L’Enquête (The International) – de Tom Tykwer – 2009
Réalisateur souvent agaçant (Cours Lola Cours, Le Parfum), Tom Tykwer se débarrasse de ses tics pour ce thriller sous influence des productions américaines des années 70. Il y a quelque chose des Trois jours du Condor, dans cette enquête qui met aux prises un homme de dossier avec un système basé sur le secret, le mensonge et la manipulation. A ceci près que la CIA a laissé la place aux grandes banques internationales, qui détiennent le pouvoir en ce début du troisième millénaire, et que le « terrain de jeu » ne se cantonne plus au territoire américain, mais se déroule à l’échelle de la planète.
Avec ce thriller international, Tykwer dénonce donc la toute-puissance du système bancaire, son cynisme, et la propension des puissants à jouer avec les peuples en crise pour consolider leurs positions. Bref, rien de neuf sous le soleil : le film creuse un sillon déjà bien tracé, sans apporter grand-chose de nouveau. Le brave et droit Clive Owen, agent d’Interpol lancé dans une véritable quête, est d’une pureté presque angélique, mais devra se résoudre à tourner le dos à ses illusions pour que justice soit faite. Sauf que la justice, bien sûr, est une notion bien illusoire.
Quand il se prend un peu trop au sérieux, Tykwer est assez emmerdant, et jamais très fin. Mais le film est avant tout un très bon thriller paranoïaque, admirablement tendu. En tant que pur film de genre, L’Enquête est une vraie réussite, qui prend le parti de nous emmener aux quatre coins du monde (Berlin, Paris, New York, Istanbul…), ce qui donne au réalisateur l’occasion de filmer de bien belles images.
Dans le rôle d’un procureur ricain, Naomi Watts ne force pas son talent, mais Clive Owen apporte ce mélange de force et de fragilité qui le caractérise si bien, faisant de son personnage un homme décidé et tourmenté, aussi convaincant dans les échanges verbaux que dans les scènes d’action, rares mais haletantes.
Un sommet dans le genre : l’extraordinaire fusillade dans le musée Gugenheim, durant laquelle Tykwer révèle un talent insoupçonné, utilisant les volumes du bâtiment et faisant virevolter la caméra d’une manière aussi élégante qu’impressionnante, pour signer une sorte de ballet virtuose et hyper violent. Rien que pour cette scène d’anthologie, L’Enquête est à voir.
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