Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour février, 2014

Le retour de Frank James (The Return of Frank James) – de Fritz Lang – 1940

Posté : 5 février, 2014 @ 2:31 dans 1940-1949, CARRADINE John, LANG Fritz, TIERNEY Gene, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Retour de Frank James

1939, année de la résurrection du western, a été marquée par de nombreux triomphes du genre, à la fois artistiques et populaires. C’est le cas de Jesse James, le brigand bien-aimé, chef d’œuvre signé Henry King à la distribution impressionnante. Un an après ce succès, Zanuck met en chantier une suite, qu’il confie à Fritz Lang, qui avait déjà dirigé Henry Fonda dans J’ai le droit de vivre.

Pas de tromperie sur la marchandise : Le Retour de Frank James est bien la suite directe du film de King. La toute première scène est d’ailleurs tirée de Jesse James : on y reconnaît Tyrone Power, lorsqu’il se fait tirer dans le dos par le lâche Bob Ford, joué par John Carradine. Le rôle de Power s’arrête là, bien sûr. Mais Lang retrouve une demi-douzaine de comédiens du premier film autour de Henry Fonda, personnage un peu en retrait dans le film de King qui prend une toute autre carrure ici : Carradine, Donald Meek, Henry Hull, J. Edward Bromberg, Ernest Whitman.

Pourtant, sur ce projet hyper balisé, dans un univers dont un autre que lui a posé les bases, Lang signe encore une fois un film qui porte indéniablement sa marque. De cette suite d’un western génial, le cinéaste fait une réflexion toute personnelle sur la justice, sur la place de l’individu face au poids de la société : des thèmes on ne peut plus langiens qui reviennent film après film, y compris dans ses premières années hollywoodiennes.

On retrouve aussi, très présent, un autre motif omniprésent dans le cinéma de Lang : l’importance de la presse, et la manipulation de la vérité. Pour son tout premier rôle au cinéma, la toute jeune Gene Tierney incarne ainsi une jeune journaliste qui se fait manipuler par Frank James. Quant à l’éditeur de journal déjà présent dans le premier film (Henry Hull), sa gazette semble n’être qu’une tribune très libre et très contestable qui fait bien de cas des faits…

Dans ce film, plus encore que dans le précédent, on joue avec l’Histoire, avec la réalité. Décidé à venger son frère, Frank James retrouve Bob Ford et son frère dans un petit théâtre où ils tiennent leurs propres rôles dans une pièce qui revisite très librement la mort de Jesse James. Cette séquence, superbement filmée et éclairée, est l’une des plus belles du film, confrontation dramatique entre la réalité et la fiction.

Le film n’est pas avare en poursuites, en fusillades et en action, mais le scénario prend une autre direction dans le dernier tiers, transformant le western en un film de prétoire où chaque personnage trouve sa place. Ce pourrait être bancal. Et le fait est que des trois westerns de Lang (il enchaînera avec Les Pionniers de la Western Union et tournera quelques années plus tard l’excellent L’Ange des maudits), celui-ci n’est pas le plus fort. Mais ce petit film langien, émaillé de belles idées, est passionnant.

• DVD dans la collection Western de Légende de Sidonis, avec des présentations par Bertrand Tavernier et Patrick Brion. Ce dernier évoque d’ailleurs le film de King, en affirmant qu’il ne montre pas la mort de Jesse James. Ce qui tend à démontrer qu’il existe plusieurs versions du film de King, puisque celle que j’ai vue récemment montre bel et bien Jesse James se faire tuer.

Une autre femme (Another woman) – de Woody Allen – 1988

Posté : 5 février, 2014 @ 2:26 dans 1980-1989, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Une autre femme

Encore une merveille signée Woody Allen, et une étape importante dans sa filmographie. Pour la première fois, il s’éloigne de l’influence de Bergman pour une non-comédie. Dans ce beau portrait d’une quinquagénaire en pleine crise existentielle, Allen met beaucoup de ses propres démons, que l’on retrouve de films en films : la difficulté de trouver sa place dans la société, l’angoisse de passer à côté de sa vie, la complexe et fragile alchimie du couple…

Le résultat est absolument brillant. Le film est pourtant basé sur une idée toute simple : l’héroïne, Gena Rowlands, est un écrivain qui s’est installé dans un appartement pour écrire son livre. Par un curieux jeu d’acoustique, les canalisations de l’immeuble lui permettent d’entendre distinctement toutes les conversations d’un psychologue avec ses patients. Les témoignages de l’une d’elles (Mia Farrow) la plongent dans une introspection inattendue, qui l’amène à remettre en cause tout ce qui lui semblait acquis dans la vie.

