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Archive pour juin, 2014

Il était une fois en Anatolie (Bir Zamanlar Anadolu’da) – de Nuri Bilge Ceylan – 2011

Posté : 12 juin, 2014 @ 2:34 dans 2010-2019, CEYLAN Nuri Bilge | Pas de commentaires »

Il était une fois en Anatolie

Un meurtre a eu lieu au cœur des steppes d’Anatolie. Des policiers et un juge d’instruction accompagnent le principal suspect à travers les grandes étendues désertes, pour tenter de retrouver le corps de la victime…
Un polar signé Nuri Bilge Ceylan ? Pas si simple, évidemment : à travers cette trame policière assez classique, le grand cinéaste turc signe une odyssée contemplative, parfois à la limite du burlesque, fascinante et souvent bouleversante.

Un meurtrier mutique, un juge malade, un policier rongé par les difficultés de son couple… De ces personnages réunis autour d’une même quête qui semble sans fin, Ceylan tire les portraits intimes d’êtres qui ne se livrent que par petites bribes, et qui tous ensemble crèvent d’un terrible mal de vivre, d’un sentiment de vide (dont cette étrange nuit serait une sorte de parenthèse) et de rêves qui ne s’accompliront jamais.

Pas vraiment la grande joie, donc, même si le film baigne dans un humour à froid qui, il faut bien le dire, ne déclenche pas les fours-rires, renforçant simplement le mal-être de ces personnages qui paraissent curieusement enfermés dans ces immenses espaces. Un sentiment que Ceylan souligne, dans la première partie du moins, en jouant avec l’obscurité et la lumière des phares des voitures qui serpentent sur les petites routes.

Visuellement, le film est d’une beauté sidérante, émaillé de ces moments magiques et hors du temps, où l’humanité de personnages pourtant taiseux et refermés, éclatent littéralement. La plus belle séquence, peut-être, est une parenthèse totalement inutile dans l’histoire : une pause improvisée chez le maire d’un petit village perdu. Alors que les voyageurs partagent un repas en silence, la jeunesse et la beauté de la fille de leur hôte tirent aux policiers et aux criminels des bouffées d’émotion, et même des larmes. Ce visage si pur, éclairé à la chaude lumière d’une bougie, les mettant en face de leurs propres vies.

Après quelques réussites majeures (Uzak, Les Climats), Nuri Bilge Ceylan signait là un pur chef d’œuvre, qui remporta le Grand Prix au festival de Cannes. Pour la Palme d’Or, il devra attendre son film suivant, Winter Sleep.

L’Avocat du diable (Guilty as sin) – de Sidney Lumet – 1993

Posté : 12 juin, 2014 @ 2:29 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, LUMET Sidney | Pas de commentaires »

L'Avocat du diable

Retour au prétoire pour Lumet, dont la filmographie est décidément parsemée de ces « films de procès », genre à part entière auquel il a donné quelques-unes de ses plus belles perles. Le cinéaste a toujours su trouver cette approche originale qui a fait de ses films, malgré leur décor semblable, des œuvres à part. Dans 12 hommes en colère, son premier film, il nous plongeait au cœur des délibérations d’un jury d’assises. Dans Verdict, il suivait le parcours d’un avocat hanté par ses propres démons.

La salle du tribunal est un lieu où se jouent des vies, où la frontière entre le bien et le mal est souvent une question de point de vue, où chacun joue un rôle… Bref, un microcosme hors du temps où, malgré les faux semblants et les mensonges omniprésents, se révèlent les vraies personnalités. C’est sans doute ce qui a à ce point fasciné Lumet tout au long de sa carrière, pendant plus d’un demi-siècle.

Cet Avocat du diable n’échappe pas à la règle. Certes mineur par rapport aux deux films déjà cités, ce nouveau film de procès repose une nouvelle fois sur une idée particulièrement forte : une avocate accepte de défendre un playboy accusé du meurtre de sa femme, et réalise bientôt que non seulement son client est coupable et monstrueux, mais aussi qu’elle n’a plus d’autre choix que de le défendre malgré tout…

Formellement parlant, L’Avocat du diable est assez pauvre, au regard des grands films de Lumet. Les scènes de prétoire, notamment, sont filmées d’une manière assez froide, presque clinique. Seules quelques courtes séquences annexes parviennent à créer cette intimité qui faisait la force de Verdict notamment. Et particulièrement les scènes avec l’excellent Jack Warden, dans un rôle proche (en un poil moins cynique) de celui qu’il tenait dans le précédent film.

