3000 dollars mort ou vif (Four faces West) – de Alfred E. Green – 1948
Un braqueur de banque qui rembourse le montant de son butin. Joel McCrea traversant le désert à dos de bœuf, ou prenant la fuite au côté d’une femme qu’il aime. Le même fuyard prenant le temps de s’arrêter pour aider une famille souffrant de diphtérie, dans une séquence très émouvante. Pas un seul coup de feu du début à la fin…
Pas de doute, Four Faces West est un western hors du commun, qui s’évertue à multiplier les surprises et les contre-pieds à tous moments. A commencer par le choix du héros : un braqueur de banque, dont on sait qu’il a des raisons très louables certes, mais un braqueur tout de même. Formé au temps du muet (il fut l’un des réalisateurs aux ordres de Mary Pickford), Alfred E. Green signe l’un des westerns les plus curieux de la décennie.
Quel dommage quand même que ‘image soit aussi terne. Pourtant photographié par Russel Harlan, prestigieux chef op de La Rivière Rouge de Hawks, le film a des allures de téléfilm des années 50, l’image manquant constamment de profondeur. Un choix curieux, compensé par le travail de Green, qui excelle à mettre en scène des personnages inattendus et passionnants.
Le trio que forme dans la première partie le braqueur, l’infirmière et « l’ange gardien », d’abord trouble (un visage de fourbe dont on s’attend à ce qu’il soit le traître de service, mais à contre-emploi, Joseph Calleia est formidablement utilisé), est assez génial. Et les regards que les uns se jettent aux autres lors du voyage en chariot, lourd en significations.
On pourrait citer aussi l’utilisation maligne et originale de la figure de Pat Garrett, généralement réduit à sa fonction de tueur de Billy le Kid, et qui prend ici une toute autre dimension. Imparfait et parfois frustrant, Four Faces West reste un western jouissif et totalement à part dans la longue et riche histoire du genre.
• DVD dans la collection Westerns de Légende chez Sidonis, avec présentations par Bertrand Tavernier, Yves Boisset et Patrick Brion
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