Sabotage (id.) – de David Ayer – 2014
Après Le Dernier Rempart, Arnold Schwarzenegger confirme avec Sabotage sa volonté manifeste de revenir à l’écran sans oublier les dix ans qui ont passé depuis sa « précédente carrière ». A 65 ans bien tapé, Schwarzie ne peut plus guère espérer être crédible en gros bras dézinguant à tout va. Alors le voilà en gros bras vieillissant dézinguant à tout va. Version moins cartoonesque et plus âpre, en choisissant des cinéastes capables de donner corps à ce désir d’intensité sans doute lié à son âge.
C’est donc à David Ayer qu’il fait appel, cinéaste très en vogue qui a mine de rien donné un coup de fouet au « film de flic urbain » en lui apportant un réalisme, une tension et une violence extrême… ainsi qu’un style caméra à l’épaule systématique hyper efficace mais un rien agaçant. Mais comme Kim Jee-won, pour le grand film de son retour, n’avait pas retrouvé la magic touch de ses films coréens, Ayer semble ici trop désireux de reinventer l’image de Schwarzenegger, comme il l’a dit à longueur d’interview.
Alors oui, Sabotage est loin, très loin de End of Watch, le précédent film du cinéaste à l’intensité hallucinante. On reconnaît bien la patte de Ayer, son réalisme extrême lorsqu’il filme des opérations de police, et l’impact de ses scènes de violence. Et Sabotage ne manque pas de qualités, avec sa manière plutôt originale de revisiter la trame des Dix Petits Nègres… ou de Predator.
On aurait aimé d’ailleurs que le film aille plus loin dans ce parallèle avec le chef d’œuvre de McTiernan, que Ayer, également co-scénariste, se concentre totalement sur ce jeu de massacre en remplaçant l’alien par les cartels, et la jungle par les bas-fonds urbains. Et le film fait illusion dans les premières scènes : dans le fourgon qui emmène ces agents de la DEA hyper-entraînés en opération, les vannes graveleuses et les démonstrations de virilité démesurée rappellent celles de Dutch et de ses hommes dans l’hélicoptère qui les mène au cœur de la jungle…
Mais rapidement, Ayer s’amuse à brouiller les pistes, transformant la virée glauque et violente en en jeu de faux semblants avec lequel il est nettement moins à l’aise. Au point de nous laisser totalement perplexe, jusqu’à une dernière séquence sombre et westernienne plutôt bien troussée. En demi-teinte, donc, mais le noir sied bien au Schwarzenegger nouvelle génération. De quoi laisser pas mal d’espoir pour les années à venir… si le « tunnel » rétro (le nouveau Terminator dont il vient de finir le tournage, ses probables suites, et le nouveau Conan) ne lui prennent pas tout son temps…
• DVD chez Metropolitan, avec un documentaire promotionnel qui donne la parole à toute l’équipe du film. Très pros comme toujours à Hollywood, acteurs et réalisateur disent beaucoup de bien les uns des autres, et cherchent à donner un message au film. Au menu aussi, près d’une demi-heure de scènes coupées et une fin alternative.
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