Mais cette esthétique froide et presque déshumanisée souligne l’engrenage dans lequel se retrouve l’avocate (Rebecca de Mornay), forcée de respecter les règles absolues de son métier, en laissant de côté toute notion de bien ou de mal. Dans le rôle du « diable », Don Johnson est flippant. Il est alors au sommet de sa carrière cinématographique, après avoir tourné notamment pour Dennis Hopper (Hot Spot) et John Frankenheimer (Dead Bang). Plus dure sera la chute…

La Chute de la Maison Usher – de Jean Epstein – 1928

Posté : 12 juin, 2014 @ 2:25 dans 1920-1929, EPSTEIN Jean, FANTASTIQUE/SF, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

La Chute de la maison Usher

De l’œuvre d’Edgar Allan Poe, Jean Epstein garde les motifs, ainsi que l’indique le générique de début : Sir Roderick Usher vit dans un manoir en reclus avec son épouse, dont il peint inlassablement le portrait. Un portrait si vivant qu’il semble peu à peu priver le modèle de sa propre vie. Alors que la jeune femme est au bord de la mer, le meilleur ami d’Usher arrive dans son recoin du monde…

Mais à la narration, le cinéaste préfère l’impression, le sentiment, le pur langage cinématographique. Plus conscient des possibilités de son art que la quasi-totalité de ses semblables (d’alors et depuis), Epstein utilise merveilleusement toutes les possibilités que lui offre le cinéma : des compositions de plan extraordinaires, une utilisation fascinante des décors, des effets de lumière ou des ralentis, qui créent l’ambiance si particulière du film.

Surtout, le cinéaste fait un usage d’une modernité incroyable du montage. Tantôt lent et presque évanescent, tantôt quasi-frénétique. Au début du film, il y a notamment cette scène où Sir Rodrick peint son modèle de femme, et chaque coup de pinceau sur le portrait, souligné par un montage au scalpel, donne l’impression qu’un fragment de vie est arraché à la jeune femme…

Cette mise en scène quasiment théorique souligne constamment l’obsession et la folie dévorante de Usher, et préfigure le génial Dracula de Coppola, avec 65 ans d’absence, autre grand film où les codes du film fantastique traditionnel (on pense au Nosferatu de Murnau lorsque le visiteur arrive aux abords du manoir, ou lorsqu’il découvre l’étrangeté angoissante de la situation) sont magnifiés par un langage cinématographique poussé à l’extrême de ses infinies possibilités.

Face à un tel laboratoire d’expériences filmiques, l’émotion pure reste un peu dans le placard, mais le résultat est une œuvre fascinante et hallucinogène. Une expérience que les autres adaptations de La Chute de la maison Usher (que signeront notamment Roger Corman en 1960 et Jess Franco en 1982) n’approcheront pas même de loin.

• Le film fait partie du formidable coffret de huit DVD consacré à Epstein et édité tout récemment chez Potemkine. Un peu cher, peut-être, mais indispensable pour découvrir l’extraordinaire richesse du cinéma de ce précurseur français.

Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia) – de David Lean – 1962

Posté : 12 juin, 2014 @ 2:18 dans 1960-1969, LEAN David | Pas de commentaires »

Lawrence d'Arabie

Décidément, le monument de David Lean est bien à la hauteur de sa légende. Film déraisonnable, fresque démesurée balayée par le souffle de l’histoire, Lawrence d’Arabie est bel et bien un immense chef d’œuvre aux images impressionnantes. Souvent très inspiré par des lieux clos au début de sa carrière, Lean utilise ici merveilleusement l’immensité du désert, avec cette image si large qu’elle semble ne plus en finir, notamment lors de ce plan fixe extraordinaire   où Lawrence, à dos de dromadaire, traverse l’écran pour aller retrouver un homme perdu dans le désert.