Réalité, souvenirs, rêves, fantasmes se mélangent dans ce portrait intime d’une délicatesse infinie. Gena Rowlands est sublime dans le rôle de cette femme qui réalise peu à peu que son incapacité à se laisser aller à ses sentiments l’ont poussée à se mentir à elle-même, travestissant ses propres souvenirs.

C’est souvent le même sujet que l’on retrouve, de Annie Hall à Blue Jasmine. Pourtant, chaque œuvre est une pépite unique. Il y a dans Another Woman un ton qui ne ressemble pas aux précédents films d’Allen. Une petite musique nostalgique et mélancolique, mais pleine d’allant. Des couleurs automnales et chaudes qui collent parfaitement à ce personnage, qui se découvre au fur et à mesure qu’elle prend des claques…

Danger immédiat (Clear and present danger) – de Phillip Noyce – 1994

Posté : 5 février, 2014 @ 2:20 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, ACTION US (1980-…), FORD Harrison, NOYCE Philip | Pas de commentaires »

Danger immédiat

Cette suite par d’emblée dans la bonne direction : creuser le sillon qui n’avait été qu’ébauché dans Jeux de guerre, lors d’une séquence mémorable de tuerie virtuelle. Dans ce nouveau « Jack Ryan », l’analyste de la CIA, promu directeur adjoint suite à la maladie de son mentor (toujours joué par James Earl Jones), est confronté au cynisme des plus hautes sphères de l’Etat, lancées dans une guérilla sans morale face aux barons de la drogue.

Pris entre deux feux, Ryan est plus que jamais le symbole de la pureté et de l’innocence. Trop parfois, quitte à devenir la caricature de lui-même lors d’une tirade mémorable : « Ce n’est pas noir ou blanc, c’est bien ou mal ! »

Toujours aux manettes (hélas !), Phillip Noyce n’est pas devenu un grand réalisateur en deux ans. Le manque de rythme, l’anonymat de la mise en scène, la manière souvent convenue de filmer les dialogues… Tout cela plombe un film par ailleurs trop long.

Mais le scénario, plus complexe et plus ambitieux, est une réussite. Et puis le film, en revenant aux fondamentaux de l’œuvre de Tom Clancy, relègue la vie privée de Ryan au second plan, et avec elle la femme de Ryan, toujours interprétée par une Anne Archer au visage curieusement momifié, assez insupportable.

Ses face-à-face avec Harrison Ford en sont presque dérangeants, tant le contraste entre leurs deux jeux est frappant. Elle totalement inexpressive, lui absolument remarquable. Il est, cette fois encore, la raison d’être et le meilleur atout de cette honnête séquelle.

• A l’occasion de la sortie en salles de The Ryan Initiative, Paramount vient d’éditer un coffret, DVD ou blue ray, regroupant les quatre premiers films consacrés à Jack Ryan (A la poursuite d’Octobre rouge, Jeux de guerre, Danger immédiat et La Somme de toutes les peurs), avec des interviews d’époque plutôt intéressantes, consacrées à la gestation des films.

Jeux de guerre (Patriot Games) – de Phillip Noyce – 1992

Posté : 5 février, 2014 @ 2:16 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, ACTION US (1980-…), FORD Harrison, NOYCE Philip | Pas de commentaires »

Jeux de guerre

Après le formidable A la poursuite d’Octobre Rouge, les producteurs ont rapidement mis en chantier une suite des aventures de Jack Ryan. Deux suites, même : les droits de Jeux de guerre et de Danger immédiat avaient été achetés à Tom Clancy, et des scénarios ont été commandés pour les deux. Finalement, il a été décidé de privilégier le premier, davantage axé sur la vie privé de Jack Ryan.

Sauf que Alec Baldwin, qui souhaitait monter sur scène, a rejeté l’offre, et qu’il a fallu lui trouver un remplaçant. C’est Harrison Ford qui s’y colle. La star avait déjà été approchée pour le précédent film, mais il estimait alors que le seul rôle intéressant était celui de l’officier russe finalement joué par Sean Connery. Cette deuxième chance lui vaudra l’un de ses plus gros succès populaires de la décennie.

