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Les Croix de bois – de Raymond Bernard – 1932

Classé dans : 1930-1939,BERNARD Raymond,VANEL Charles — 5 avril, 2014 @ 15:42

Les Croix de bois

Cette adaptation d’un roman de Roland Dorgelès est d’un réalisme saisissant. En suivant au plus près le quotidien d’un jeune étudiant engagé volontaire, qui se retrouve soudainement au cœur des combats, sans y être vraiment préparé, Raymond Bernard nous plonge au cœur du chaos. Des explosions et détonations au loin, des batailles dont on n’a qu’une vision tronquée et souvent incompréhensible, des enjeux grotesques, des morts par dizaines pour avancer de quelques mètres et reprendre un village dont il ne reste que des ruines, ou un cimetière aux trous béants qui semble n’attendre que ces soldats perdus…

La Grande Guerre est encore fraîche dans les esprits, et plusieurs comédiens ont réellement connu l’enfer des tranchées : Pierre Blanchar lui-même, mais aussi Charles Vanel et Antonin Artaud, que l’on avait déjà vu dans Verdun, vision d’histoire. Raymond Bernard a d’ailleurs choisi de tourner dans des décors réels, recreusant des tranchées dont il restait encore des traces profondément marquées.

Le film est une chronique de la guerre, et ne raconte pas à proprement parler une histoire. Mais le cinéaste utilise pleinement le langage cinématographique. Le son encore jeune pour commencer, qui tient une place prépondérante (les explosions omniprésentes, le cri de ce soldat blessé abandonné dans le no man’s land, les coups de pioches des Allemands qui creusent une galerie sous la tranchée…). Mais aussi le montage et les gros plans qui soulignent constamment la peur, et même les surimpressions, utilisées pour invoquer la mort, elle aussi omniprésente.

Raymond Bernard excelle à faire ressentir cette peur, et la proximité de la mort. Même dans les quelques moments d’accalmie, où la vie semble reprendre ses droits.

Grand cinéaste, Bernard est peut-être moins à l’aise ici lorsqu’il s’agit de diriger ses acteurs. Dans les scènes dialoguées, en tout cas, trop souvent faites de tirades romantiques à l’excès, que Pierre Blanchar surtout débite avec une emphase imbuvable. Mais dans ses silences, l’acteur, comme l’ensemble de la distribution, est formidable.

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