La Danse du Lion (Kagamijishi) – de Yasujiro Ozu – 1935
Influencé par le cinéma américain à ses débuts, Ozu n’en est pas moins un cinéaste purement japonais qui a toujours inscrit ses films dans la culture de son pays. En 1935, il a déjà une solide carrière derrière lui, mais reste toujours fidèle au muet, contrairement à la plupart de ses compatriotes.
Ce court métrage semble être sa première incursion dans le cinéma « parlant » (il faudra attendre l’année suivante et Le Fils unique pour qu’il signe son premier long parlant). Musical, plutôt, puisqu’il s’agit de la « captation », comme on ne disait pas encore, de la « Danse du Lion » interprétée par Kikugorô Onoe VI, présenté comme l’acteur de kabuki le plus talentueux de sa génération.
Ozu ne s’est pas contenté de poser sa caméra au fond du théâtre : il y a là un vrai travail de cadrage et de montage pour communiquer le rythme du spectacle. La beauté de la danse et le talent de kikugorô Onoe sont assez difficiles à saisir pour un regard occidental peu habitué à ce genre de spectacle. Mais l’étrangeté des images et le rythme de la musique fascinent.
La voix off qui présente l’acteur-danseur et évoque la richesse de son art contribuent aussi à la réussite en mettant joliment dans l’atmosphère, introduisant peu à peu le personnage principal par une longue série de plans sur le théâtre vide, suivi de l’artiste « en civil » sur le point de se maquiller, le visage grave et impénétrable. Un témoignage étonnant et précieux.
• Le court métrage figure en bonus dans le coffret de 14 films d’Ozu édité récemment chez Carlotta.
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