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Archive pour février, 2014

Minuscule, la vallée des fourmis perdues – de Thomas Szabo et Hélène Giraud – 2014

Posté : 19 février, 2014 @ 12:54 dans 2010-2019, DESSINS ANIMÉS, GIRAUD Hélène, SZABO Thomas | Pas de commentaires »

Minuscule

Et si le meilleur film d’animation de ces dernières années était français ? Les créateurs de la géniale série télé Minuscule (à découvrir de toute urgence, que vous ayez ou non des enfants) passent au grand écran et au long métrage avec le même bonheur que celui qu’ils procurent depuis quelques années avec leurs petites pastilles télévisuelles.

Le principe reste le même. Pour ceux qui ne connaissent pas encore : les héros sont des coccinelles ou des fourmis (réalistes mais créées par ordinateur) qui vivent des aventures sans paroles dans des décors réels. Ce premier long métrage reprend le même principe, et ne perd pas une once d’efficacité ou d’inventivité en route. Au contraire, en passant au long, on gagne en profondeur et en possibilités.

C’est l’histoire d’une coccinelle qui, à peine née, se retrouve privée d’une aile et condamnée à vivre au ras du sol avec des fourmis qu’elle sauve d’un terrible lézard. Ensemble, elles tenteront d’acheminer une boîte de sucre oubliée dans la forêt vers leur fourmilière, trésor de guerre que convoiteront les terribles fourmis rouges…

Un vrai conte à l’ancienne : il y a quelque chose du vilain petit canard dans cette petite chose vulnérable qui apprend la vie dans une famille qui n’est pas vraiment la sienne. Mais c’est un conte résolument d’aujourd’hui, qui utilise le langage cinématographique moderne, et se nourrit de la culture populaire.

Voyage initiatique, hymne à la nature (le film est tourné dans les sublimes décors des parcs nationaux du Mercantour et des Ecrins), Minuscule est aussi l’œuvre d’authentiques cinéphiles qui ponctuent le voyage de citations cinématographiques. La fourmilière assiégée et les terribles combats semblent tout droit sortis du Seigneur des Anneaux ; l’attaque du lézard rappelle le King Kong originel ; la poursuite cite La Chevauchée fantastique ; la partie dans la rivière évoque à la fois La Rivière sans retour, Les Dents de la mer et Predator… Plus inattendue encore, la coccinelle suit une araignée dans une petite maison de poupée qui ressemble étrangement à l’inoubliable maison de Norman Bates dans Psychose

Minuscule fourmille de ces références, habilement détournées. Mais c’est aussi, heureusement, un film tout simplement jubilatoire, drôle, émouvant et gentiment effrayant. Un plaisir que l’on partage, sans retenue, quel que soit l’âge. Ce n’est vraiment pas si courant.

L’Homme des vallées perdues (Shane) – de George Stevens – 1952

Posté : 14 février, 2014 @ 4:30 dans 1950-1959, STEVENS George, WESTERNS | Pas de commentaires »

L’Homme des vallées perdues

Classique du western, vanté par Clint Eastwood depuis des décennies, Shane a largement inspiré Pale Rider, remake officieux qui reprend tel quel de nombreuses scènes, situations et personnages du film de George Stevens. Le héros, pour commencer : cavalier au passé mystérieux qui arrive de nulle part et trouve sa place au cœur d’une communauté de colons dont la tranquillité est menacée par l’avidité d’un riche propriétaire.

On y retrouve l’amour de la terre et de la famille, et le goût de l’effort et de l’entraide qui éclate lors de séquences jumelles dans les films d’Eastwood et Stevens : là, le père de famille et l’étranger qui unissent leurs forces pour casser un bloc de pierre ; ici, les deux hommes qui viennent à bout, ensemble, d’une vieille souche d’arbre… Pour ceux qui, comme moi, ont grandi avec les films d’Eastwood, Shane a quelque chose du graal que l’on guette au détour des programmations des ciné-clubs, ou des sorties DVD.

Le découvrir, tardivement, permet d’en mesurer l’impact sur tout un pan du western d’après 1952. Car tout en respectant les codes du genre, reprenant la traditionnelle opposition des puissants éleveurs et des petits fermiers, déjà au cœur des westerns les plus anciens (Straight Shooting de Ford déjà, en 1917…), Shane pose les bases de films plus matures, plus pausés, moins ouvertement spectaculaires.

