Femme ou maîtresse (Daisy Kenyon) – d’Otto Preminger – 1947
Preminger a signé quelques-uns des grands films noirs de la décennie (de Laura à Mark Dixon détective). Il en gare les mêmes codes visuels et narratifs, avec de grands moments d’angoisse, et le même acteur iconique (Dana Andrews) avec ce drame romantique qui dynamite les codes du triangle amoureux.
Une femme trop romantique, un homme trop sûr de son pouvoir de séduction, un autre trop timoré… On pourrait tenter de décrire en quelques mots chacun de ces personnages, mais ce serait la promesse de tomber à côté de la réalité : chacun d’entre eux est bien plus complexe que ce qu’il semble être au premier abord, et leurs relations sont elles aussi particulièrement intenses et inattendues.
Henry Fonda mystérieux et attachant, Joan Crawford intense en pure héroïne romanesque, et surtout Dana Andrews, exceptionnel en homme cynique et incapable d’assumer ses responsabilités de père et de mari, capable de la pire cruauté.
Il faut le voir dans une séquence particulièrement cruelle où, affichant un large sourire, il remet en cause le rôle et l’autorité de sa femme devant leurs enfants. Cette scène-là, si banale en apparence, en dit long sur la cruauté et l’égoïsme de cet homme, et sur la capacité de sa femme de tout encaisser pour sauver sa place dans la société. Elle vaut tous les films noirs du monde.
• Cette perle méconnue de Preminger vient d’être éditée parmi neuf autres productions de la Fox, dans la collection Hollywood Legends.
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