Récit d’un propriétaire (Nagaya shinshiroku) – de Yasujiro Ozu – 1947
Premier film tourné par Ozu après une interruption de plusieurs années due à la guerre, Récit d’un propriétaire est une œuvre au ton singulier, à part dans sa filmographie.
Reprenant sa thématique des Gosses de Tokyo, il signe ce qui ressemble au premier abord à une sorte de farce à la fois tendre et légère. Il y a une vraie dérision presque comique dans la manière dont il filme la cohabitation forcée entre un gamin perdu et l’une des locataires qui l’ont recueilli. Partant à la recherche du père dont on ne sait s’il a perdu ou abandonné son fils, elle tente de le semer pour se débarrasser de cet encombrant cadeau du ciel…
Mais la tendresse et l’amour maternel ne sont jamais loin chez Ozu. Avec même une vraie cruauté, face au sort réservé au gamin, à sa solitude. On se déplace beaucoup dans ce film, on sourit beaucoup, on chante, même, lors d’une soirée entre voisins qui apparaît comme une parenthèse joyeuse et nostalgique. Pourtant, en filigrane, il y a cette évocation d’un Japon qui ne se relève pas encore de la guerre.
Les maisons sont des bicoques perdues dans des terrains vagues, les personnages portent des vêtements élimés, la nourriture est chère et rare, les enfants ne jouent pas aux jeux de leur âge, et les papas sont absents…
Ozu, pourtant, affiche un vrai optimisme dans ce film. Face aux épreuves, la solidarité est certes relative (surtout au début, lorsque chacun se rejette la garde de ce gamin perdu) mais existe bien. Et de cette situation naît une vocation de mère, et l’espoir pour un enfant sans avenir… Une étincelle qui illumine ce film court et précieux.
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