La mise en scène de George Stevens elle-même évite soigneusement toute surenchère. Classique et apaisée, elle se contente de souligner la complexité des personnages, et la beauté des valeurs les plus pures véhiculées ici. Car les personnages, tous autant qu’ils sont, n’aspirent qu’à vivre en paix. Les colons bien sûr, quel que soit leur caractère : le brave père de famille incarné par Van Heflin, ou le fort en gueule joué par l’éternelle victime Elisha Cook Jr. Même la brute (Ben Johnson) révèle tardivement une touchante humanité, tandis que le « tyran » Ryker est un méchant bien complexe…

Le film est aussi un plaidoyer pour une vie simple, et contre les armes. Comme le souligne la douce épouse jouée par Jean Arthur, « cette vallée serait plus calme si personne ne portait d’arme, y compris toi », adressé à l’étranger.

Shane, c’est Alan Ladd, dans son plus beau rôle westernien. Un homme qui semble éternellement rattrapé par un passé dont on ne saura rien, et qui trouve auprès de ces colons quelque chose qu’il n’a sans doute jamais eu : un foyer, une famille. Accueilli comme un frère par Van Heflin, comme un ami par Jean Arthur, et comme un deuxième père par leur fils, joliment interprété par Brandon de Wilde, gamin au regard incroyable.

C’est la relation entre l’enfant et l’homme sans attache qui est au cœur de ce film magnifique. Ces deux-là se trouvent parce qu’ils représentent chacun quelque chose qui leur manque : un modèle pour l’un, et l’innocence perdue pour l’autre. Le film est beau, parce qu’il ne triche pas avec les sentiments. Pour Shane, ce foyer ne peut être qu’une douce parenthèse. Mais la totale bienveillance qui s’en dégage n’a rien d’artificielle, et n’enlève rien à la douleur qu’il trimballe.

• Paramount a édité un blue ray de fort belle facture, mais sans le moindre bonus.

Alice (id.) – de Woody Allen – 1990

Posté : 14 février, 2014 @ 4:23 dans 1990-1999, ALLEN Woody, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Alice

Après le magnifique Crimes et délits, Woody Allen confirme qu’il est dans une période créatrice exceptionnelle. Il offre à Mia Farrow, sa muse depuis dix ans, l’un de ses plus beaux rôles, l’antépénultième sous sa direction. Une femme qui a abandonné ses rêves de jeunesse pour épouser un homme riche et séduisant qui la garde comme on garde un trophée, la protégeant et la coupant de tout.

Alice est à la fois la sœur jumelle et le double inversé de l’héroïne de Blue Jasmine. L’épouse d’un homme riche qui mène une vie oisive et vaine. Un personnage purement allenien : son œuvre est peuplée de cette classe supérieure aux apparences impeccables, mais aux affres insupportables. Mais celle-ci aspire à autre chose, quelque chose de plus profond, de plus authentique.

Comme souvent chez Allen, son film est basé sur une idée forte et originale : la rencontre d’Alice avec un médecin chinois qui lui prescrit des herbes (« très légères, très naturelles ») aux effets pour le moins étranges : des herbes qui transforment cette grande timide en une allumeuse sans limite ; des herbes qui la rendent invisibles et lui permettent d’écouter ce que ses proches disent d’elles, fantasme éternel et dangereux ; des herbes qui poussent ceux qui les boivent à tomber amoureux d’elle ; ou encore des herbes qui font venir le fantôme de celui qu’elle aima avant de se marier.

Dans le rôle de l’amant disparu, apparition fantômatique, Alec Baldwin est particulièrement touchant. En quelques scènes seulement, il nous offre l’image de ce qu’Alice cache derrière ses apparences d’épouse discrète et dévouée : une passionnée refoulée, qui se ment à elle-même depuis vingt ans.

Alice est un film profondément original. Il aborde pourtant des thèmes que l’on retrouve dans la plupart des films de Woody Allen : la difficulté de former un couple, ou de vivre ensemble, et le besoin d’être en accord avec ce que l’on est au fond de soi.

Personnage magnifique parce qu’on la voit se révéler peu à peu à elle-même, Alice est en quelque sorte la synthèse de tout ce que Mia Farrow a joué jusqu’à présent sous la direction de Woody Allen. Avec ce film, le cinéaste ne nous offre pas seulement une belle leçon de cinéma. Il nous fait cadeau d’une magnifique leçon de vie.

Double Chance (Lucky Partners) – de Lewis Milestone – 1940

Posté : 14 février, 2014 @ 12:44 dans 1940-1949, MILESTONE Lewis | Pas de commentaires »

Double chance

Charmante bluette qui fut un gros succès populaire en 1940. Dans la lignée des grandes comédies romantiques de l’époque, ce beau film furieusement joyeux de Lewis Milestone est l’adaptation d’une pièce de Sacha Guitry, qui en avait lui-même déjà tiré un film en 1935. Et c’est vrai que l’histoire, dans sa première partie en tout cas, porte indéniablement sa marque.

