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Archive pour le 7 novembre, 2014

La Tour du silence (Der Turm des Schweigens) – de Johannes Guter – 1925

Posté : 7 novembre, 2014 @ 2:11 dans 1920-1929, FILMS MUETS, GUTER Johannes | 1 commentaire »

La Tour du silence

Réalisé par un pionnier de l’expressionnisme, tombé dans un relatif oubli, La Tour du silence est une curiosité assez loin des sommets de l’expressionnisme allemand. Même si la forme est plutôt soignée, avec l’utilisation de beaux décors radicaux (le désert, l’intérieur bourgeois, ou cette mystérieuse tour qui constitue la porte d’entrée vers l’expressionnisme… les trois décors soulignent à l’extrême la nature de l’environnement), le film est moins basé sur la forme que sur une histoire parfaitement improbable.

Rocambolesque, le film fait intervenir un savant fou, des aventuriers, des trahisons, des vengeances… Pourtant, le scénario est étonnamment pauvre en rebondissements. L’histoire, d’ailleurs, se résume en quelques mots : laissé pour mort dans le désert, un aventurier revient pour découvrir que son ami, qui l’a trahi, a épousé sa fiancée pendant son absence.

Ce qui frappe surtout, c’est à quel point ce film muet est bavard : tout repose sur ce que les personnages ont à raconter, et qui donnent lieu à une série de flash-backs qui font la particularité d’un film où les événements renvoient à un mystérieux passé, comme un éternel recommencement.

On marche totalement, malgré les facilités scénaristiques, à cette Tour du silence, dont certaines séquences, grâce à un montage d’une grande efficacité, sont d’une modernité étonnante.

Rome, ville ouverte (Roma città aperta) – de Roberto Rossellini – 1945

Posté : 7 novembre, 2014 @ 2:08 dans 1940-1949, Palmes d'Or, ROSSELLINI Roberto | 1 commentaire »

Rome, ville ouverte

L’acte de naissance du Néoréalisme, le film qui a bouleversé le cinéma du monde entier (on voit bien ce que la Nouvelle Vague doit au chef d’œuvre de Rossellini), rompant avec les structures narratives et la manière de filmer… Soixante-dix ans après, Rome ville ouverte n’a rien perdu de son incroyable puissance.

A quoi le film la doit-il, cette puissance ? Au sentiment d’urgence, peut-être, qui se dégage de ces images tournées en décors réels et sans fards. Ou alors à ces multiples écueils dans le récit, qui donnent l’impression que le film réagit à la vie qui se déroule devant la caméra, plutôt qu’il n’illustre un scénario conventionnel. Peut-être encore à la frontalité avec laquelle Rossellini filme ses acteurs, accordant la même place à des débutants sans expérience qu’à des vedettes qui se révèlent ici sous un autre jour (Anna Magnani, sublime en femme du peuple révoltée).

Tourné deux mois seulement après la libération de Rome, le film est aussi un témoignage précieux, comme si Roberto Rossellini s’était dépêché de redonner vie à cette période dont les Romains sortaient et qu’ils n’aspiraient qu’à oublier. D’où, peut-être, l’accueil froid réservé au film à sa sortie…

Adoptant un style proche des actualités filmées, Rossellini semble filmer la vie qui s’écoule en temps de guerre, avec ses horreurs, ses peurs, le sentiment omniprésent d’oppression et d’aliénation. En restant constamment à hauteur d’hommes, il nous fait partager les doutes et les espoirs, mais nous plonge aussi au cœur de la haine et de la folie. Qu’est-ce qui est le plus terrible dans ce film ? Voir l’acceptation de sa propre mort à venir dans le regard du prêtre (magnifique Aldo Fabrizi), ou la haine pure, incompréhensible, dans celui de l’officier SS (troublant Harry Feist) ?

