Play it again, Sam

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Archive pour le 20 août, 2014

C’est pour toujours (Now and forever) – de Henry Hathaway – 1934

Posté : 20 août, 2014 @ 3:18 dans 1930-1939, COOPER Gary, HATHAWAY Henry | Pas de commentaires »

C’est pour toujours

Sous des allures de petite comédie sans prétention, avec les plus grandes stars de l’époque (Gary Cooper et Carole Lombard qui tentent d’élever Shirley Temple, pas mal quand même), Now and forever est un film sombre, cruel et bouleversant. Particulièrement osé aussi : Cooper, immense, interprète un arnaqueur totalement inconséquent, qui mène la grande vie avec sa nouvelle femme (Carole Lombard, donc), accumulant des ardoises gigantesques dans les plus beaux hôtels du monde sans avoir un sou. Un aventurier plutôt sympathique, somme toute, mais qui décide de prendre sous son aile la fille qu’il a eue d’un précédent mariage, et dont il ne s’était jamais occupé.

Bien sûr, il y a les moues irrésistibles de Shirley Temple, la plus grande enfant star de toute l’histoire du cinéma. Il y a son naturel incroyable, et le regard plein d’amour que lui porte son père de cinéma. Il y a aussi l’effet profondément salutaire que la petite fille a sur ce père sans scrupule et sur son couple en danger.

Henry Hathaway sait donner de la légèreté à son récit, lorsqu’il filme une famille en train de se construire.
Mais le cinéaste est autrement plus percutant lorsqu’il révèle la profonde noirceur de ses personnages. Gary Cooper mentant ouvertement à sa fille donne lieu à une scène absolument déchirante. En s’attachant au visage de l’acteur, le cinéaste souligne sans grandiloquence mais avec une efficacité incroyable la culpabilité qui ne finira plus de ronger le personnage.

Plus qu’un film sur la famille (Carole Lombard n’a qu’un rôle de soutien, et Shirley Temple est avant tout une image idéale), Now and forever est l’histoire d’un homme qui peine à entrer pleinement dans la vie d’adulte. Un être qui ne trouve pas le courage d’assumer ses responsabilités, et qui trouve plus facile de perdre tout ce qui compte à ses yeux, quitte à en payer le prix fort.

• Universal vient d’éditer le DVD du film, à petit prix et sans le moindre bonus.

L’Aventure est à l’Ouest (The Great Sioux Uprising) – de Lloyd Bacon – 1953

Posté : 20 août, 2014 @ 3:14 dans 1950-1959, BACON Lloyd, WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Aventure est à l'Ouest

Le plus Indien des acteurs américains, Jeff Chandler, une nouvelle fois dans un western pro-Indien. Mais cette fois, l’inoubliable interprète de Cochise (dans trois films, notamment le sublime La Flèche brisée), trouve un rôle de blanc, semblable à celui que tenait James Stewart dans le film de Delmer Daves. Il y est plutôt à l’aise d’ailleurs, imposant une présence incontestable malgré les faiblesses du scénario, comme de la mise en scène, qui prend parfois des raccourcis étonnants : sa première apparition, traversant sans raison un village indien en pleine crise, a quelque chose de vaudevillesque franchement surprenant.

Il y a bien d’autres ratés qui plombent un peu le film : la relation amoureuse entre la belle (Faith Domergue) et le méchant (Lyle Bettger) passe complètement à la trappe, la lâcheté des petits éleveurs est aussi un thème qui aurait mérité d’être mieux développé… De la même manière, le sacrifice ultime d’Ahab (sympathique présence de Peter Whitner, citant constamment la bible) est expédié avec une nonchalance impardonnable.

Mais le film ne manque pas d’intérêt et reste plutôt sympathique même s’il manque franchement de souffle : Lloyd Bacon n’est sans doute pas le plus grand cinéaste lorsqu’il s’agit d’insuffler une dimension épique. Il y a d’autres atouts : la qualité de l’interprétation notamment, mais aussi et surtout un aspect constamment répétitif assez fascinant. Le film semble en effet être une succession de scènes qui se renvoient les unes aux autres : les vols de chevaux, les efforts constants de Jeff Chandler pour maintenir la paix, constamment contrariés par les méfaits de Lyle Bettger… Ces répétitions soulignent la fragilité de la paix, l’absurdité des conflits qui font rage ou qui couvent, et la rage étouffée du peuple indien spolié de tout.

A défaut d’être un grand film, L’Aventure est à l’Ouest est un western original, et d’une sincérité touchante.