Tout commence par un simple « bonne chance », lancé par un inconnu à une jeune femme qu’il croise dans la rue. Sans autre raison qu’un pur élan de gentillesse désintéressé. Mais ces deux simples mots semblent réellement avoir porté chance à la belle passante, qui se persuade que cet homme est à ce point un porte-bonheur pour elle qu’ils ne peuvent que gagner s’ils achètent ensemble un ticket de loterie. L’homme, un petit portraitiste au passé obscur, accepte à une condition : s’ils gagnent, la jeune femme partira avec lui pour un voyage à travers les Etats-Unis. En tout bien tout honneur, la belle étant fiancée…

Cette belle idée de comédie est du pur Guitry. La suite est de la pure romance hollywoodienne. On imagine bien comment tout cela va finir, et on n’est pas déçu. Mais le scénario, et la mise en scène de Milestone, réservent de jolies surprises sur la route, notamment une amusante parodie de procès dont l’enjeu est d’amener les deux personnages principaux, joués par Ginger Rogers (alors grande star de la RKO) et Ronald Colman, à se déclarer leur amour.

Le film oscille entre une jolie tendresse romantique, et un humour burlesque assez sophistiqué. Il y a un ton particulièrement joyeux, un rythme très enlevé, dans ce « feel good movie » marqué aussi par des seconds rôles réjouissants : le juge, rôle taillé sur mesure pour Harry Davenport ; le fiancé, gentille brute et niais envahissant, un beau rôle pour Jack Carson… et même un couple de barmen sans doute homosexuels auxquels Leon Belasco et Edward Conrad apportent une belle fantaisie.

On peut avoir le droit de préférer la veine plus sombre de Milestone (Le Général est mort à l’aube, ou L’Emprise du crime), mais ce petit film vous colle un large sourire sur les lèvres. Rien de plus, mais c’est déjà beaucoup.

• Le film fait partie de la collection bleue RKO des Editions Montparnasse, avec une présentation de Serge Bromberg.

Bodyguard (The Bodyguard) – de Mick Jackson – 1992

Posté : 14 février, 2014 @ 12:40 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, COSTNER Kevin, JACKSON Mick | Pas de commentaires »

Bodyguard Costner

“And IIIIIIIIiiiiIIIIIIIII will alwaaaayyyyyyys love you » chantait Whitney Houston devant un Kevin Costner stoïque mais troublé. C’était déjà les années 90, mais on jurerait qu’on était encore dans les années 80 : son cinéma sirupeux, ses chansons calibrées pour la FM, ses couples improbables. Triomphe lors de sa sortie en 1992, Bodyguard est un sommet du thriller romantico-sirupeux, baigné par une BO elle aussi triomphale. Whitney Houston est à son apogée, et Kevin Costner est la plus grande star du monde.

Ce sont les années d’or de Costner, qui enchaîne Danse Avec Les Loups, JFK ou encore Un monde parfait. Dans cette belle série, Bodyguard fait pâle figure. Plutôt plaisante, cette histoire d’amour entre une star capricieuse et son garde du corps semble constamment hésiter entre plusieurs tons. D’un côté, un film à la mode tourné comme un clip branché avec des effets romantiques du plus bel effet (ah ! ce foulard qui se coupe en retombant sur la lame d’un sabre japonais…). De l’autre, un thriller assez classique filmé plus traditionnellement, avec efficacité et même une certaine élégance.

En fait, le film est nettement plus sympathique lorsqu’il s’intéresse à l’univers de Frank Farmer, le personnage de Costner. Un bar à bière éclairé aux néons, une sublime cabane au bord d’un lac… Mick Jackson n’évite pas les clichés, mais crée une atmosphère américaine à l’ancienne qui fait mouche. L’univers tape-à-l’œil et clinquant de Rachel Marron, lui, est assez insupportable.

Crimes et délits (Crimes and Misdemeanors) – de Woody Allen – 1989

Posté : 10 février, 2014 @ 11:20 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Crimes et délits

« Où j’ai grandi, à Brooklyn, personne ne se suicidait. On était trop malheureux. »

Woody Allen confirme son goût pour Hitchcock dans ce film qui rend un hommage évident au maître du suspense, à travers l’histoire d’un homme à qui tout réussit qui décide de faire éliminer son encombrante maîtresse. L’histoire, le milieu dans lequel elle se déroule, et le ton du film, évoquent notamment Le crime était presque parfait.
Le cinéaste, d’ailleurs, cite ses influences, comme toujours : en donnant le rôle principal à Martin Landau, acteur marqué à jamais par sa participation à La Mort aux trousses. Et puis lorsqu’on découvre pour la première fois le personnage joué par Woody lui-même, c’est dans une salle de cinéma qui projette Mr. and Mrs. Smith, comédie d’Hitchcock consacrée au couple.

