Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour le 21 novembre, 2014

Celebrity (id.) – de Woody Allen – 1998

Posté : 21 novembre, 2014 @ 4:15 dans 1990-1999, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Celebrity

Ce n’est pas tout à fait la première fois que Woody Allen s’efface pour diriger un alter ego (John Cusack dans Coup de feu sur Broadway, déjà). Mais Celebrity ouvre une nouvelle ère pour le cinéaste. Pas la plus glorieuse, d’ailleurs : la décennie qui suit sera la plus décriée par ses fans (et me perdra en cours de route, à l’époque, mais la redécouverte arrive…). Celle, en tout cas, où il restera de plus en plus souvent derrière la caméra, pour filmer des acteurs dont il fera des ersatz de lui-même.

C’est particulièrement flagrant avec Kenneth Branagh, dont les caractéristiques et le jeu d’acteurs sont des copiés-collés de ceux de Woody acteur. En plus jeune, et plus séduisant, donc, mais pas différent pour autant. Ecrivain en panne d’inspiration, quadragénaire qui décide de rompre un mariage trop sage pour renouer avec la passion amoureuse et sexuelle… Un homme à la croisée des chemins que l’on a déjà rencontré dans bien d’autres films d’Allen.

Evocation des affres de la création et du cynisme du show-buisiness, Celebrity offre une vision crue et sans détour du star system, avec une série de portraits bien gratinés : Melanie Griffith en ersatz de Marylin infantile et hyper sexuée, Leonardo Di Caprio en mégastar capricieuse et cocaïnomane, Charlize Theron en icône du sexe se déclenchant un orgasme au moindre contact physique… Des rencontres inoubliables pour le journaliste-écrivain Kenneth Branagh, qui n’a pourtant d’yeux que pour la si belle et si douce Winona Ryder.

Si douce, en apparrence en tout cas. Car cette fable cynique et cruelle révèle en fait autant de personnalités troubles que le star system maintient gentiment mais sûrement en dehors du vrai monde. Mais la critique se fait avec un regard étrangement bienveillant. Ces monstres d’égocentrisme, Woody Allen les aime, finalement. Lui-même, d’ailleurs, n’hésite pas à jouer l’autodérision, comme lorsque ses personnages évoquent la prétention de ces réalisateurs qui ne jurent que par le noir et blanc.

Les comédiens sont formidables dans cette galerie de monstres et de dingos. Et comme souvent chez Woody, la palme revient à Judy Davis, géniale en femme délaissée et trop peu sûre d’elle, qui se résoud à devenir une autre, plus ouverte sur le monde, plus sexuée (irrésistible leçon de fellation), plus apte au bonheur… Pas si facile dans l’univers névrosé de Woody Allen.

Celebrity commence par le tournage d’un film et s’achève par sa projection. Et malgré les rencontres, les aventures, les contretemps, Branagh est toujours là où il était : un spectateur un peu seul, ni plus heureux, ni plus malheureux qu’il n’était. Prêt pour une autre tranche de vie, comme Woody Allen est prêt pour un autre film.

Pauvre petite fille riche (Poor little rich girl) – de Maurice Tourneur – 1917

Posté : 21 novembre, 2014 @ 4:12 dans 1895-1919, FILMS MUETS, PICKFORD Mary, TOURNEUR Maurice | Pas de commentaires »

Pauvre petite fille riche

Après Pride of the Clan, Mary Pickford retrouve Maurice Tourneur, signe que cette première collaboration a apporté toute satisfaction à la jeune star, dont on sait qu’elle aimait avoir la décision finale sur le film… ce qui l’a sans doute privée de nombreuses grandes œuvres : rares sont les cinéastes de la trempe de Tourneur à avoir travaillé avec Pickford.

Et la présence derrière la caméra de Maurice Tourneur change absolument tout : le cinéaste parvient à tirer une oeuvre personnelle d’un scénario (de Frances Marion, « star » des scénaristes, dont la carrière est intimement liée à celle de Pickford) absolument taillé pour l’actrice, une histoire pleine de clichés et d’effets faciles qui ressemble à des tas d’autres films de la « petite fiancée de l’Amérique ».

L’actrice – 24 ans à l’époque – interprète une gamine de… 11 ans avec un naturel troublant. Une enfant élevée dans le luxe mais sans amour. Le genre de thème que Frances Marion adorait, et qui semble au mieux très désuet aujourd’hui. Un peu niais, même, pour être précis.

