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Il était un père (Chichi ariki) – de Yasujiro Ozu – 1942

Classé dans : 1940-1949,OZU Yasujiro — 22 mai, 2014 @ 14:00

Il était un père

Ozu signe une œuvre magnifique sur les liens entre un fils et son père. Un film d’une douceur extrême dominé par un sentiment d’amour filial éperdu d’une pureté et d’une beauté qui déchirent le cœur.
Après la mort de l’un de ses élèves lors d’un voyage scolaire, un professeur démissionne et se retire dans sa province natale. Il envoie son jeune fils, âgé d’une dizaine d’années, étudier dans la grande ville, tandis que lui retrouve un travail qui lui permet d’assumer l’éducation de son fils. Les années passent, et le fils n’a qu’un rêve : vivre avec son père.

Ozu a sans doute mis beaucoup de lui-même dans ce film, s’inspirant visiblement de sa propre expérience : son père l’avait envoyé étudier à Kyoto lorsqu’il avait 10 ans, et le jeune Yasujiro est resté en pension pendant dix années, ne retrouvant le cercle familial que lorsqu’il a eu 21 ans. Cet éloignement a-t-il eu une influence sur l’univers de Ozu, le cinéaste de la famille ? Il en a en tout cas eu un pour ce film, entièrement basé sur cette relation filiale à distance, qui est aussi l’histoire d’un passage : celui de l’enfance à l’âge adulte.

Cette relation père-fils est bouleversante, alors même que Ozu semble tout faire pour éviter l’émotion trop facile, et les rebondissements romanesques. La mort même de l’étudiant, pourtant tragique et à l’origine de cet éloignement, est ainsi filmé avec une pudeur et une économie de moyens étonnants : une série de plans quasi muets, qui se clôt par une vue de l’embarcation retournée sur le lac.

De la même manière, le père et son fils sont filmés avec une sublime simplicité, qui souligne constamment la pureté de leur amour. Lorsque ces deux-là son ensemble, le temps semble s’arrêter autour d’eux : les scènes de pêche à la ligne le montrent bien, symboles même de l’innocence perdue de l’enfance pour ce fils qui grandit loin de son père.

A grand coup d’ellipses audacieuses, Ozu filme le poids du temps qui passe, cruel lorsqu’il se met entre le père et son fils. Avec toujours ces plans sur des objets quotidiens qui soulignent la fugacité de ce qui se passe, et l’inéluctabilité de la fin.

Le film raconte une vie de sacrifice, celle d’un père qui cherche constamment à s’effacer pour laisser son fils trouver sa place dans la société, alors que ce fils ne vit que dans le souvenir de son enfance insouciante auprès de ce père qu’il chérit et idéalise sans doute, comme il idéalise ces parties de pêche éphémères. L’amour et la douleur ne sont jamais très loin, dans ce qui est sans doute l’une des œuvres les plus personnelles et les touchantes d’Ozu.

• Beaucoup de bonus passionnants pour ce film qui fait partie du coffret de 14 films d’Ozu édité chez Carlotta : des présentations et analyses par la traductrice Catherine Cadou, le critique Jean-Michel Frodon et le spécialiste Jean Douchet. A voir aussi, un beau portrait de Chisu Ryu, l’acteur fétiche d’Ozu, le père d’Il était un père.

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