Le film n’a pourtant pas bonne réputation. Beaucoup lui reprochent son manichéisme outrancier, et la condamnation sans nuance de l’IRA. Cette critique est un peu excessive et injuste. Manichéen, le film l’est assurément. Mais il ne fait pas des indépendantistes irlandais des monstres absolus. Le grand méchant, joué par Sean Bean, n’est finalement mû que par une soif de vengeance personnelle, un méchant plutôt classique du cinéma américain. Quant au groupuscule auquel il appartient, qui tente de tuer un membre de la famille royale, il s’agit d’une branche dissidente de l’IRA, qui marque de manière radicale sa rupture avec le mouvement officiel, dès les premières séquences.

Cette précision faite, on peut trouver bien d’autres défauts au film, dus avant tout à la personnalité du réalisateur : Phillip Noyce, pas vraiment un foudre de guerre, faiseur un peu mollasson que le monde a découvert grâce à son Calme Blanc made in Australia, et qui tournera par la suite des films oubliables comme Le Saint ou Salt. Avec une propension affirmée à passer à côté de ses sujets…

D’un thème fort (jusqu’où un homme « normal » est-il prêt à aller pour défendre sa famille, et « faire ce qui est bien » ?), Noyce tire un thriller honnête et assez efficace, mais anonyme et sans la moindre aspérité à laquelle se raccrocher.

Pour Harrison Ford, le film inaugure en quelque sorte une décennie toute entière consacrée à ces thrillers dont il est le héros, le sujet, et la seule raison d’être. Presque un genre en soi : « le thriller des années 90 avec Harrison Ford monsieur tout-le-monde intègre et droit qui se retrouve plongé au cœur de la violence ». Et dans ce rôle, bien sûr, il est parfait.

Il y a quand même deux grandes scènes très réussies. La première d’abord : celle où Ryan, témoin d’un attentat, ne peut s’empêcher d’intervenir. Et surtout celle où il assister, par écran interposé, au massacre de terroristes qu’il a lui-même localisés, et dont on ne voit que de vagues silhouettes à l’écran.

Une séquence quasi-muette et statique, mais qui est la seule à rompre avec le manichéisme du film. Soudain, le gentil sans peur et sans reproche laisse transparaître doutes et dégoût, en réalisant que les méthodes que son camp utilise ne sont pas si différentes de celles des monstres qu’il traque…

• A l’occasion de la sortie en salles de The Ryan Initiative, Paramount vient d’éditer un coffret, DVD ou blue ray, regroupant les quatre premiers films consacrés à Jack Ryan (A la poursuite d’Octobre rouge, Jeux de guerre, Danger immédiat et La Somme de toutes les peurs), avec des interviews d’époque plutôt intéressantes, consacrées à la gestation des films.

September (id.) – de Woody Allen – 1987

Posté : 3 février, 2014 @ 6:31 dans 1980-1989, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

September

Woody Allen renoue avec l’influence bergmanienne qui lui avait déjà inspiré Interiors, quelques années plus tôt. Le thème est sensiblement le même, le ton aussi, ainsi que le décor : une vieille maison de famille dans laquelle se retrouvent des personnages en crise. Mais comme toujours chez Allen, loin de se répéter, son cinéma se nourrit de lui-même : ce film s’inscrit dans la lignée de tous ceux qu’il a déjà réalisé, maillon différent, mais totalement cohérent.

Il y a du Intérieurs, mais aussi du Hannah et ses sœurs, pour la relation entre une fille et sa mère, ancienne vedette à la vie dissolue. Il y a aussi du Comédie érotique d’une nuit d’été : ce huis-clos dans une (magnifique) maison à la campagne se déroule à la fin d’un été qui aura été une parenthèse dans la vie des personnages qui s’apprêtent tous à retrouver l’effervescence de New York, ou la monotonie de leur vie.

Un été que personne n’oubliera, marqué par des passions contrariées, des ressentiments qui resurgissent… On est bien chez Allen : chaque personnage a son proche cousin dans les précédents films qu’il a tournés. Mais comme toujours, il y a un petit quelque chose de radicalement nouveau, y compris dans sa manière d’appréhender la mise en scène. Cette gageure de ne jamais quitter la maison par exemple, procédé théâtral qui ne fait que renforcer l’éphémère intimité des personnages, dont on sait qu’ils finiront par quitter cette maison, et donc retrouver leur place dans le monde.

Il y a aussi un parti-pris étonnant : la relation entre la fille (Mia Farrow) et sa mère (Elaine Stritch) s’inspire de « l’affaire Lana Turner ». Adolescente, la première aurait tué le gangster avec lequel sa mère vivait, comme la fille de Lana Turner a tué le fameux Johnny Stompanato lorsqu’elle avait 14 ans. Un fait divers qui inspire Woody Allen, qui imagine les effets dévastateurs d’un tel acte sur l’avenir de l’ado-assassin.

