Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour le 13 novembre, 2014

Macbeth (id.) – d’Orson Welles – 1948

Posté : 13 novembre, 2014 @ 3:21 dans 1940-1949, FANTASTIQUE/SF, WELLES Orson | Pas de commentaires »

Macbeth

N’étant pas un grand connaisseur de l’œuvre de Shakespeare, je me garderais bien d’évoquer les libertés que Welles a apparemment pris avec la pièce, coupant des scènes entières, déplaçant des dialogues… Je me garderais aussi de confirmer que ce Macbeth est pourtant le plus fidèle dans l’esprit à l’œuvre originale.

Tout ce que je peux souligner, par contre, c’est la puissance des images de Welles, et la manière dont le cinéaste, comme l’acteur, semblent totalement habités par le texte de William. Welles choisit de respecter une dramaturgie et même une mise en scène très théâtrale, avec des décors spectaculaires où les personnages entrent et sortent comme sur une scène. La voix off remplace les apartés, mais le procédé est bien là…

Pourtant, ce qui frappe surtout, c’est la force visuelle du film, et à quel point ce Macbeth est une œuvre purement cinématographique, utilisant d’une manière formidablement percutante les gros plans, les jeux d’ombre, les contre-plongées ou le montage pour souligner les tourments de ces personnages malades. Macbeth et Lady Macbeth (formidable Jeanette Nolan), couple dévoré par une ambition sans fin qui les pousse à commettre les pires crimes : régicide, infanticide… Un couple uni dans le crime et le désir, mais que la culpabilité et la folie guettant finira par isoler jusqu’à l’extrême, la caméra ne les filmant plus alors que séparément.

C’est sans doute cet aspect qui a attiré Welles dans ce premier film shakespearien (il enchaînera avec Othello) : le poids de la culpabilité et l’éveil de la conscience, que Welles acteur incarne avec une douleur perceptible absolument sidérante.

Il y a bien quelques longueurs dans la seconde moitié du film (ce qui explique en partie qu’il ressortira deux ans plus tard dans un montage plus court d’une demi-heure, supervisé par Welles lui-même). Mais ce Macbeth est une plongée fascinante et dérangeante dans un esprit malade. Une expérience de cinéma assez sidérante.

Carlotta vient d’éditer un somptueux coffret DVD réunissant les deux films shakespearien de Welles, dans des versions magnifiques, et avec de très nombreux bonus. On y trouve notamment les deux versions de Macbeth (la version intégrale de 1948, celle que j’ai vue, et celle écourtée de 1950), des analyses, documentaires et documents d’époque. Indispensable pour les amoureux de Shakespeare, de Welles, ou simplement du cinéma.

Magic in the Moonlight (id.) – de Woody Allen – 2014

Posté : 13 novembre, 2014 @ 3:07 dans 2010-2019, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Magic in the moonlight

Un an après le magnifique Blue Jasmine, difficile de cacher sa déception durant le premier quart d’heure de ce qui ressemble alors à une petite comédie sans grand relief qui évoque les moments les moins inspirés de la carrière de Woody Allen, lorsque ses obsessions tournaient au rabachage. Et c’est vrai qu’on a l’impression qu’il nous l’a déjà racontée, cette histoire d’un magicien décidé à démystifier une jeune médium dans le Sud de la France des années 20. Lui-même semble à peine y croire, à cette œuvrette plaisante mais étonnamment mécanique…

Et puis il y a cette scène superbe qui donne son titre au film : une nuit d’orage que le magicien (Colin Firth, formidable dans l’excès et dans la sensibilité) passe avec la jeune médium (Emma Stone, bluffante de naturelle) dans un observatoire déserté, et ce plafond qui s’ouvre enfin sur un ciel rempli d’étoile et sur un sublime clair de lune… Magic in the moonlight ! Ce moment de pure poésie correspond, pour le personnage principal, à son ouverture à la vie, au relâchement d’un homme qui accepte de lâcher prise, d’abandonner les règles stricts qu’il s’est imposés toute sa vie.

C’est son point de vue qu’adopte Woody Allen. Et on comprend alors que si la première partie semblait si froide, répondant à une logique trop stricte et évidente de mise en scène, c’est parce que le point de vue est celui d’un homme trop engoncé dans ses certitudes et dans ses stricts codes de conduite. Un homme cynique, si ouvertement rationnel et cartésien qu’il se prive de tout plaisir et de tout bonheur possible.