• DVD dans la collection Western de Légende chez Sidonis, avec une présentation par Patrick Brion, et le documentaire consacré à l’histoire du western présent sur plusieurs DVD de la collection.

Three days to kill (id.) – de McG – 2014

Posté : 20 août, 2014 @ 3:10 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ACTION US (1980-…), COSTNER Kevin, McG | Pas de commentaires »

Three days to kill

Le bon côté d’abord : ça fait plaisir de retrouver Kevin Costner en tête d’affiche. Requinqué par le succès de la formidable mini-série Hatfield & McCoys et par ses seconds rôles remarqués dans Man of Steel et The Ryan Initiative, celui qui fut la plus grande star du début des années 90, celui à cause de qui des avocats et des huissiers s’appellent Kevin, aujourd’hui en France, Costner a droit à un action movie taillé pour lui par un Luc Besson qui tente de renouer avec lui les succès qu’il a connu avec Liam Neeson (Taken 1, 2, 3…).

Evidemment, ça, ce n’est pas une bonne nouvelle. Autant on peut saluer l’ambition de Besson réalisateur, autant Besson scénariste s’apparente à une photocopieuse doublée d’une machine à faire du cash. Avec Three days to kill, ce sont donc strictement les mêmes recettes que dans tous les films qu’il scénarise à la chaîne depuis vingt ans, que l’on retrouve : des fusillades, des poursuites en voiture, un humour lourdingue, des émotions faciles, et une morale pour le moins flottante.

Avec toujours un semblant d’idée originale. Ici : une maladie incurable dont souffre un tueur de la CIA (Costner, donc), qui le pousse à se rapprocher de sa femme et de sa fille dont il s’est éloigné depuis des années. C’est avec elles qu’on a droit aux scènes les plus sympathiques et émouvantes, même si les clichés sont à tous les étages, dans ce Paris de carte postale qui n’oublie absolument aucun passage obligé (la Tour Eiffel scintille, évidemment), pour être bien sûr de toucher un public international. Il faut dire que l’épouse est interprétée par Connie Nielsen qui, même quand elle n’a rien à jouer, est excellente, et que la gamine est jouée par Hailee Steinfel, la révélation de True Grit.

Besson donne aussi un rôle un peu grotesque à Amber Heard, curieux ange-gardien de Kevin, qui incite ce dernier à sortir de sa retraite en échange d’un sérum qui pourrait lui sauver la vie… mais lui file des hallucinations qu’il ne peut soigner qu’à la vodka. La belle ne sert pas à grand-chose dans le film, si ce n’est dans une séquence de tuerie qui tourne à l’engueulade autour de ce qu’est une moustache. De loin le passage le plus amusant.

Le scénario est particulièrement indigeste, entremêlant lourdement les tueries de Kevin et ses galères pour devenir un bon père. Mais il réserve pas mal de morceaux de bravoure qui auraient pu sauver le film. Las, c’est McG aux commandes, le réal de Charlie’s Angels et de Terminator Renaissance, dont le style syncopé fatigue et provoque l’ennuie dès la première scène d’action. A voir pour Costner, seulement pour lui…

• DVD chez Europa, avec quelques bonus promotionnels dans lesquels Costner et McG clament leur enthousiasme.

Fille d’Ecosse (The Pride of the Clan) – Maurice Tourneur – 1917

Posté : 20 août, 2014 @ 3:03 dans 1895-1919, FILMS MUETS, PICKFORD Mary, TOURNEUR Maurice | Pas de commentaires »

Fille d’Ecosse

Maurice Tourneur a été l’un des réalisateurs les plus importants dans la carrière de Mary Pickford, l’un des rares à avoir su tirer le meilleur du talent incontestable de la star : trop habituée à être le seul maître à bord, Pickford s’est trop souvent complu dans le rôle de fillette un peu fofolle qu’elle a tenu un nombre incalculable de fois, bien après ses 30 ans.

Dans Fille d’Ecosse, on sent que Mary Pickford s’est laissée diriger par ce cinéaste exigeant et perfectionniste, qu’elle retrouvera d’ailleurs dès l’année suivant pour Pauvre petite fille riche, une autre réussite. Solaire, mais plus grave qu’à l’accoutumée, la « petite fille de l’Amérique » reste romantique avant tout, mais sur un mode nettement plus adulte et profond que dans la plupart de ses films.

