Le Shérif de fer (The Iron Sheriff) – de Sidney Salkow – 1957
Dans une petite ville de l’Ouest des années 1890, le fils d’un shérif est accusé d’un meurtre. Son père lui-même doute de l’innocence de son rejeton, d’autant plus que la piste du tueur qu’il remonte le mène… à son fils. D’où le grand dilemme moral au cœur du film : qui du père ou de l’homme de loi prendra le pas sur l’autre ?
Le script original est plein de promesses : un thriller, qui est aussi un film de procès, sous les attraits d’un western. Voilà qui promettait de beaux frissons. Et c’est vrai que le scénario est à ce point bien fichu qu’on suit l’histoire avec un réel intérêt. Mais surtout avec un immense sentiment de gâchis, à imaginer ce que le film aurait été entre les mains d’un cinéaste plus doué que Salkow.
Parce que Sidney Salkow n’est pas, loin s’en faut un auteur majeur. Réalisateur de la première adaptation du chef d’œuvre de Richard Matheson Je suis une légende (The Last Man of Earth, avec Vincent Price), aussi mauvaise que celles qui suivront, Salkow est même un tâcheron, dans le cas présent. Mauvais metteur en scène, incapable de concevoir un cadre ou d’appréhender un enchaînement de plans ou de scènes dynamique… On ne voit pas bien ce qu’on pourrait sauver dans ce petit western fauché qui semble interminable (alors qu’il ne dure qu’une heure dix montre en main) tant il manque de punch.
Dans un noir et blanc franchement laid et sans profondeur, Le Shérif de fer s’apparente moins aux séries B habituelles du genre dans les années 50, qu’à un mauvais téléfilm de l’époque. Les acteurs sont irréprochables (notamment Sterling Hayden, quoiqu’un peu raide), mais mal servi par le réalisateur qui semble ne pas savoir quoi leur demander.
Inédit en salles en France, jamais diffusé à la télé, Le Shérif de fer est une curiosité. Rien de plus.
• L’éditeur Sidonis ferait-il les fonds de tiroir pour compléter sa collection Western de Légende ? Le Shérif de fer fait en tout cas partie de la dernière fournée de westerns, avec une qualité d’image très discutable. Et, en bonus, la présentation du film par un Patrick Brion qui se contente, gentiment, d’évoquer la carrière des acteurs et du réalisateur.