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Archive pour le 1 juin, 2014

Rencontres du troisième type (Close Encounters of the third kind) – de Steven Spielberg – 1977 (et 1980 – 2007)

Posté : 1 juin, 2014 @ 6:22 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Rencontres du troisième type

Après le triomphe de Jaws, le jeune Spielberg signe une nouvelle date importante dans l’histoire du cinéma populaire. Close encounters… n’est pas seulement un nouvel immense succès en salles : le film pose les bases de toute une imagerie encore vivace aujourd’hui. Dire que le film a inspiré Chris Carter pour X-Files relève ainsi de la pure évidence. La série culte reprendra des pans entiers du film de Spielberg : les étranges réapparitions qui émaillent la première partie seront ainsi largement empruntées pour les prologues de nombreux épisodes de la série. On y retrouvera aussi les mensonges d’état qui dissimulent la présence d’extraterrestres, et de nombreux détails qui seront repris tels quels (les vis qui s’enlèvent d’elles-même avant l’enlèvement du petit Barry seront copiés dans un célèbre épisode de la saison 1)… On a souvent dit que la série de Chris Carter avait été largement pillée par des dizaines de films et de séries par la suite. Mais lui-même avait largement recyclé…

Pour Spielberg, le film (dont il écrit lui-même le scénario, fait quasi unique dans sa filmographie) est né de la confluence de deux choses qui le fascinaient à l’époque : l’existence des OVNIS, et le scandale encore récent du Watergate. Les mensonges d’état, la théorie du complot… donnent au film quelques séquences particulièrement fortes, montrant des populations déplacées de force par l’armée, et parqués dans des trains bondés. Une imagerie qui évoque celle de la Shoah et d’un pays devenu totalitaire, que Spielberg retrouvera plusieurs fois par la suite, notamment dans La Guerre des Mondes, un autre film d’extraterrestres nettement moins apaisé…

La dernière partie, qui traîne un peu en longueur, est sans doute la moins passionnante : la rencontre finale sonne d’une manière étrangement naïve, d’un angélisme qui colle mal avec l’atmosphère qui baigne le film, angoissé, cynique et même cruel. L’un des aspects les plus réussis, au contraire, concerne l’implosion de la famille de Richard Dreyfuss, cet homme ordinaire transformé par ce qu’il a vu, et qui retrouve la foi d’un enfant. Mais cette pureté d’esprit colle mal avec les obligations d’un père de famille, et le fait passer pour fou…

Il y a quelque chose de bouleversant dans les rapports de ce père avec ses fils qui semblent réaliser qu’il ne pourra plus être leur père. Spielberg, tiraillé entre ses fantasmes de Peter Pan et sa volonté d’être un homme, semble lui trouver le choix bien cruel. Le regard plein de larmes de ce fils qui observe son père lâcher prise est l’exact inverse de cette belle scène dans Jaws, où le fils imitait son père et le sortait de sa torpeur.

Visuellement aussi, le film est une grande réussite. Pas forcément grâce aux effets spéciaux, impressionnants mais revus tellement de fois depuis. Mais plutôt grâce aux effets les plus simples, notamment de lumière. La première « rencontre » dans la voiture de Richard Dreyfuss est un modèle de mise en scène. Et l’enlèvement de Barry est filmé avec des jeux de lumière éblouissants.

Je ne peux pas ne pas évoquer François Truffaut. Sa présence est suffisamment étonnante en soi, mais sa prestation l’est tout autant. Visiblement très impliqué, il est assez fascinant. Et irrésistible lorsque, le gigantesque vaisseau survolant leur base, tous les scientifiques lancent des « Holy shit ! » tandis que lui, en français, lâche un « mince alors ». Mythique !

• Le film a eu droit à plusieurs versions, toutes réunies dans un triple DVD édité chez Columbia Tristar. C’est la version « définitive » que j’ai vue : en 2007, Spielberg a supervisé un montage conforme à ce qu’il souhaitait, à partir des deux premières versions. Dans la première, sortie en 1977, les contraintes de production l’avaient obligé à renoncer à plusieurs scènes qu’il voulait inclure dans son film. Trois ans plus tard, le triomphe du film lui a donné l’opportunité de tourner ces scènes (notamment la découverte du bateau dans le désert de Gobi), à condition qu’il accepte de filmer Richard Dreyfuss à l’intérieur du vaisseau, ce qu’il a fait à contre-cœur. Elle ne figure donc pas dans la version « director’s cut ».

Âmes libres – (A Free Soul) – de Clarence Brown – 1931

Posté : 1 juin, 2014 @ 6:17 dans 1930-1939, BROWN Clarence | Pas de commentaires »

Âmes libres

Ce beau film de Clarence Brown, situé dans l’Amérique de la prohibition et qui montre l’alcool comme un fléau (séduisant, mais mortel), aborde un thème plutôt rare dans le cinéma de cette période : la relation d’un père et de sa fille, deux êtres désireux de s’émanciper des carcans de la bonne société et de vivre en toute liberté. Des utopistes, un peu naïfs, qui seront bientôt rattrapés par les dures réalités de la vie.

