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Archive pour le 4 août, 2014

Le Shérif de fer (The Iron Sheriff) – de Sidney Salkow – 1957

Posté : 4 août, 2014 @ 6:32 dans 1950-1959, SALKOW Sidney, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Shérif de fer

Dans une petite ville de l’Ouest des années 1890, le fils d’un shérif est accusé d’un meurtre. Son père lui-même doute de l’innocence de son rejeton, d’autant plus que la piste du tueur qu’il remonte le mène… à son fils. D’où le grand dilemme moral au cœur du film : qui du père ou de l’homme de loi prendra le pas sur l’autre ?

Le script original est plein de promesses : un thriller, qui est aussi un film de procès, sous les attraits d’un western. Voilà qui promettait de beaux frissons. Et c’est vrai que le scénario est à ce point bien fichu qu’on suit l’histoire avec un réel intérêt. Mais surtout avec un immense sentiment de gâchis, à imaginer ce que le film aurait été entre les mains d’un cinéaste plus doué que Salkow.

Parce que Sidney Salkow n’est pas, loin s’en faut un auteur majeur. Réalisateur de la première adaptation du chef d’œuvre de Richard Matheson Je suis une légende (The Last Man of Earth, avec Vincent Price), aussi mauvaise que celles qui suivront, Salkow est même un tâcheron, dans le cas présent. Mauvais metteur en scène, incapable de concevoir un cadre ou d’appréhender un enchaînement de plans ou de scènes dynamique… On ne voit pas bien ce qu’on pourrait sauver dans ce petit western fauché qui semble interminable (alors qu’il ne dure qu’une heure dix montre en main) tant il manque de punch.

Dans un noir et blanc franchement laid et sans profondeur, Le Shérif de fer s’apparente moins aux séries B habituelles du genre dans les années 50, qu’à un mauvais téléfilm de l’époque. Les acteurs sont irréprochables (notamment Sterling Hayden, quoiqu’un peu raide), mais mal servi par le réalisateur qui semble ne pas savoir quoi leur demander.

Inédit en salles en France, jamais diffusé à la télé, Le Shérif de fer est une curiosité. Rien de plus.

• L’éditeur Sidonis ferait-il les fonds de tiroir pour compléter sa collection Western de Légende ? Le Shérif de fer fait en tout cas partie de la dernière fournée de westerns, avec une qualité d’image très discutable. Et, en bonus, la présentation du film par un Patrick Brion qui se contente, gentiment, d’évoquer la carrière des acteurs et du réalisateur.

Le Crépuscule des Aigles (The Blue Max) – de John Guillermin – 1966

Posté : 4 août, 2014 @ 6:25 dans 1960-1969, GUILLERMIN John | Pas de commentaires »

Le Crépuscule des Aigles

Les derniers mois de la Grande Guerre, du point de vue des aviateurs allemands. Un sujet original, confié à un cinéaste inégal (John Guillermin) qui dispose ici de moyens démesurés. On a ainsi droit à quelques scènes de bataille assez spectaculaires dans lesquelles, avec des centaines de figurants, Guillermin tente de reconstituer le chaos de la Grande Guerre, avec des vues aériennes de ces champs constellés de tranchées séparées par d’absurdes no-man’s land pour lesquels les soldats meurent.

Mais justement, jamais on ne ressent cette impression de chaos. Tout semble trop propre, trop préparé, trop bien rangé. La visite de l’hôpital, malgré les bras en écharpe, les visages emmaillotés, et les tâches de sang omniprésents, ne parvient pas à faire sentir la souffrance et l’absurdité de ces combats. Dès la séquence d’ouverture, au cœur d’une bataille d’infanterie, cet aspect trop lisse saute aux yeux, et aux oreilles surtout : tout est trop calme, trop harmonieux, trop à sa place.