Pourtant, malgré sa démesure, Lawrence d’Arabie est un film profondément intime : le portrait fascinant d’un homme qui plonge dans la folie. D’ailleurs, Lean n’en rajoute jamais dans la surenchère, préférant souvent coller au plus près des visages plutôt que de se complaire dans un trop-plein de violence L’attaque de la colonne de Turcs est sans doute le passage le plus violent du film, mais cette violence est moins montrée (elle l’est tout de même) que suggérée par des gros plans sur Peter O’Toole, illuminé, et Omar Sharif, horrifié. Tous deux, paradoxalement, semblant avoir une conscience accrue de ce qu’ils sont en train de faire, de la frontière qu’ils franchissent.

Avec ce film, Lean a voulu évoquer la folie d’un homme trop conscient de son destin, débordé par l’ampleur de ce que ses décisions entraînent. En cela, le film rappelle bien souvent l’œuvre de Conrad dans Au cœur des ténèbres (adapté par Coppola avec Apocalypse Now). Par la même occasion, Lean l’engagé s’attaque aussi, comme il l’a souvent fait (La Route des Indes, La Fille de Ryan), au cynisme et à l’inhumanité de l’empire colonialiste, et des dérives qu’il entraîne.

Lawrence est un personnage hors normes, qui finit par ne plus être à sa place où que ce soit. Il y a une scène magnifique à la fin de la première partie, lorsque Lawrence, au mess des officiers, se retrouve face à tous ses semblables en uniforme, alors que lui est en habits arabes, seul, séparé des autres par une baie vitrée. Ces images soulignent le fossé qui sépare les militaires de l’empire et cet homme.

Dans le fond et dans la forme, le film est une totale réussite, impressionnante, bouleversante et troublante. Pas la moindre image anodine, tout au long de ces presque quatre heures de projection, jusqu’à l’ultime image : Lawrence traversant une dernière fois le désert pour retourner chez lui, précédé par une moto cruellement prémonitoire, annonçant sa mort à venir loin de cette terre dont la postérité lui accordera le nom.

• Le blue ray édité chez Sony est une merveille : l’image est somptueuse, et un second disque propose un long documentaire passionnant entre autres bonus.

Rencontres du troisième type (Close Encounters of the third kind) – de Steven Spielberg – 1977 (et 1980 – 2007)

Posté : 1 juin, 2014 @ 6:22 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Rencontres du troisième type

Après le triomphe de Jaws, le jeune Spielberg signe une nouvelle date importante dans l’histoire du cinéma populaire. Close encounters… n’est pas seulement un nouvel immense succès en salles : le film pose les bases de toute une imagerie encore vivace aujourd’hui. Dire que le film a inspiré Chris Carter pour X-Files relève ainsi de la pure évidence. La série culte reprendra des pans entiers du film de Spielberg : les étranges réapparitions qui émaillent la première partie seront ainsi largement empruntées pour les prologues de nombreux épisodes de la série. On y retrouvera aussi les mensonges d’état qui dissimulent la présence d’extraterrestres, et de nombreux détails qui seront repris tels quels (les vis qui s’enlèvent d’elles-même avant l’enlèvement du petit Barry seront copiés dans un célèbre épisode de la saison 1)… On a souvent dit que la série de Chris Carter avait été largement pillée par des dizaines de films et de séries par la suite. Mais lui-même avait largement recyclé…

Pour Spielberg, le film (dont il écrit lui-même le scénario, fait quasi unique dans sa filmographie) est né de la confluence de deux choses qui le fascinaient à l’époque : l’existence des OVNIS, et le scandale encore récent du Watergate. Les mensonges d’état, la théorie du complot… donnent au film quelques séquences particulièrement fortes, montrant des populations déplacées de force par l’armée, et parqués dans des trains bondés. Une imagerie qui évoque celle de la Shoah et d’un pays devenu totalitaire, que Spielberg retrouvera plusieurs fois par la suite, notamment dans La Guerre des Mondes, un autre film d’extraterrestres nettement moins apaisé…

