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Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia) – de David Lean – 1962

Classé dans : 1960-1969,LEAN David — 12 juin, 2014 @ 14:18

Lawrence d'Arabie

Décidément, le monument de David Lean est bien à la hauteur de sa légende. Film déraisonnable, fresque démesurée balayée par le souffle de l’histoire, Lawrence d’Arabie est bel et bien un immense chef d’œuvre aux images impressionnantes. Souvent très inspiré par des lieux clos au début de sa carrière, Lean utilise ici merveilleusement l’immensité du désert, avec cette image si large qu’elle semble ne plus en finir, notamment lors de ce plan fixe extraordinaire   où Lawrence, à dos de dromadaire, traverse l’écran pour aller retrouver un homme perdu dans le désert.

Pourtant, malgré sa démesure, Lawrence d’Arabie est un film profondément intime : le portrait fascinant d’un homme qui plonge dans la folie. D’ailleurs, Lean n’en rajoute jamais dans la surenchère, préférant souvent coller au plus près des visages plutôt que de se complaire dans un trop-plein de violence L’attaque de la colonne de Turcs est sans doute le passage le plus violent du film, mais cette violence est moins montrée (elle l’est tout de même) que suggérée par des gros plans sur Peter O’Toole, illuminé, et Omar Sharif, horrifié. Tous deux, paradoxalement, semblant avoir une conscience accrue de ce qu’ils sont en train de faire, de la frontière qu’ils franchissent.

Avec ce film, Lean a voulu évoquer la folie d’un homme trop conscient de son destin, débordé par l’ampleur de ce que ses décisions entraînent. En cela, le film rappelle bien souvent l’œuvre de Conrad dans Au cœur des ténèbres (adapté par Coppola avec Apocalypse Now). Par la même occasion, Lean l’engagé s’attaque aussi, comme il l’a souvent fait (La Route des Indes, La Fille de Ryan), au cynisme et à l’inhumanité de l’empire colonialiste, et des dérives qu’il entraîne.

Lawrence est un personnage hors normes, qui finit par ne plus être à sa place où que ce soit. Il y a une scène magnifique à la fin de la première partie, lorsque Lawrence, au mess des officiers, se retrouve face à tous ses semblables en uniforme, alors que lui est en habits arabes, seul, séparé des autres par une baie vitrée. Ces images soulignent le fossé qui sépare les militaires de l’empire et cet homme.

Dans le fond et dans la forme, le film est une totale réussite, impressionnante, bouleversante et troublante. Pas la moindre image anodine, tout au long de ces presque quatre heures de projection, jusqu’à l’ultime image : Lawrence traversant une dernière fois le désert pour retourner chez lui, précédé par une moto cruellement prémonitoire, annonçant sa mort à venir loin de cette terre dont la postérité lui accordera le nom.

• Le blue ray édité chez Sony est une merveille : l’image est somptueuse, et un second disque propose un long documentaire passionnant entre autres bonus.

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