Chaque personnage a ses fantômes, ses angoisses : la mère qui reconnaît son dégoût de vieillir lors d’une scène bouleversante face à son miroir ; son ami (Jack Warden) angoissé par l’absurdité de l’existence dans un univers qui ne repose que sur le hasard ; la meilleure amie (Diane Wiest) tiraillée entre sa loyauté et son besoin de plaire encore…

Superbe, cette non-comédie de Woody Allen est d’une justesse et d’une douleur déchirantes.

Le Brigand bien-aimé (Jesse James) – de Henry King – 1939

Posté : 3 février, 2014 @ 6:25 dans 1930-1939, CARRADINE John, KING Henry, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le brigand bien aimé

1939 est une année miraculeuse pour le western. Artistiquement mort depuis la fin du muet, le genre se limitait jusqu’alors à une interminable série de nanars pour la plupart sans la moindre ambition. Et puis cette année-là, une poignée de grands cinéastes offrent au western une nouvelle jeunesse, et en font l’un des genres majeurs du cinéma américain, ce qu’il ne cessera plus d’être dans les quinze années qui viennent : c’est l’année du Stagecoach de John Ford bien sûr, mais aussi de Pacific Express de Cecil B. De Mille, et de ce Jesse James signé par un Henry King très inspiré.

Ce modèle de western revisite le mythe du célèbre brigand. Le film de King évite tout angélisme, mais c’est un anti-héros romantique et profondément américain qu’il filme ici. C’est aussi, et surtout, l’histoire d’amour entre le plus célèbre des bandits, et l’Amérique. Il y a quelque chose du Tom Joad des Raisins de la colère dans ce personnage victime de son époque, mais qui sait aussi saisir les opportunités d’un pays qui est à la fois une terre d’accueil et un environnement impitoyable.

« Si la légende est plus belle que l’histoire, imprimez la légende » pourrait être l’épitaphe de ce chef d’œuvre, qui annonce par bien des aspects L’Homme qui tua Liberty Valance. Et pas seulement parce qu’on y retrouve un personnage très semblable de journaliste fort en gueule.

Le film de King, comme plus tard celui de Ford, évoque un pays sauvage sur le point de laisser la place à la civilisation et à l’ordre. Il parle d’un pays qui avance dans son histoire, du progrès en marche et de ses victimes. En l’occurrence, celles du chemin de fer, souvent montré dans les westerns comme le grand œuvre qui a unifié l’Amérique, mais dont King montre le sombre revers avec beaucoup plus de cynisme.

Dès les premières images, la cruauté de ce progrès que personne n’arrêtera apparaît, avec le génial Brian Donlevy, agent sans scrupule chargé d’exproprier à moindre coût, et en utilisant n’importe quels moyens, les fermiers installés sur le tracé de la future voie ferrée. La famille de Jesse James est de ceux-là. C’est le début d’un engrenage fatal. Jesse James (Tyrone Power) et son frère Frank (Henry Fonda, en retrait), qui ont résisté, sont obligés de fuir, leur mère (Jane Darwell, qui sera justement celle de Tom Joad dans le film de Ford l’année suivante), est tuée, et les deux frères deviennent vite les hors-la-loi les plus recherchés du pays.

A grands coups d’ellipses magnifiques, le film retrace un parcours de dix années marquées par la violence et la tragédie, par des rencontres avec des hommes sans morale et sans courage (Donald Meek, et John Carradine en Bob Ford) et quelques belles relations qui illustrent ce qui aurait pu être dans un meilleur monde : une femme belle et aimante, une famille à peine esquissée, un shérif bienveillant (Randolph Scott) qui entame avec Jesse James une relation à la De Niro/Pacino dans Heat.

Quant à la mise en scène de King, elle est absolument magnifique. Aussi inspiré dans les passages intimes que dans les spectaculaires morceaux de bravoure (notamment une fuite à cheval, au sommet d’une falaise), le cinéaste fait plus que redonner ses lettres de noblesse au western : il en signe l’un des grands chef d’œuvre.

Le succès du film incitera les producteurs à lancer une suite dès l’année suivante : ce sera Le Retour de Frank James, toujours avec Henry Fonda, John Carradine, Donald Meek et quelques autres, qui sera le premier des trois westerns réalisés par Fritz Lang.

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