Joies matrimoniales / M. et Mme Smith (Mr. and Mrs. Smith) – d’Alfred Hitchcock – 1941
En évoquant Mr and Mrs Smith dans ses entretiens avec François Truffaut, Hitchcock disait qu’il n’avait tourné le film que par amitié pour Carole Lombard : « Comme je ne comprenais pas le genre de personnages qu’on montrait dans ce film, je photographiais les scènes telles qu’elles étaient écrites. » Autant dire loin de la méthode habituelle du maître du suspense, dont le scénario n’est généralement qu’une base de l’écriture visuelle du film.
De fait, Mr. and Mrs Smith est une exception dans la filmographie si cohérente d’Hitchcock : sa seule vraie « comédie américaine », un genre dont il ne disputera pas la domination à Howard Hawks ou Preston Sturges… Pas que le film soit un ratage complet, non. S’il était réalisé par un autre qu’Hitchcock, on saluerait la vivacité de l’histoire et l’originalité des personnages, couple qui a décidé de ne jamais quitté la pièce où ils se trouvent après une dispute dans s’être réconciliés (ce qui peut prendre des jours), et qui réalise que, suite à un improbable problème administratif, ils ne sont pas vraiment mariés.
C’est vrai qu’on ne s’ennuie pas une seconde, qu’on sourit souvent avec un vrai plaisir, que Robert Montgomery est parfait en faut flegmatique et vrai amoureux transi, et que Carole Lombard est délicieusement insupportable. Et ne vous y méprenez pas : Mr. et Mrs Smith est une belle comédie, très inventive et sans le moindre temps mort. Mais on a tellement l’habitude d’utiliser des superlatifs avec Hitchcock qu’on est un peu frustré ici. Il manque à cette comédie la folie que savait donner au genre le Hawks de La Dame du Vendredi, ou le Lubitsch de Jeux dangereux.
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