The Pride of the Clan se passe en Ecosse, mais l’histoire n’aurait pas été très différente dans les bas-fonds de New-York ou dans n’importe quel village du monde. Dans un petit village de pêcheur, sur une île aride des Highlands, Mary Pickford y est la fille du chef de clan, forcée de reprendre le flambeau après que son père a péri en mer. Ce pourrait être le cœur du film, mais ces débuts contraints en tant que chef de clan n’en occupent qu’une infirme partie : une scène, surtout, dans laquelle Mary Pickford, le fouet à la main, remet les villageois sur le chemin de la foi…

Il y a bien une intrigue: le fiancé de la jeune femme apprend que celle qui l’a élevé n’est pas sa mère, et que sa véritable génitrice est une riche dame du grand monde. Mais le film est surtout fait de petits riens que Tourneur fait durer, créant une atmosphère chaleureuse et authentique, comme lors de ce ceilidh (ces soirées dansantes traditionnelles en Ecosse) où, même dans un film muet, on sent la cornemuse et la bière réchauffer les cœurs.

Visuellement, et on le voit même dans une copie très abîmée, le film est une splendeur. Tourneur joue merveilleusement avec la lumière : celle de la lune, celle plus crue du jour, ou celle des bougies qui éclairent les intérieurs. Avec les contre-jours aussi, qui donnent lieu à quelques images magnifiques. Surtout, Tourneur filme la mer et les éléments qui se déchaînent avec une inspiration impressionnante.

De l’Ecosse elle-même, on ne voit pas grand-chose, dans ce film sans doute pas tourné sur place : quelques pierres surtout, et une rangée de maisons traditionnelles. Mais lorsqu’il est sur terre, Tourneur privilégie les gros plans, le paysage ne se dévoilant que lorsque la caméra est tournée vers la mer. Là, l’intime laisse place au spectaculaire. Un naufrage vu de la plage, un sauvetage en pleine mer… Les morceaux de bravoure sont filmés avec une incroyable modernité, dans ce film majeur de Mary Pickford, et de l’ère muette de Tourneur.

• Le film fait partie du coffret « Hommage à Maurice Tourneur » édité par Bach Films. Avec une qualité d’image loin d’être parfaite, mais franchement acceptable au regard de la qualité du film. En bonus, une présentation très enthousiaste de Patrick Brion.

Razzia sur la chnouf – de Henri Decoin – 1955

Posté : 20 août, 2014 @ 2:54 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, DECOIN Henri, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Razzia sur la chnouf

L’année précédente, Touchez pas au grisbi avait permis à Gabin de se construire un nouveau personnage, loin de ses rôles de prolétaires tragiques de l’avant-guerre. Plus mûr, bien installé, le personnage impose le respect et se dresse, droit comme un I. Le film de Henri Decoin s’inscrit dans la même lignée : le titre, bien sûr, semble être un écho à celui de Jacques Becker. Mais les similitudes ne s’arrêtent pas là : tous deux adaptés de romans de la Série Noire, les deux films permettent aussi à Gabin de donner la réplique à Paul Frankeur et surtout Lino Ventura, impressionnant en homme de main.

Razzia sur la chnouf est en tout cas une belle réussite, joliment photographiée et répondant à une démarche ambitieuse et aboutie : plonger dans les bas-fonds de Paris, là où la drogue circule à flot. La faune que l’on y croise n’a rien de romantique : des paumés camés aux regards perdus, des toxicos trop conscients de leur propre dépendance (un beau rôle pour Lila Kedrova, la future « comtesse » du Rideau déchiré), des petites gens qui pensent pouvoir profiter d’un système sanguinaire et inhumain…

On est loin du cinéma de papa dont Gabin deviendra l’un des symboles. Le ton, ici, n’a rien de complaisant ni de romanesque : l’univers que décrit Decoin est glauque et violent, et ne laisse guère de place aux sentiments. La partition qu’y joue Gabin, entre fermeté et bienveillance, n’est en est que plus complexe.

Cinéaste inégal, Decoin est ici particulièrement inspiré. Sa caméra, au plus près des visages, capte parfaitement les sentiments de ses personnages, qu’elle filme l’attirance sexuelle de Gabin et Magali Noël (dans une scène d’une sensualité troublante), ou l’angoisse d’un jeune dealer qui se sait condamner. Le film atteint même un sommet lors d’une virée nocturne dans Paris de Gabin et Lila Kedrova, qui se termine dans un club où se retrouvent des fumeurs de marie-jeanne sur des rythmes antillais. Le film devient alors totalement immersif, et bouscule le spectateur troublé face aux effets de la drogue. Une charge dérangeante, en plus d’un polar efficace…

 

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