Dans ce rôle, Colin Firth est formidable, odieux et maladroit, d’un cynisme irrésistible face à la jeune – et pas si innocente ) Emma Stone, mimi minois et vrai tempérament. Est-elle une authentique médium, ou une arnaqueuse ? On sait la fascination qu’a Woody Allen pour les sciences occultes (Alice, notamment), mais malgré les apparences, ce n’est vraiment pas le sujet : juste une métaphore pour souligner l’ouverture à la vie de ce « génie » autoproclamé, totalement incapable d’être ou de rendre heureux.

La légèreté du propos est trompeuse : le film est habité par le poids du temps qui passe et des regrets, par la mort qui guette, et par la nostalgie de ce qui aurait pu être. Mais c’est aussi une vraie comédie à la Woody Allen, peuplée de personnages irrésistibles (le fiancé ridicule, sûr du pouvoir de sa fortune, qui séduit sa belle au ukulélé).

Tendresse et cynisme, humour et romantisme… Magic in the Moonlight aborde un thème pas si éloigné de celui de Blue Jasmine : la chance qui s’offre de sortir de son monde plein de carcans, pour s’ouvrir aux plaisirs simples de la vie. Mais le ton est assez radicalement différent. On sortait du précédent film bouleversé. On sort de celui-ci heureux, avec un sourire grand comme ça, et une larme au coin des yeux…

Le Rendez-vous de Hong Kong (Soldier of fortune) – de Edward Dmytryk – 1955

Posté : 13 novembre, 2014 @ 2:47 dans 1950-1959, DMYTRYK Edward | Pas de commentaires »

Le rendez-vous de Hong Kong

La même année que La Mousson et sa découverte des mystères de l’Inde, la Fox poursuit son tour du monde en Cinemascope des terres exotiques avec ce Rendez-vous de Hong Kong, qui participe clairement de la même démarche. Dès les premières images, la parenté entre les deux films est évidente, avec ces longs plans dévoilant l’architecture et la vie de Hong Kong.

Le film manque un peu de souffle, mais les images sont belles. Et Smytryk ne se laisse pas tourner la tête par ses moyens, qu’il a gros, et ses décors, qui sont spectaculaires : son film reste focalisé sur son « couple » vedette, Susan Hayward et Clark Gable.

La première est une Américaine qui débarque à Hong Kong pour tenter de retrouver son mari, fait prisonnier en Chine pour avoir voulu y faire un reportage sur le régime en place et les conditions de vie. Le seul qui puisse l’aider est au mieux un aventurier, au pire un gangster (Gable, donc), un homme cynique et sans attache qui, bien sûr, tombe amoureux d’elle.

Le film ne manque pas d’atouts, et parvient à créer une atmosphère très particulière de lieu d’exil. Moins par la richesse des décors que par quelques seconds rôles remarquables. Le policier anglais, un peu transparent (le terne Michael Rennie, également à l’affiche de La Mousson), mais surtout deux personnages qui ne font que de courtes apparitions : cette Européenne entre deux âges, seule et sans avenir, qu’un vieux pilier de bar demande en mariage dans une séquence bouleversante ; et cet ex-général chinois réfugié dans la colonie anglaise, et rattrapé par son passé.

Tous deux sont des nostalgiques, à leur manière, d’un passé douloureux dont on ne saura rien, et s’apprêtent à affronter un avenir incertain. Ils n’ont pas le cynisme de Clark Gable, ou le détachement de ce Français alcoolique et dragueur dont on se demande ce qui l’a amené ici, mais qui affiche une décontraction à toute épreuve, élément comique dans cet univers globalement sombre.

Mais le plus étonnant dans ce film, outre la manière d’évacuer le personnage du mari qui est pourtant le moteur de l’action, c’est sa construction. Et comment le couple improbable formé par Susan Hayward et Clark Gable se révèle central alors que les deux stars n’ont que peu de scènes en communs. Il faut attendre 30 minutes pour que Gable entre en scène, et Susan Hayward disparaît presque totalement de l’action dans la dernière partie du film.

Pourtant, ces deux-là semblent se nourrir l’un l’autre, la présence de l’autre les aidant à se libérer des « prisons » qu’ils se sont construites… Etrange et séduisante manière de filmer la passion et l’espoir qui renaît…

• Le film est édité dans la collection « Hollywood Legends », qui exhume les classiques de la Fox dans des éditions visuellement soignées, mais sans bonus.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr