place et la présentation des personnages sont les aspects les plus inventifs et les plus réjouissants du film. La fin parce que l’apparition du brontosaure dans les rues brumeuses de Londres est, de loin, le passage le plus spectaculaire, et techniquement le plus impressionnant.

Une scène que King Kong copiera allègrement. A tel point qu’on s’attend presque à voir le dinosaure grimper en haut de Tower Bridge… Au lieu de cela, mine de rien, Hoyt réinvente le mythe du monstre du Loch Ness. Bien vu, et bien sympathique…

•Le film muet de Hoyt figure en bonus sur le blue ray dédié à l’autre version du Monde perdu, celle en couleur signée Irwin Allen en 1960. Cette première version est présentée dans une copie particulièrement abimée, avec une image très déteriorée et une bande musicale générique, que l’on a collée sur les images sans se soucier qu’elle suive l’histoire.

Passeur d’homme (Passage) – de Jack Lee Thompson – 1979

Posté : 31 décembre, 2014 @ 12:01 dans 1970-1979, THOMPSON Jack Lee | Pas de commentaires »

Passeur d'hommes

Avec Les Canons de Navarone, Jack Lee Thompson s’est imposé comme l’un des spécialistes du film de guerre à grand spectacle qui a cartonné dans les années 60 et 70, avec des films souvent plus explosifs que vraiment convaincants. Mais Thompson a aussi à son actif quelques grandes réussites, comme Les Nerfs à vif, première version. Des nanars aussi, beaucoup. Et dans la première demi-heure, on se demande vers quel versant Passeur d’homme va pencher…

Dans la première partie, c’est surtout le curieux montage qui surprend, avec un étrange parti-pris, qui nous prive systématiquement de la fin des scènes pour passer autre chose. Ça combiné à une caméra portée à l’épaule « pour faire plus dynamique » donne une désagréable sensation d’œuvre brouillon… qui disparaît aussi mystérieusement qu’elle est venue.

Car au bout d’une demi-heure, le ton singulier du film s’affirme, son style visuel s’épure pour atteindre une sorte de classicisme assez élégant, et une épure qui convient bien aux paysages enneigés des Pyrénnées. C’est une histoire d’hommes que filme Thompson, pas une histoire d’héroïsme. Et ce parti-pris, il le tient presque jusqu’au bout : à peine peut-on regretter le SS un peu caricatural joué avec délectation par Malcolm McDowell (qui va jusqu’à porter un slip marqué de la croix gammée).

Pour le reste, Thompson se concentre sur l’essentiel : la cohabitation d’un berger rustre au passé mystérieux avec un savant américain et sa famille, recherchés par les nazis, et qui tentent de passer en Espagne en traversant les montagnes. Dans le rôle du savant, James Mason est très bien, sans forcer son talent. Mais c’est surtout sa fille, jouée par Kay Lenz (l’inoubliable Breezy de Clint Eastwood) qui frappe la rétine. Et Anthony Quinn dans le rôle du passeur, d’une sobriété admirable, apporte une authenticité et une intensité rares à son personnage.

Il y a bien quelques excès malheureux, sans doute destinés à rassurer les producteurs et à alimenter en images spectaculaires la bande annonce (l’attaque ridicule du train, avec ces wagons qui explosent sans raison dans d’immenses gerbes de feu). Mais le film surprend surtout par sa puissance et sa sobriété. Et par sa volonté de dévoiler les humanités qui se dissimulent derrière des masques en ces temps de guerre : celle d’Anthany Quinn, mais aussi celle d’un simple soldat allemand, forcé de participer à un massacre commis par les siens.

Loin des stéréotypes habituels du genre, et malgré quelques défauts évidents, Passeur d’hommes est une bien heureuse surprise.

• Le film vient de sortir en DVD chez Sidonis/Arcadès, dans la collection « classique de guerre », avec une présentation par Patrick Brion (visiblement pas fan du film, qui se contente essentiellement d’évoquer la carrière de Jack Lee Thompson) et un long documentaire sur Anthony Quinn, qui date visiblement de pas mal d’années.

Hollywood Ending (id.) – de Woody Allen – 2002

Posté : 31 décembre, 2014 @ 11:55 dans 2000-2009, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Hollywood Ending

Woody Allen est clairement dans sa période la moins inspirée. Période qui ne durera pas, mais qui est dominée par cette impression un peu désagréable qu’il voulait à tout prix livrer son « Woody Allen Fall Project » (le titre provisoire de tournage qu’il adoptait à l’époque) à temps pour tenir son rythme d’un film par an. Pas de vrai ratage jusqu’à présent : chacun de ses films recèle de belles idées et de bien jolies scènes. Mais une impression globale en demi-teinte. Au mieux.

Dans Hollywood Ending, le problème est plus que jamais présent. Le début est plutôt réussi, et la conclusion plutôt maligne. Mais entre-deux, tout semble ne reposer que sur une unique idée dont Woody ne sait pas toujours quoi faire : réalisateur prestigieux sur le retour, il se voit offrir une dernière chance de revenir sur le devant de la scène, mais se retrouve provisoirement aveugle à la veille du tournage, un handicap qu’il tente de dissimuler…

On a bien quelques gags amusants, et on rit même franchement à deux ou trois reprises. Mais entre deux, que de longueurs. Si l’acteur Woody est assez inspiré avec la cécité de son personnage, Woody le scénariste-réalisateur laisse apparaître un manque d’inspiration flagrant… même si, au final, on se laisse quand même emporter par la petite musique si familière du cinéma allenien, et par la tendresse qui se dégage du « couple » Woody-Tea Leoni.

Et puis Woody nous livre une peinture acide du cinéma, qui n’épargne personne, pas même lui-même. Le cynisme d’Hollywood symbolisé par le requin Treat Williams (impitoyable, mais attachant, un producteur amoureux du cinéma et désireux de contrôler le film parce qu’il veut bien faire, comme les producteurs du grand Hollywood), et par le cynique et hypocrite George Hamilton (réjouissant et horrible). Et la France, terre d’accueil du cinéma d’auteur. « Dieu bénisse la France » lance un Woody Allen, reconnaissant aux critiques frenchy d’avoir porté aux nues un film que les Américains critiquaient comme étant l’œuvre d’un aveugle… ce qu’il était bien.

 

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