Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour octobre, 2014

L’Arnaque (The Sting) – de George Roy Hill – 1973

Posté : 15 octobre, 2014 @ 1:36 dans 1970-1979, HILL George Roy, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

L'Arnaque

Après le western, le film de gangster. Cinéaste attitré de Paul Newman et Robert Redford, qu’il a été le seul à réunir, et qu’il a également dirigé seuls (La Kermesse des aigles pour Redford, La Castagne pour Newman), George Roy Hill reforme le tandem mythique de Butch Cassidy et le Kid, et l’alchimie entre ces deux-là est toujours aussi magique… lorsqu’ils sont effectivement réunis à l’écran.

C’est l’une des deux grandes limites du film : Redford et Newman ont bien quelques scènes en commun, mais la plupart du temps assez anecdotiques. Les moments les plus forts du film ne reposent quasiment jamais sur la complicité manifeste des deux stars, mais sur l’un ou l’autre, alternativement. Le tandem semble ainsi se passer le relais à plusieurs reprises tout au long du film, plutôt que vraiment se donner la réplique.

L’autre limite, c’est l’application extrême que met Hill à recréer l’époque des années 30. La reconstitution est belle, bluffante même. Les décors et les costumes sont parfaits, les personnages semblent bel et bien sortis d’un film de gangster des années 30, et une musique bien d’époque omniprésente souligne le moindre rebondissement. Mais tout cela paraît hyper soigné, et manque tellement de vie. Le découpage en chapitres semble n’exister que pour préciser que tout cela n’est qu’un grand livre d’images. Un pastiche appliqué, l’œuvre d’un réalisateur qui l’a toujours été, appliqué, mais sans une vraie personnalité.

Cela dit, cette immense arnaque à tiroirs et pleine de faux semblants, que n’aurait pas renié David Mamet, reste un film léger et profondément réjouissant. Et on prend un plaisir fou à voir les deux stars monter leur arnaque et tromper leur monde. Et nous tromper nous-mêmes, spectateurs et victimes consentantes. Un plaisir frustrant certes, mais un plaisir gourmand quand même…

Tout le monde dit I love you (Everyone says I love you) – de Woody Allen – 1996

Posté : 15 octobre, 2014 @ 1:33 dans 1990-1999, ALLEN Woody, COMEDIES MUSICALES | Pas de commentaires »

Tout le monde dit I love you

Woody Allen semble réaliser un rêve de gosse avec SA grande comédie musicale, hommage sincère et joyeux au genre et à un Hollywood disparu depuis longtemps (il évoque aussi en passant son idole de toujours, Groucho Marx, dans une séquence déjà culte). Loin d’être un simple pastiche, ce film magique au titre impossible est un authentique musical où les personnages se mettent régulièrement à danser et chanter.

Un vrai tour de force pour des comédiens qui ne sont pas doublés, et qui n’ont rien de chanteurs professionnels. Mais qu’ils aient un beau grain de voix (Edward Norton), ou qu’ils chantent comme mon beau-frère sous sa douche (Julia Roberts), il y a quelque chose de rafraîchissant et d’émouvant à la fois, à les voir se livrer d’une manière aussi intime : lorsqu’ils chantent ou dansent, ces stars habituées à contrôler leur image semblent d’une sincérité troublante.

Woody Allen lui-même paraît se livrer plus encore que d’habitude, dans ce qui est peut-être, derrière l’apparente légèreté du ton, le plus nostalgique de tous ses films. « Il est plus tard qu’on ne croit » clame-t-il régulièrement, soulignant le temps qui s’écoule inexorablement, rythmant les saisons et la vie qui s’écoulent inexorablement dans cette famille recomposée comme Woody Allen les aime, dont le bel équilibre est chamboulé par l’irruption de l’amour sous toutes ses formes, passionnée, compliquée, inattendue.

Les saisons qui passent et que Woody Allen filme comme des personnages à part entière, à la personnalité bien marquée : un hiver sur les quais de Paris, un printemps dans les rues de New York, un été sur les canaux de Venise… On se croirait dans des décors de cartes postales, comme des images très fortes dont on sait lorsqu’on les vit qu’elles resteront gravées à jamais dans les mémoires.

C’est là que le film est le plus beau : dans sa capacité à mettre en valeur ce qui restera de souvenirs, les grands moments de la vie. Dans ce film chorale, qui met en scène une bonne vingtaine de personnages, on a un vrai faible pour Woody lui-même et son ex Goldie Hawn, dont il est séparé depuis des décennies, et avec qui il entretient une belle amitié.

Mais entre ces deux-là restent les souvenirs communs de la passion qu’ils ont partagée. Et cela donne l’une des plus belles séquences de tout le cinéma allenien : une danse magique (dans tous les sens du terme) sur les quais déserts de la Seine, la nuit de Noël, au cours de laquelle les deux anciens époux se laissent aller à une douce nostalgie. Cette séquence est d’une délicatesse infinie, d’une grande virtuosité, et d’une beauté renversante.

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