Noé (Noah) – de Darren Aronofsky – 2014
On croyait le « film biblique » définitivement mort et enterré depuis les années 60. Et à vrai dire, on ne trouvait personne pour le regrette vraiment, jusqu’à ce que Darren Aronofsky, doppé par les succès publics et critiques de ses précédents films (The Wrestler et Black Swan) ne décide de réaliser ce rêve que, paraît-il, il portait en lui depuis des années ?
Le résultat est plutôt réussi. Très efficace en tout cas : l’histoire de Noé, choisi par Dieu pour sauver les différentes espèces animales du déluge, déclenché pour punir l’homme de ses péchés, donne lieu à une épopée très spectaculaire et à des batailles dantesques dans la lignée du Seigneur des Anneaux. Mais c’est tout le problème : le cinéaste a beau répéter que ce film est un projet très personnel, le résultat est lui parfaitement anonyme. Efficace, oui, mais exactement de la même manière que toutes les grandes épopées depuis la trilogie de Peter Jackson, et avec une esthétique qui ressemble à s’y méprendre à à peu près tous les films en costumes depuis Gladiator…
Et la présence de Russell Crowe ne fait rien pour arranger les choses : difficile de ne pas penser au film de Ridley Scott, tant Aronofsky semble lui emprunter. L’acteur est d’une belle intensité, comme toujours, mais le rôle n’apportera pas grand-chose à sa gloire, tant il se révèle sans surprise. L’idée la plus forte du film (Noé doit-il tuer sa propre descendance pour s’assurer que l’espèce humaine ne survivra pas ?) aboutit très exactement aux retournements que l’on attend depuis le début, et tourne même au préchi-précha religieux assez indigeste.
On sauvera quand même le rôle du grand méchant (joué par Ray Winstone), absolument horrible, mais terrorisé à l’idée de sa propre disparition. A peu près le seul personnage vraiment étonnant, beaucoup d’autres étant franchement sous-utilisés (celui de l’épouse jouée par Jennifer Connelly).
Alors on voit cette trop grosse entreprise sans déplaisir (le cinéaste a un savoir-faire évident), mais avec l’impression tenace d’avoir déjà vu ça dix fois, et que le film, contrairement à son personnage principal, manque cruellement d’ambition, et d’une vision.
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