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Loulou (Die Büsche der Pandora) – de Georg Wilhelm Pabst – 1929

Classé dans : 1920-1929,FILMS MUETS,PABST Georg Wilhelm — 3 novembre, 2014 @ 18:03

Loulou

Le film le plus célèbre de Pabst, celui qui a fait de Louise Brooks l’un des grands mythes du 7ème Art, est bien à la hauteur de sa réputation. On s’en rend compte en particulier dans une merveilleuse séquence pleine de vie dans les coulisses d’un music-hall, où les personnages se croisent dans une apparente légèreté donnant l’impression d’être en dehors du monde. Mais cette insouciance folle se fige soudain sur un regard trop appuyé et plein d’un mélange de désir et de furie sur Loulou, comédienne avide de liberté.

Le film est à l’image de cette jeune femme trop belle et trop libre, totalement incapable de vivre en réfrénant ses passions et ses désirs, et qui sera la source de beaucoup de malheurs. Dans cette société gangrénée par ses carcans.

Est-elle une manipulatrice sans âme ? Ou une innocente trop pure pour voir les conséquences de ses actes ? Quoi qu’il en soit, Loulou, malgré son comportement parfois égoïste et son désir plus fort que tout de profiter de la vie, et même si elle n’hésite jamais à utiliser à son avantage l’attraction qu’elle exerce chez les hommes (comme chez les femmes d’ailleurs : Pabst évoque l’homosexualité féminine avec une liberté loin des caricatures habituelles) paraît souvent être la plus humaine de tous, dans cet univers dominé par l’ambition personnelle et le cynisme.

Trouble, le film met en scène des personnages particulièrement riches et complexes, à l’image de cet étrange vieillard au sourire carnassier dont on ne sait pas trop s’il s’agit de l’amant de Loulou, de son mac, de son père ou de son souteneur. A moins qu’il s’agisse d’un peu de tout ça à la fois : ce n’est pas du côté de la bonne morale catho bon ton qu’il faut chercher un sens à ce film, encore moins à ces personnages.

Loulou est un personnage tragique, enfermé dans une époque qui n’est pas pour elle. Sa soif de liberté aura des effets dévastateurs : la mort du père, la déchéance du fils pris en flagrant délit de triche… autant de moments tragiques que Pabst filme avec puissance incroyable.

Le cinéaste est très à l’aise avec les abîmes. La séquence où le fils, qui a tout perdu, erre dans les rues d’un Londres baigné de brumes, côtoyant des laissés pour compte le soir de Noël, est déchirante. « Personne ne peut m’aider » dit-il à une jeune femme au visage d’ange qui lui tend la main.

Il y a, omniprésente, la conscience du destin implacable. C’était déjà le cas du père qui, avant lui, clamait qu’il signait son arrêt de mort en épousant Loulou. Et lorsqu’il le disait, on ne doutait pas une seconde qu’il disait vrai.

En filigrane,  c’est un portrait de l’Allemagne de 1929 que filme Pabst, marqué par la décadence d’une classe et par la crise qui conduira le pays au chaos. Sombre et pessimiste, son film bouscule, et évite toute concession. Il sera d’ailleurs interdit en Allemagne, où il ne sera vue que bien après la guerre.

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