Local Hero (id.) – de Bill Forsyth – 1983
Il y a des endroits, comme ça, dont on aimerait faire partie. Des lieux que l’on découvre et vers lesquels on retourne régulièrement tout au long de sa vie, qu’on quitte à chaque fois en ayant l’impression d’y laisser une part de soi, mais où on sait bien qu’on sera toujours un étranger. Pour moi, ce sont les Highlands, dans le nord de l’Ecosse. Et c’est très exactement ce sentiment qu’y découvre le personnage principal de Local Hero.
Le film de Bill Forsyth est forcément séduisant. Parce qu’il y a les paysages si majestueux et dramatiques des Highlands, et surtout parce qu’on y retrouve l’esprit écossais : ce mélange de rugosité et de chaleur, cette manière de porter avec fierté la difficulté de la vie dans cette région vaste et quasi-déserte, à la beauté revêche.
Le film suit le rythme de MacIntyre, ce faux Ecossais, Américain sans racine chargé par une grande compagnie pétrolière texane de négocier avec les villageois écossais le rachat de leurs terrains, afin d’y implanter un gigantesque centre pétrolier. Et c’est lorsque ce rythme se coule enfin dans celui de cette petite communauté écossaise que le film devient vraiment beau et envoûtant. On se sent alors l’âme de ce marin russe qui débarque comme il le fait visiblement régulièrement pour profiter d’une tranche de vie dans ce village en dehors du monde…
Mais la première partie, essentiellement texane, déstabilise un peu. Des images grises au grain peu séduisant, une musique très datée eighties, et un scénar qui ne fait rien pour éviter les grosses ficelles : la grande ville contre le petit village, la toute puissante compagnie contre des villageois sans ressource, des hommes riches mais seuls contre une communauté pauvre mais soudée… Et puis Forsyth glisse un étrange humour décalé qui ne fait jamais vraiment mouche, donnant trop d’importance au grand patron de la compagnie (joué il est vrai par Burt Lancaster), homme vieillissant suivant une curieuse thérapie basée sur l’humiliation.
Un film en demi-teinte, donc, mais qui donne furieusement envie de se perdre dans le brouillard et sur les petites routes d’Ecosse… et de s’installer au comptoir de ce pub, pour goûter ce whisky de 42 ans d’âge en écoutant les conversations des villageois…
• Le DVD du film fait partie de la collection Les Films de ma vie.
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