Le sentiment d’oppression est omniprésent. Sans montrer grand-chose de la guerre jusqu’à la dernière partie, Rome ville ouverte en fait ressentir toute l’horreur. Pourtant, malgré les morts, malgré l’immense sensation de gâchis humain, le film se révèle étrangement optimiste. Le vainqueur, c’est l’humanité : celle qui se transcende et survit malgré tout au fanatisme, celle des soldats eux-mêmes qui baissent les armes devant le prêtre… Face à la haine, les différences s’estompent, un communiste, un monarchiste et un homme d’église partagent les mêmes convictions profondes… Et une horde d’enfants annonce l’arrivée de jours meilleurs.

Rome ville ouverte est un film révolutionnaire. Mais c’est surtout un chef d’œuvre d’une beauté et d’une force incomparables.

Récit d’un propriétaire (Nagaya shinshiroku) – de Yasujiro Ozu – 1947

Posté : 7 novembre, 2014 @ 2:06 dans 1940-1949, OZU Yasujiro | Pas de commentaires »

Récit d’un propriétaire

Premier film tourné par Ozu après une interruption de plusieurs années due à la guerre, Récit d’un propriétaire est une œuvre au ton singulier, à part dans sa filmographie.

Reprenant sa thématique des Gosses de Tokyo, il signe ce qui ressemble au premier abord à une sorte de farce à la fois tendre et légère. Il y a une vraie dérision presque comique dans la manière dont il filme la cohabitation forcée entre un gamin perdu et l’une des locataires qui l’ont recueilli. Partant à la recherche du père dont on ne sait s’il a perdu ou abandonné son fils, elle tente de le semer pour se débarrasser de cet encombrant cadeau du ciel…

Mais la tendresse et l’amour maternel ne sont jamais loin chez Ozu. Avec même une vraie cruauté, face au sort réservé au gamin, à sa solitude. On se déplace beaucoup dans ce film, on sourit beaucoup, on chante, même, lors d’une soirée entre voisins qui apparaît comme une parenthèse joyeuse et nostalgique. Pourtant, en filigrane, il y a cette évocation d’un Japon qui ne se relève pas encore de la guerre.

Les maisons sont des bicoques perdues dans des terrains vagues, les personnages portent des vêtements élimés, la nourriture est chère et rare, les enfants ne jouent pas aux jeux de leur âge, et les papas sont absents…

Ozu, pourtant, affiche un vrai optimisme dans ce film. Face aux épreuves, la solidarité est certes relative (surtout au début, lorsque chacun se rejette la garde de ce gamin perdu) mais existe bien. Et de cette situation naît une vocation de mère, et l’espoir pour un enfant sans avenir… Une étincelle qui illumine ce film court et précieux.

Mulholland Drive (id.) – de David Lynch – 2001

Posté : 7 novembre, 2014 @ 2:03 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, LYNCH David | Pas de commentaires »

Mulholland Drive

Rêves insouciants et cruelles désillusions dans la Cité des Anges… Lynch s’attaque à la machine à rêve dans ce cauchemar éveillant fascinant et mystérieux.

Qui est cette brune brûlante et amnésique, beauté revenue de tout qui manque de se faire assassiner sur Mulholland Drive avant de rencontrer la blonde pure et innocente destinée à une grande carrière d’actrice ? Quel est le mystérieux lien qui unit ces deux jeunes femmes que tout oppose, deux versants opposés d’un même rêve hollywoodien ?

Tout au long des deux premières heures, on ne peut qu’accumuler les questions sans réponse, et se laisser envoûter par les images hypnotiques d’une élégance folle, et par la musique voluptueuse d’Angelo Badalamenti, par cette étrange quête d’identité entrecoupée de scènes fascinantes qui semblent sans rapport avec l’histoire des deux jeunes femmes (les deux hommes qui viennent affronter les rêves de l’un d’eux dans un coffee shop, la mauvaise passe d’un réalisateur confronté au fiasco de sa vie professionnelle et de son couple), et par la troublante attirance des deux héroïnes (Laura Harring et Naomi Watts, révélée par ce film).