Et c’est vrai que pendant toute la première moitié, on peine à trouver la patte de Tourneur, qui semble étouffé par le duo Pickford/Marion. Sauf quand même quelques jeux sur les reflets dans les miroirs, ou les vitres qui coupent la jeune héroïne du vrai monde… Quelques images, comme ça, qui nous rappellent la présence d’un grand cinéaste derrière la caméra.

Mais c’est surtout dans la dernière partie que celui-ci s’exprime vraiment. En réservant une large part aux rêves et aux illusions, comme il l’avait fait dans L’Oiseau bleu, Tourneur sort Pauvre petite fille riche de l’anonymat, et signe une oeuvre forte, d’une grande richesse formelle.

Tirer un petit classique inventif et audacieux d’une histoire aussi facile et niaiseuse… Il fallait bien un cinéaste de la trempe de Tourneur père pour parvenir à cet exploit.

• Le film figure sur le coffret consacré à la période muette de Tourneur, édité il y a quelques mois par Bach Films. Avec des copies non restaurées, avec une qualité d’image très inégale, et globalement très médiocre.

Les Brigades du Tigre – de Jérôme Cornuau – 2006

Posté : 21 novembre, 2014 @ 4:08 dans * Polars/noirs France, 2000-2009, CORNUAU Jérôme | Pas de commentaires »

Les Brigades du tigre

C’était l’époque où le cinéma français se mettait, comme Hollywood, à adapter des séries télé : il y a eu Belphégor, Vidocq, Les Chevaliers du Ciel… Et il y a ces Brigades du Tigre, l’exception qui confirme la règle (selon laquelle on a sans doute bien fait de ne pas persévérer dans cette voie) : la seule vraie réussite de cette liste pour le moins imparfaite.

Et c’est vrai qu’il se passe une espèce de miracle avec cette adaptation du feuilleton très vieillôt des 70s, qui évoque la brigade de Clémenceau dans l’immédiat avant-guerre, chargée d’assurer la sûreté de la France dans un contexte international difficile. Car il n’y en a pas beaucoup, des films d’action français qui soutiennent aussi bien la comparaison avec Hollywood. C’est bien comme ça qu’il faut voir ces Brigades du Tigre : comme un pur film de genre, où Cornuau se révèle particulièrement à l’aise avec les nombreux moments de bravoure.

Côté scénario, le film est peut-être trop ambitieux, abordant trop de thèmes qui auraient mérité chacun un long métrage : Valentin et ses flics face à la bande à Bonnot, une magouille internationale autour des emprunts russes, la figure de Jean Jaurès, le poids des anarchistes… Cornuau ne fait pas de choix, et embrouille inutilement son récit. Mais quelle efficacité ! La fin de Bonnot, surtout, laisse absolument exsangue, surtout que cette séquence spectaculaire brouille durablement la frontière entre le bien et le mal.

Bonnot (Jacques Gamblin), terroriste entouré d’authentiques tueurs (en particulier un Thierry Frémont glaçant), révèle in fine sa nature d’amoureux poussé au crime par la société. Quant au commissaire Valentin (Clovis Cornillac, intense), il est un fonctionnaire aux ordres écoeuré par le cynisme de ceux qu’il doit protéger, et révolté par les méthodes de ceux à qui il doit obéir.

Le casting est assez formidable, avec aussi Edouard Baer en flic sanguin et violent, et Olivier Gourmet en ogre pur et naïf, ou encore Diane Kruger en princesse anarchistes, Léa Drucker en pute amoureuse, Gérard Jugnot en commissaire intègre, et Philippe Duquesne à contre-emploi en banquier pourri et promis à une fin peu réjouissante…

Quant à la reconstitution d’époque (celle de 1912), elle est particulièrement séduisante, bien plus efficace dans son classicisme aux effets grandiloquents grotesques de Vidocq par exemple. De quoi faire regretter que ce pendant français aux Incorruptibles (une référence revendiquée par Cornuau) n’ait jamais eu de suite…

Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot) – de Michael Cimino – 1974

Posté : 21 novembre, 2014 @ 4:03 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, CIMINO Michael, EASTWOOD Clint (acteur) | Pas de commentaires »

Le Canardeur

Clint Eastwood, acteur, s’est souvent laissé dirigé par des cinéastes assez médiocres. A l’exception de ses deux grands maîtres, Leone et Siegel, sa filmographie compte remarquablement peu de réalisateurs importants. Un manque, sans doute, lié à une autre caractéristique de la star : sa propension à donner sa chance à de jeunes réalisateurs inconnus, ou à ses fidèles collaborateurs (de Buddy Van Horn à Robert Lorenz, la liste est longue).