Cette belle relation d’un père alcoolique (Lionel Barrymore, acteur décidément génial) et de sa fille trop éperdue de liberté (Norma Shearer, formidable malgré une petite propension à déclamer ses répliques), est de loin ce qu’il y a de plus réussi dans ce film plutôt original. Brown filme ses deux personnages comme un couple mal assorti, mais lié par une complicité absolue. De leurs rapports naissent le rythme, l’humour, et l’émotion du film.

L’émotion passe parfois par des choses simples et fortes : la scène notamment où, ivre mort, le père surprend sa fille en tenue légère avec un petit escroc dont elle s’est épris (Clark Gable, dans un emploi de petite frappe qui lui était familier à cette époque), et la raccompagne vers la sortie sans prononcer le moindre mot. Ou, un peu plus tard, cette étreinte du père et de la fille, visiblement éprouvés d’avoir décidé de renoncer, pour leur salut commun, à ce qu’ils avaient chacun de plus précieux : l’alcool pour lui, et l’amour d’un joueur pour elle.

Les acteurs, tous parfaits (il y a aussi Leslie Howard dans le rôle du fiancé éploré), sont fort bien utilisés par un Clarence Brown très inspiré, qui alterne avec bonheur la légèreté et l’émotion, le quasi-vaudeville et le drame. Il pousse le bouchon un peu loin, par moments, avec en particulier quelques visions particulièrement morbides des ravages de l’alcool. Mais le film évite la plupart du temps les effets trop faciles.

L’introduction du personnage de Gable, dans un simulacre de procès, est particulièrement originale et réussie. Comme l’est la dernière séquence : de retour au tribunal, le père et la famille transforment un procès à haut risque en une tribune leur permettant à chacun de rompre avec leurs vieux démons, l’alcoolisme et l’excessive soif de liberté. On peut mettre en cause la pseudo-morale, mais qu’importe : Brown ne sermonne pas, mais réussit le beau portrait d’un père et de sa fille.

• Le film fait partie du volume 2 de la collection Forbidden Hollywood, disponible en DVD zone 1.

Maudite Aphrodite (Mighty aphrodite) – de Woody Allen – 1995

Posté : 1 juin, 2014 @ 6:12 dans 1990-1999, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Maudite Aphrodite

Décidément très en forme, Woody Allen, après son incursion dans l’Amérique de la prohibition, revient à ses principales interrogations : celles sur le couple et sa capacité à surmonter l’épreuve du temps et des tentations de la vie. C’est même tout le sujet du film, qui dévoile une facette encore nouvelle de l’esprit du cinéaste : certes torturé, mais aussi étonnamment léger et optimiste. C’est l’œuvre d’un réalisateur plus jeune que jamais, qui veut croire en l’amour éternel et en la famille : Maudite Aphrodite est l’un de ses films les plus apaisés.

Pas niais et simpliste pour autant : chez Allen, le chemin du bonheur n’est jamais droit et bien tracé. Il passe toujours par des mesquineries, des tromperies, des interrogations sur sa place dans la société, particulièrement difficile à trouver. Mais cette fois, dans le plus lelouchien de ses films, qui accorde une place primordiale à la musique (on sent, dans les interventions étonnantes de la conscience de Lenny/Woody qui prend la forme d’un « chœur antique » dirigé par F. Murray Abraham, que le cinéaste n’est pas loin de diriger enfin « sa » comédie musicale), Allen est d’humeur à accorder le happy end parfait à tous ses personnages, jusqu’aux plus anecdotiques.

Allen ne choisit pourtant pas la simplicité. Son personnage, marié à une femme belle et brillante (Helena Bonham Carter) qui le délaisse pour sa carrière, se laisse persuader d’adopter un enfant. Mais, comme dans toute tragédie (le genre auquel il se réfère pour mieux lui tordre le cou), il finit par céder à la pire des malédictions : l’obsession, celle de retrouver la mère biologique de cet enfant si formidable… Il la retrouve, et tombe de haut : c’est une bécasse, belle à damner, mais qui tourne des films de cul et se prostitue en rêvant d’une chimérique carrière d’actrice…

Dans le rôle de sa vie, Mira Sorvino est formidable, jouant admirablement la belle pas si idiote hantée par cet enfant qu’elle ne connaîtra jamais. Drôle de relation qui unit, sans qu’elle le sache, la mère qui a abandonné son enfant et l’homme qui l’a recueilli. Woody Allen a beau compliqué à l’extrême les relations entre ses personnages, leurs sentiments restent aussi simples que bouleversants : il y a, dans Maudite Aphrodite, des silences qui déchirent le cœur.

Il y a aussi des répliques irrésistibles (l’une des meilleures de sa filmographie, prononcée par Mira Sorvino qui offre un cadeau à Woody : « Tu ne veux pas une pipe, alors je t’ai pris une cravate »), et un mouvement envoûtant et unique, que résume parfaitement le chef de chœur dans la dernière réplique du film : « La vie est incroyable. Miraculeuse. Triste. Merveilleuse. » Tout comme le cinéma de Woody Allen…

 

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