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Archive pour le 26 août, 2014

Printemps tardif (Banshun) – de Yasujiro Ozu – 1949

Posté : 26 août, 2014 @ 4:06 dans 1940-1949, OZU Yasujiro | Pas de commentaires »

Printemps tardif

L’attachement à la figure du père est une nouvelle fois au cœur de ce film d’une beauté à la fois simple et déchirante du grand Ozu. Avec, déjà, Chishu Ryû et Setsuko Hara, les futurs interprètes de Voyage à Tokyo, respectivement père veuf et vieillissant, et fille trop attachée à la vie avec lui pour envisager sereinement de se marier… Rien de plus : juste les quelques mois qui séparent l’enfant de la femme, et la difficulté de rompre ce lien filial qui suffit au bonheur de la jeune femme…

Ce n’est que le troisième film d’Ozu depuis la longue interruption durant la guerre. Le Japon qu’il y montre n’est plus tout à fait le même que lors de ses débuts. La tradition est toujours là : les rituels du thé et (et surtout, ici) du saké sont plus importants que jamais, dans ces intérieurs qui semblent ne porter aucune trace de la décennie qui vient de s’écouler. Mais rien n’est plus tout à fait comme avant. Des publicités pour Coca, des panneaux de circulation en miles, des enfants qui jouent au base-ball, des voitures américaines qui conduisent des mariées très traditionnellement vêtues, et puis des divorces et des remariages, qui ne choquent plus grand monde…

C’est un pays en pleine mutation que filme mine de rien le cinéaste, à travers le portrait de cette jeune femme elle aussi à la croisée des chemins. Une jeune femme qui n’aspire qu’à conserver, ou retrouver, l’harmonie de son enfance. Au détour d’un dialogue, et malgré le sourire éclatant qu’elle arbore constamment, en tout cas dans la première partie du film, Ozu nous glisse à l’oreille qu’elle a été malade, peut-être gravement, souffrant vraisemblablement des privations de cette guerre qu’on n’évoque qu’avec une légèreté apparente. Est-ce pour cela qu’elle est la dernière de ses camarades de lycée à se marier, certaines de ses amies ayant déjà quatre enfants, d’autres en étant à leur deuxième mariage…

L’arrière-plan historique n’est pas anodin. Pourtant, c’est une histoire universelle qu’Ozu raconte : celle d’un père et de son enfant à l’aube de l’âge adulte. Et on sent bien l’admiration qu’a Ozu (qui, lui, n’a jamais quitté le foyer parental) pour ce père, dont il fait un homme totalement tourné vers le bonheur de sa fille, feignant une quasi-indifférence à l’idée de son départ. Parfois un peu maladroit, lorsqu’il suit les conseils de sa sœur (ou est-ce sa belle-sœur ?) pour inciter sa fille à se marier. Parfois presque comique, lorsqu’il tente d’interroger sa fille sur ses relations avec un jeune homme. Et puis soudain bouleversant et héroïque lorsque, le devoir accompli, il se retrouve seul…

Avec cette histoire d’une simplicité confondante, Ozu signe un film superbe et plein de vie. Des petits riens du quotidien, le cinéaste fait des moments forts et intenses. Comme souvent dans son cinéma, l’émotion émerge de recoins totalement inattendus. Un plan sur le père et la fille assistant à une représentation de théâtre nô, le regard du père face au fou-rire de sa fille, une intimité qui se noue autour d’une table basse… Et derrière tout ça, l’imminence du départ, inéluctable et déchirant.

• Le film figure dans le coffret que Carlotta a consacré à Ozu, avec quatorze de ses films.

Un jour sans fin (Groundhog Day) – de Harold Ramis – 1993

Posté : 26 août, 2014 @ 4:01 dans 1990-1999, FANTASTIQUE/SF, RAMIS Harold | Pas de commentaires »

Un jour sans fin

Avec Un jour sans fin, devenu une sorte de référence incontournable depuis sa sortie assez discrète en salles, Harold Ramis avait réussi un petit miracle, qu’il ne réitérera jamais vraiment. Ancien acteur (il était l’un des chasseurs de fantômes de Ghostbusters) devenu réalisateur de comédies sympathiques, Ramis n’est pas ce qu’on appelle un auteur, même si la réussite incontestable de ce film a fondé quelques espoirs, entretenus un temps par son film suivant, Multiplicity. On peine d’ailleurs à parler d’un authentique style dans ce film vif mais visuellement plutôt anonyme.

Mais l’intelligence du scénario, combinée à une mise en scène très fluide, à la personnalité unique de Bill Murray (son ancien complice chasseur d’ectoplasmes, dont le cynisme lunaire et la façon qu’il a de sembler être constamment ailleurs font merveille.), et à ce petit éclat magique qu’on explique pas vraiment, font de Groundhog Day un pur plaisir de cinéma.

L’histoire, originale et pleine de promesses, était aussi particulièrement casse-gueule : cette petite vedette de télévision, absolument détestable, chargé d’aller « couvrir » le jour de la marmotte, une tradition hivernale et ancestrale, dans une petite ville « de ploucs », et qui revit indéfiniment le même jour sans jamais pouvoir passer au lendemain… Le risque était grand de tomber dans la redite en racontant toujours la même journée, tout comme il était osé de faire du personnage principal un être méprisant et absolument pas aimable.

Ce deuxième écueil est balayé par le génie de Bill Murray. Détestable, mais hilarant, il interprète la face sombre de monsieur tout le monde. Un vrai sale type, imbus de lui-même et méprisant le monde entier, un homme seul qui mettra longtemps à comprendre que c’est une nouvelle chance qui lui est offerte par cette curieuse faille temporaire. Et puis, il faut reconnaître que, lorsqu’il méprise ceux qu’il croise, un ancien camarade de classe qu’il a chassé de sa mémoire ou la vieille patronne d’une maison d’hôte, Murray est à pleurer de rire. Passant du dédain au désespoir, de l’enthousiasme au sardonique, il est assez exceptionnel.

Il y a bien un petit ventre creux, une petite demi-heure durant laquelle le film ronronne un peu. Mais Groundhog Day s’impose tout de même comme le digne rejeton du cinéma de Capra. On pense surtout à La Vie est belle, dont le film est une sorte de version modernisée. L’élément fantastique y est utilisé de la même manière, pour décrire le long parcours intérieur d’un personnage qui se sent coincé dans un bled qu’il rêve de pouvoir quitter, avant de réaliser que ces ploucs qui l’entourent sont des gens simples et chaleureux.

Extrêmement malin, le scénario utilise toutes les possibilités de son parti-pris de base, en évitant constamment toute impression pesante de répétition. Ajoutez à cela un humour politiquement incorrect (bien rattrapé par la morale du film) et une interprétation parfaite (Andie MacDowell est charmante, et Michael Shannon tenait là l’un de ses premiers tout petits rôles), et vous obtenez une réussite miraculeuse.

 

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