Pour toi j’ai tué (Criss Cross) – de Robert Siodmak – 1949
Trois ans après Les Tueurs, son tout premier film, Burt Lancaster retrouve Siodmak pour ce « film jumeau » qui permet au duo d’explorer des thèmes similaires, sur une histoire aux multiples points communs. Dans les deux cas, un homme sans histoire est amené à participer à un braquage avec des gangsters « professionnels », parce qu’il est tombé amoureux de la mauvaise femme…
Dans les deux cas aussi, Siodmak réserve une large part aux flash-backs. Avec une différence de taille quand même : dans Criss Cross, contrairement au précédent film où les allers-retours entre passé et présent étaient nombreux, il n’y a qu’un long flash-back (avec un flash-back dans le flash-back). Cela peut sembler anodin, mais le ton du film s’en trouve chamboulé : ce choix fait du film une spirale infernale vers les abîmes, pour le personnage joué par Lancaster.
Cette spirale, c’est celle de la fascination et de la dépendance qu’il ressent pour la « femme fatale », nettement plus complexe et fascinante que la Ava Gardner des Tueurs. Actrice sublime trop souvent oubliée, Yvonne de Carlo trouve l’un de ses plus beaux rôles, jeune femme marquée par le destin et par le désir trop grand de garder la tête hors de l’eau…
Dès les premières images, on sait que l’amour que ces deux-là se portent, si sincère et complexe soit-il, est voué à l’échec et à la tragédie. Car il y a un troisième personnage dans cette histoire d’amour, de passion et de désir sexuel : le gangster, joué par le toujours formidable Dan Duryea, bouffé par la jalousie et la dépendance pour cette femme trop belle…
Moins célébré que Les Tueurs, Criss Cross est un chef d’œuvre pourtant aussi réussi, et peut-être plus riche encore. Et la dernière image, sublime et déchirante vision d’une « pieta », presque fugitive mais inoubliable.
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