La dernière partie, qui traîne un peu en longueur, est sans doute la moins passionnante : la rencontre finale sonne d’une manière étrangement naïve, d’un angélisme qui colle mal avec l’atmosphère qui baigne le film, angoissé, cynique et même cruel. L’un des aspects les plus réussis, au contraire, concerne l’implosion de la famille de Richard Dreyfuss, cet homme ordinaire transformé par ce qu’il a vu, et qui retrouve la foi d’un enfant. Mais cette pureté d’esprit colle mal avec les obligations d’un père de famille, et le fait passer pour fou…

Il y a quelque chose de bouleversant dans les rapports de ce père avec ses fils qui semblent réaliser qu’il ne pourra plus être leur père. Spielberg, tiraillé entre ses fantasmes de Peter Pan et sa volonté d’être un homme, semble lui trouver le choix bien cruel. Le regard plein de larmes de ce fils qui observe son père lâcher prise est l’exact inverse de cette belle scène dans Jaws, où le fils imitait son père et le sortait de sa torpeur.

Visuellement aussi, le film est une grande réussite. Pas forcément grâce aux effets spéciaux, impressionnants mais revus tellement de fois depuis. Mais plutôt grâce aux effets les plus simples, notamment de lumière. La première « rencontre » dans la voiture de Richard Dreyfuss est un modèle de mise en scène. Et l’enlèvement de Barry est filmé avec des jeux de lumière éblouissants.

Je ne peux pas ne pas évoquer François Truffaut. Sa présence est suffisamment étonnante en soi, mais sa prestation l’est tout autant. Visiblement très impliqué, il est assez fascinant. Et irrésistible lorsque, le gigantesque vaisseau survolant leur base, tous les scientifiques lancent des « Holy shit ! » tandis que lui, en français, lâche un « mince alors ». Mythique !

• Le film a eu droit à plusieurs versions, toutes réunies dans un triple DVD édité chez Columbia Tristar. C’est la version « définitive » que j’ai vue : en 2007, Spielberg a supervisé un montage conforme à ce qu’il souhaitait, à partir des deux premières versions. Dans la première, sortie en 1977, les contraintes de production l’avaient obligé à renoncer à plusieurs scènes qu’il voulait inclure dans son film. Trois ans plus tard, le triomphe du film lui a donné l’opportunité de tourner ces scènes (notamment la découverte du bateau dans le désert de Gobi), à condition qu’il accepte de filmer Richard Dreyfuss à l’intérieur du vaisseau, ce qu’il a fait à contre-cœur. Elle ne figure donc pas dans la version « director’s cut ».

Âmes libres – (A Free Soul) – de Clarence Brown – 1931

Posté : 1 juin, 2014 @ 6:17 dans 1930-1939, BROWN Clarence | Pas de commentaires »

Âmes libres

Ce beau film de Clarence Brown, situé dans l’Amérique de la prohibition et qui montre l’alcool comme un fléau (séduisant, mais mortel), aborde un thème plutôt rare dans le cinéma de cette période : la relation d’un père et de sa fille, deux êtres désireux de s’émanciper des carcans de la bonne société et de vivre en toute liberté. Des utopistes, un peu naïfs, qui seront bientôt rattrapés par les dures réalités de la vie.

Cette belle relation d’un père alcoolique (Lionel Barrymore, acteur décidément génial) et de sa fille trop éperdue de liberté (Norma Shearer, formidable malgré une petite propension à déclamer ses répliques), est de loin ce qu’il y a de plus réussi dans ce film plutôt original. Brown filme ses deux personnages comme un couple mal assorti, mais lié par une complicité absolue. De leurs rapports naissent le rythme, l’humour, et l’émotion du film.

L’émotion passe parfois par des choses simples et fortes : la scène notamment où, ivre mort, le père surprend sa fille en tenue légère avec un petit escroc dont elle s’est épris (Clark Gable, dans un emploi de petite frappe qui lui était familier à cette époque), et la raccompagne vers la sortie sans prononcer le moindre mot. Ou, un peu plus tard, cette étreinte du père et de la fille, visiblement éprouvés d’avoir décidé de renoncer, pour leur salut commun, à ce qu’ils avaient chacun de plus précieux : l’alcool pour lui, et l’amour d’un joueur pour elle.

