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Wyatt Earp (id.) – de Lawrence Kasdan – 1994

Classé dans : 1990-1999,COSTNER Kevin,KASDAN Lawrence,WESTERNS,Wyatt Earp / Doc Holiday — 1 avril, 2014 @ 15:06

Wyatt Earp

D’accord, il y a bien deux ou trois longueurs, au cours de ces trois heures et quelque de projection. Mais rien, vraiment rien, qui puisse justifier la piètre réputation de ce western déjà tombé dans l’oubli. On ne peut pourtant que saluer l’ambition de Kasdan, rare dans ce genre, qui a osé oublier le mythe immortalisé par Ford (La Poursuite infernale), Sturges (Règlement de compte à O.K. Corral), pour proposer un portrait sans doute plus proche de la réalité, et surtout nettement plus nuancé.

Wyatt Earp est un homme courageux et par moments héroïques. C’est aussi un être dur et intransigeant, qui, tout au long d’une vie bien remplie, plonge dans l’alcool, devient un clochard voleur de chevaux, décime des troupeaux de bisons pour leurs peaux (le John Dunbar de Danse Avec Les Loups en pleurerait), laisse éclater sa vengeance, abat des hommes désarmés…

Quant au fameux règlement de compte de O.K. Corrall, c’est sans doute la version la plus anti-glamour que l’on ait pu en voir : huit hommes face à face, à deux mètres de distance, qui mitraillent sans vraiment viser… ne laissant debout que l’un d’eux : Earp lui-même. On est loin, très loin, des tireurs d’élite qui font la légende de l’Ouest.

Un parti-pris intéressant que Kasdan tient de bout en bout : jamais il ne cède à la tentation de faire de Earp un vrai héros. Au contraire, plus le personnage cède à ses démons, plus ses proches souffrent, ou meurent, et plus le malheur s’installe autour de lui. La rédemption, ici, passera par la vengeance la plus abjecte. Et la violence, dans Wyatt Earp, n’est pas non plus édulcorée : les morts sont douloureuses, souvent grotesques, et les survivants n’ont rien de glorieux.

La distribution est impressionnante : Gene Hackman, Tom Sizemore, Michael Madsen, Isabella Rossellini… Et dans le rôle de Doc Holliday, le trouble compagnon de Earp, tubard qui n’en finit pas de mourir, Dennis Quaid, méconnaissable. Le visage décharné, la toux rauque, il réussit une belle performance d’acteur, malgré un personnage mal dessiné, un peu brouillon. On sent bien que Kasdan lui préfère Earp lui-même : sa force, ses doutes, toute la complexité d’un mythe absolu qui est aussi un homme faillible.

Dans le rôle, Kevin Costner est remarquable. Aussi crédible en jeune homme un peu naïf et plein de beaux rêves, qu’en marshall revenu de tout à la présence magnétique et impressionnante. Lui qu’on a souvent comparé (dans ces années-là en tout cas) à un Gary Cooper, prouve qu’il peut également marcher dans les traces de John Wayne.

Quant à Kasdan, dont on a beaucoup reproché l’académisme lors de la sortie du film, le temps lui a donné raison : c’est avec un classicisme et un sens de l’image très fordien qu’il raconte cette épopée intime et impressionnante. Décidément, Wyatt Earp mérite d’être redécouvert.

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