Lynch s’amuse à nous promener dans cet Hollywood de rêve et de carte postale, mais dont les routes sinueuses (ce fameux Mulholland Drive qui serpente dans les hauteurs de Los Angeles) conduisent directement au cauchemar. Sans que l’on comprenne réellement tout ce qui se passe à l’écran, mais qu’importe : c’est le plaisir de cinéma le plus total, le plus absolu, que Lynch nous offre. Comme pour Twin Peaks ou Lost Highway, ses deux chef d’œuvre, Lynch signe un film sensoriel, trip enthousiasmant et fascinant.

Curieusement, et contrairement aux deux précédents films, les dernières minutes soulèvent les nombreuses zones d’ombre, et donnent les clés (littéralement) de tout ce qui précède. Mais à rendre son film plus explicite, plus compréhensible, Lynch gâche un peu le plaisir trouble et dérangeant. Surtout que l’explication, même si elle révèle les déceptions à la hauteur de leurs rêves de ces starlettes en quête de gloire de cinéma, n’est pas tout à fait à la hauteur du trip magnifique des deux premières heures de ce projet pensé pour être le point de départ d’une série TV à la Twin Peaks, et devenu un grand film lynchien, inoubliable.

La Mousson (The Rains of Ranchipur) – de Jean Negulesco – 1955

Posté : 7 novembre, 2014 @ 1:58 dans 1950-1959, NEGULESCO Jean | Pas de commentaires »

La Mousson

Au moins, dès les premières images, on voit ce qui a poussé les studios (la Fox en l’occurrence) à produire ce remake de l’excellent « film catastrophe » de Clarence Brown, avec Tyrone Power : avec ce Cinemascope qui n’en finit pas de s’étirer, et les couleurs vives du Technicolor, cette Mousson deuxième version rompt radicalement, dans la forme en tout cas, avec le noir et blanc et le format traditionnel du film des années 30.

Cette volonté est clairement affichée : avant même de voir les personnages apparaître, de longs plans spectaculaires s’enchaînent, plantant le décor exotique de Ranchipur, « petite » province à l’échelle grandiose de l’Inde, où les traditions ancestrales et les différences de castes semblent toujours très vivaces. Les images sont belles et impressionnantes, et suffisent, en quelques minutes, à faire naître l’excitation. Car si on a vu le film de Clarence Brown, on sait que cette histoire d’amour inattendue entre une Américaine trop riche et trop égoïste et un médecin indien totalement dévoué aux autres, sera marquée par une catastrophe naturelle particulièrement destructrice, qui constituera le sommet du film.

Et Jean Negulesco a visiblement les moyens de ses ambitions, mettant en scène des centaines de figurants pour les seules séquences d’exposition. Eh bien cette séquence de destruction massive tient ses promesses. Les effets spéciaux ont certes un peu vieilli, mais le montage soudain frénétiques, la lumière crépusculaire, et cette manière d’associer le spectaculaire à l’intime sont particulièrement réussis.

Le passage réellement spectaculaire dure à peine plus de cinq minutes, mais il dramatise efficacement le destin de tous ces personnages qui se croisent depuis le début du film. Le problème, c’est que ce début est un peu long : il faut attendre 70 minutes (dans un film qui en dure 100) pour rompre avec le romantisme un peu mièvre qui était en place. Peut-être est-ce dû à la prestation un peu too much de Lana Turner et à celle de Richard Burton qui semble étrangement figé sous les fards du médecin indien… En tout cas l’histoire d’amour au cœur du film laisse de marbre, et fait regretter le couple Tyrone Power-Mirna Loy du film original.

Beaucoup plus réussi : le personnage du mari humilié (Michael Rennie), ou celui de l’exilé qui se réfugie dans l’alcool (Fred MacMurray), deux personnages secondaires autrement plus intéressants, mais trop en retrait.
Tous deux auront droit à de belles scènes dans la dernière partie du film, plus intense, plus complexe, plus aboutie. Un beau mélodrame en demi-teinte, qui donne furieusement envie de revoir La Mousson version 1939.

• Le film est édité dans la collection « Hollywood Legends », qui exhume les classiques de la Fox. Une édition visuellement soignée, mais sans bonus.

 

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