Les acteurs, tous parfaits (il y a aussi Leslie Howard dans le rôle du fiancé éploré), sont fort bien utilisés par un Clarence Brown très inspiré, qui alterne avec bonheur la légèreté et l’émotion, le quasi-vaudeville et le drame. Il pousse le bouchon un peu loin, par moments, avec en particulier quelques visions particulièrement morbides des ravages de l’alcool. Mais le film évite la plupart du temps les effets trop faciles.

L’introduction du personnage de Gable, dans un simulacre de procès, est particulièrement originale et réussie. Comme l’est la dernière séquence : de retour au tribunal, le père et la famille transforment un procès à haut risque en une tribune leur permettant à chacun de rompre avec leurs vieux démons, l’alcoolisme et l’excessive soif de liberté. On peut mettre en cause la pseudo-morale, mais qu’importe : Brown ne sermonne pas, mais réussit le beau portrait d’un père et de sa fille.

• Le film fait partie du volume 2 de la collection Forbidden Hollywood, disponible en DVD zone 1.

Maudite Aphrodite (Mighty aphrodite) – de Woody Allen – 1995

Posté : 1 juin, 2014 @ 6:12 dans 1990-1999, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Maudite Aphrodite

Décidément très en forme, Woody Allen, après son incursion dans l’Amérique de la prohibition, revient à ses principales interrogations : celles sur le couple et sa capacité à surmonter l’épreuve du temps et des tentations de la vie. C’est même tout le sujet du film, qui dévoile une facette encore nouvelle de l’esprit du cinéaste : certes torturé, mais aussi étonnamment léger et optimiste. C’est l’œuvre d’un réalisateur plus jeune que jamais, qui veut croire en l’amour éternel et en la famille : Maudite Aphrodite est l’un de ses films les plus apaisés.

Pas niais et simpliste pour autant : chez Allen, le chemin du bonheur n’est jamais droit et bien tracé. Il passe toujours par des mesquineries, des tromperies, des interrogations sur sa place dans la société, particulièrement difficile à trouver. Mais cette fois, dans le plus lelouchien de ses films, qui accorde une place primordiale à la musique (on sent, dans les interventions étonnantes de la conscience de Lenny/Woody qui prend la forme d’un « chœur antique » dirigé par F. Murray Abraham, que le cinéaste n’est pas loin de diriger enfin « sa » comédie musicale), Allen est d’humeur à accorder le happy end parfait à tous ses personnages, jusqu’aux plus anecdotiques.

Allen ne choisit pourtant pas la simplicité. Son personnage, marié à une femme belle et brillante (Helena Bonham Carter) qui le délaisse pour sa carrière, se laisse persuader d’adopter un enfant. Mais, comme dans toute tragédie (le genre auquel il se réfère pour mieux lui tordre le cou), il finit par céder à la pire des malédictions : l’obsession, celle de retrouver la mère biologique de cet enfant si formidable… Il la retrouve, et tombe de haut : c’est une bécasse, belle à damner, mais qui tourne des films de cul et se prostitue en rêvant d’une chimérique carrière d’actrice…

Dans le rôle de sa vie, Mira Sorvino est formidable, jouant admirablement la belle pas si idiote hantée par cet enfant qu’elle ne connaîtra jamais. Drôle de relation qui unit, sans qu’elle le sache, la mère qui a abandonné son enfant et l’homme qui l’a recueilli. Woody Allen a beau compliqué à l’extrême les relations entre ses personnages, leurs sentiments restent aussi simples que bouleversants : il y a, dans Maudite Aphrodite, des silences qui déchirent le cœur.

Il y a aussi des répliques irrésistibles (l’une des meilleures de sa filmographie, prononcée par Mira Sorvino qui offre un cadeau à Woody : « Tu ne veux pas une pipe, alors je t’ai pris une cravate »), et un mouvement envoûtant et unique, que résume parfaitement le chef de chœur dans la dernière réplique du film : « La vie est incroyable. Miraculeuse. Triste. Merveilleuse. » Tout comme le cinéma de Woody Allen…

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