Le Canardeur est un film important, parce qu’en donnant sa chance à un jeune scénariste (à qui il confie également l’écriture de Magnum Force), Eastwood permet l’émergence d’un grand cinéaste promi à une carrière aussi cahotique que spectaculaire. On mentirait en disant que ce premier film de Cimino est déjà une oeuvre très personnelle, mais on y trouve déjà plusieurs éléments qui seront au centre de Voyage au bout de l’enfer et de La Porte du Paradis, ses deux monuments : les grands espaces américains, le poids du temps qui passe et pour la tradition qui se heurte à la modernité.

Le film est un véhicule parfait pour un Clint au sommet de sa gloire. Mais c’est aussi l’un des films les plus atypiques de sa filmographie. Pas sûr que beaucoup d’autres stars de sa trempe auraient accepté de laisser le beau rôle à un jeune acteur en plein essor (Jeff Bridges, aussi expensif et plein de vie que Clint est taciturne et taiseux). Pas sûr non plus que beaucoup auraient accepté ce scénario qui tient plus de la virée tragico-loufoque que du film de casse traditionnel…

Car entre Magnum Force et ce Canardeur, il y a un monde. Les deux films, tournés la même année et avec le même scénariste, représentent les deux versants les plus éloignés de la carrière de Clint acteur. D’un côté, une production bien calibrée destinée à satisfaire les studios. De l’autre, un film audacieux, loin des codes, malgré le matériel promo qui a accompagné le film (le titre français ridicule, l’affiche et la bande annonce qui mettent en valeur les rares scènes d’action et ce canon aussi spectaculaire qu’anecdotique).

Le rythme est imparfait, et on couperait bien de trop longs plans de certains séquences, comme celle du casse. Mais le film séduit parce qu’il surprend constamment, avec une intrigue constamment entrecoupée de moments inattendus : la rencontre avec un cinglé tirant les lapins à bout portant, une école que l’on déplace, ou encore cette incroyable séquence durant laquelle les deux méchants sont transformés en marchant de glaces. Un dio « comique » inattendu pour George Kennedy et Geoffrey Lewis, sorte de version létale de Laurel et Hardy.

Avec ce coup d’essai, Michael Cimino est loin de révéler tout ce qui fera la grandeur de ses deux films suivants. Mais il impose un ton d’une grande liberté, loin, très loin du traditionnel film de casse des seventies. Un cinéaste plein d’avenir, donc…

• Carlotta a édité un beau DVD avec quelques bonus intéressants, particulièrement une interview audio de Cimino qui évoque le tournage du film.

Les Choses de la Vie – de Claude Sautet – 1970

Posté : 21 novembre, 2014 @ 3:58 dans 1970-1979, SAUTET Claude | Pas de commentaires »

Les Choses de la Vie

Après une série de polars très influencés par le cinéma américain et très remarqués dans les années 60, Claude Sautet change de style et trouve son propre univers, qui sera celui de tous ses plus grands sucès : une peinture de la petite bourgeoisie avec ses petits drames, ses passions, ses blessures.

Les Choses de la Vie, c’est surtout une construction admirable, autour d’un banal et tragique accident de la route. Sur la route qui le conduit à Rennes, à mi-chemin de ses deux vies, le quadra Michel Piccoli pense aux grands moments de sa vie : son présent avec Romy Schneider, son passé avec Léa Massari et leur fils devenu grand. Incapable de tirer définitivement un trait sur les belles heures d’hier, incapable de se lancer pleinement dans la passion que lui promet Romy… Piccoli est alors dans un entre-deux dont il n’a pas même la volonté de sortir.

Il n’en sortira pas d’ailleurs, on le sait très vite. Car les images de l’accident sont martelées tout au long du film. Un gros plan sur son visage en sang, une roue qui rebondit absurdement sur la chaussée, un volant maculé de terre… Des images comme des réminiscences, ou comme le signal de la tragédie annoncée.

Sautet ne ménage pas Piccoli, le montrant comme un homme continuellement indécis, incapable de s’engager. Un homme capable de la plus grande froideur, plantant la pauvre Romy totalement éplorée sans même un regard. Ce n’est pas tant qu’il hésite entre ses deux femmes, si belles l’une et l’autre. C’est surtout qu’il voudrait tout : l’aventure et la passion avec Romy, le confort et les habitudes avec Léa. L’accident, finalement, sonne pour lui comme la chance de ne pas avoir à choisir.

Mais pour son entourage, pour ses femmes, son fils, son ami (Jean Bouise), il sonne comme un coup de massue, alors que tous espéraient tant de lui. Trop. C’est à eux que va toute la sympathie de Sautet dans ce faux mélodrame dérangeant, et au final bouleversant.

 

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