Le Rendez-vous de Hong Kong (Soldier of fortune) – de Edward Dmytryk – 1955
La même année que La Mousson et sa découverte des mystères de l’Inde, la Fox poursuit son tour du monde en Cinemascope des terres exotiques avec ce Rendez-vous de Hong Kong, qui participe clairement de la même démarche. Dès les premières images, la parenté entre les deux films est évidente, avec ces longs plans dévoilant l’architecture et la vie de Hong Kong.
Le film manque un peu de souffle, mais les images sont belles. Et Smytryk ne se laisse pas tourner la tête par ses moyens, qu’il a gros, et ses décors, qui sont spectaculaires : son film reste focalisé sur son « couple » vedette, Susan Hayward et Clark Gable.
La première est une Américaine qui débarque à Hong Kong pour tenter de retrouver son mari, fait prisonnier en Chine pour avoir voulu y faire un reportage sur le régime en place et les conditions de vie. Le seul qui puisse l’aider est au mieux un aventurier, au pire un gangster (Gable, donc), un homme cynique et sans attache qui, bien sûr, tombe amoureux d’elle.
Le film ne manque pas d’atouts, et parvient à créer une atmosphère très particulière de lieu d’exil. Moins par la richesse des décors que par quelques seconds rôles remarquables. Le policier anglais, un peu transparent (le terne Michael Rennie, également à l’affiche de La Mousson), mais surtout deux personnages qui ne font que de courtes apparitions : cette Européenne entre deux âges, seule et sans avenir, qu’un vieux pilier de bar demande en mariage dans une séquence bouleversante ; et cet ex-général chinois réfugié dans la colonie anglaise, et rattrapé par son passé.
Tous deux sont des nostalgiques, à leur manière, d’un passé douloureux dont on ne saura rien, et s’apprêtent à affronter un avenir incertain. Ils n’ont pas le cynisme de Clark Gable, ou le détachement de ce Français alcoolique et dragueur dont on se demande ce qui l’a amené ici, mais qui affiche une décontraction à toute épreuve, élément comique dans cet univers globalement sombre.
Mais le plus étonnant dans ce film, outre la manière d’évacuer le personnage du mari qui est pourtant le moteur de l’action, c’est sa construction. Et comment le couple improbable formé par Susan Hayward et Clark Gable se révèle central alors que les deux stars n’ont que peu de scènes en communs. Il faut attendre 30 minutes pour que Gable entre en scène, et Susan Hayward disparaît presque totalement de l’action dans la dernière partie du film.
Pourtant, ces deux-là semblent se nourrir l’un l’autre, la présence de l’autre les aidant à se libérer des « prisons » qu’ils se sont construites… Etrange et séduisante manière de filmer la passion et l’espoir qui renaît…
• Le film est édité dans la collection « Hollywood Legends », qui exhume les classiques de la Fox dans des éditions visuellement soignées, mais sans bonus.
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