La réalisation est trop propre, trop sage. Il aurait fallu un cinéaste d’une autre trempe pour mettre en scène un film aux thèmes si forts. L’un d’eux, l’opposition entre l’aristocratie et les modestes, aurait pu faire du film le pendant aérien de La Grande Illusion. Mais Guillermin n’est la plupart du temps pas à la hauteur de son sujet, à quelques passages près : l’arrivée de George Peppard le prolétaire dans ce milieu privilégié par exemple. Ou cette séquence nocturne au cours de laquelle les pilotes boivent leur champagne tandis qu’au loin, on entend les premières détonations de la bataille qui se livre.

Il y a un autre thème fort, qui vaut quelques beaux moments : l’érection du personnage de Peppard en héros national, et l’utilisation que fait l’Etat-Major de son image pour booster le moral du peuple allemand. Mais là aussi, le film souffre de la comparaison avec Mémoires de nos pères, qui déclinera ce thème d’une manière autrement plus convaincante.

Le plus réussi finalement, c’est le personnage principal, homme mystérieux, froid et ambitieux, qui ne veut qu’une chose : abattre vingt avions ennemis pour décrocher la mythique « Blue Max », la plus prestigieuse des médailles militaires. Cynique, insensible aux morts qui tombent autour de lui, il ne semble exister que dans sa rivalité avec un autre pilote bourré de testostérones, avec lequel il se dispute la trop belle et trop facile Ursula Andress (un vrai rôle de garce, pour rester correct).

La dernière partie du film est la plus réussie. A partir de la débacle de l’armée allemande, le cynisme des personnages et de cette guerre devient enfin le sujet central du film, et Guillermin lui-même semble apporter une attention nouvelle à sa mise en scène : des plans plus agressifs, un montage audacieux (notamment lors de l’ultime vol du « héros »), et une impression assez forte, in fine…

• Blue ray chez Fox, avec la seule bande annonce en bonus.

Drug War (Du Zhan) – de Johnnie To – 2012

Posté : 4 août, 2014 @ 6:18 dans * Polars asiatiques, 2010-2019, TO Johnnie | Pas de commentaires »

Drug War

Drug War serait-il le film le plus radical de Johnnie To ? Difficile à dire, tant la production du grand maître hong-kongais est prolifique. Mais avec ce film, le réalisateur des formidables The Mission et PTU signe une sorte de polar qui pousse à un stade extrême l’abstraction.

La séquence d’ouverture nous plonge dans une simple filature, dans le cadre d’une enquête sur un trafic de drogue à grande échelle. Pas un instant on ne sortira de l’enquête, ni du point de vue forcément parcellaire des policiers. Le film ne laisse guère de chance de s’attacher à l’un ou l’autre de ces personnages, totalement privés de vie sociale. On est en plein cœur de l’action, et rien ne nous attache à la « vraie vie ». L’univers du film se résume à cette traque, à cette enquête qui, d’une étape à l’autre, va plonger les policiers au cœur du chaos.

Désincarné, privé de tout romantisme et de toute identification possible, Drug War déroute dans un premier temps. D’autant que la mise en scène au cordeau de To, qui s’attache généralement à restituer les différentes dimensions des lieux de l’action, semble ici plus préoccupée par le temps et son enchaînement. Le film est une plongée au cœur de l’enfer, lente mais assurée, une succession de moments dont on pressent immédiatement l’issue morbide.

C’est un pur film de cinéaste, qui ne se base pas sur des personnages dont on ne saura strictement rien. Pas plus que sur l’histoire, qui se résume à un enchaînement presque clinique de séquences. Tout le film repose sur la mise en scène, sur le mouvement inéluctable. Et Johnnie To est un maître en la matière. Passée la première partie, déroutante, le film fascine et nous laisse exsangue, à l’issue d’une dernière partie qui pousse le radicalisme de To à son extrême. Une épreuve, un monument de cinéma.

• Le film est édité chez Metropolitan, avec un petit making of et une série de bandes annonces.

 

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