Une manière cinéphile et brillante de résumer en quelques séquences seulement la richesse de ce film : film à suspense sur les errances qui poussent au crime et sur la culpabilité, mais aussi réflexion sur le couple, les rêves et le temps qui passe. Du pur Woody Allen dans le texte, qui nous offre quelques dialogues formidables (« C’est toi qui as arrêté de vouloir faire l’amour. Ça fera un an le 20 avril. Je m’en souviens, car c’est l’anniversaire d’Hitler. »), mais qui se livre cette fois sur un mode doux-amer.

Crimes et délits est une nouvelle merveille, marquée par cette conscience du temps qui passe. Woody Allen a passé la cinquantaine, et sa maturité prend des allures inattendues : sa vision de la vie, sa passion, sa façon d’aborder chaque chose sans calcul se heurtent à la réalité de la vie, aux mesquineries et aux faux-semblants qui l’entourent. De la même manière que la vie parfaitement protégée du riche professeur interprété par Martin Landau se heurte de manière brutale à la réalité incarnée par son frère, raté aux fréquentations douteuses.

Et finalement, c’est à Chaplin que Woody ressemble : au vagabond du Cirque qui offre son cœur sans espérer rien en retour, et qui se retrouve seul lorsque la belle écuyère part avec le beau dompteur. Comme lui reste seul lorsque sa belle Mia Farrow part avec ce bellâtre fat et un peu ridicule, joué par Alan Alda. Et comme Charlot, Woody refuse de se laisser engloutir par la tristesse, qu’il combat avec sa meilleure arme : son humour. C’est dans ce film qu’il sort l’une de ses répliques les plus célèbres : « La dernière femme que j’ai pénétrée, c’était la statue de la liberté. »

Allen a trouvé un équilibre assez miraculeux entre ses deux histoires parallèles aux sujets pourtant radicalement différents (un crime et ses conséquences, et une étude de mœurs drôle et touchante), qui aboutissent à une rencontre tardive entre les deux personnages centraux, sorte de parenthèse en dehors du temps et de l’effervescence de ce qui les entoure. Un moment rare de cinéma.

Fog (The Fog) – de John Carpenter – 1979

Posté : 10 février, 2014 @ 11:13 dans 1970-1979, CARPENTER John, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Fog

J’ai toujours eu un faible pour ce Carpenter-ci, moins célébré mais tout aussi remarquable que Halloween, tourné l’année précédente. On est dans la veine bricolo du cinéaste, la meilleure sans doute : celle de Prince des ténèbres, des petits budgets et des trucages à l’ancienne réalisés directement sur le plateau, sans utilisation d’effets numériques.

Cet aspect est primordial pour un film qui joue sur les peurs primales, celles d’un cauchemar enfantin. Avec sa séquence d’ouverture, sans doute la plus belle de toute sa filmographie, Carpenter invoque ses peurs enfantines avec lesquelles il aime continuer à jouer. Autour d’un feu de camp, un vieil homme étrange raconte une histoire à faire peur à un groupe d’enfants qui l’écoutent les yeux grands ouverts.

Cette scène toute simple mais absolument magnifique sonne comme un aveu amusé du cinéaste, qui n’a qu’une ambition ici : être ce raconteur d’histoire qui s’amuse à faire peur, quel que soit les moyens utilisés. Et Carpenter joue effectivement sur tous les niveaux, avec la même réussite.

Il fait sursauter avec des effets de surprise classiques mais superbement amenés : le prêtre joué par Hal Holbrook qui sort de l’ombre lorsqu’on ne s’y attend pas, un cadavre qui tombe du plafond alors qu’on l’attendait dans l’armoire… Il utilise d’autres moyens aussi : la lente marche des morts vivants, les nappes de brouillard phosphorescents (jolis effets) qui submergent la ville, et même quelques effets gores.

Surtout, Carpenter installe dès les premières images un sentiment d’angoisse qui ne nous lâche pas une seconde, grâce à une musique discrète mais lancinante, et surtout à ses magnifiques travellings (horizontaux ou verticaux) qui sont sa marque : de lents mouvements de caméra qui surprennent encore par leur élégance et par l’effet qu’ils a sur notre perception du film…

En faisant entrer le surnaturel dans la vie qu’une petite ville côtière sans histoire, par l’intermédiaire du plus anodin des moyens, le brouillard, Carpenter rend un hommage évident à l’un de ses maîtres, Hitchcock : Antonio Bay a tout du Bodega Bay des Oiseaux. Et l’arrivée de cette étrangère à la ville, jouée par Jamie Lee Curtis, évoque celle de Tipi Hedren, par qui le malheur arrive dans le film d’Hitchcock. Pas un hasard non plus si Carpenter offre un rôle à Janet Leigh, maman de Jamie Lee et autre héroïne hitchcockienne, à jamais marquée par sa douche dans Psychose.

Trente-cinq ans après, Fog reste d’une efficacité redoutable, l’un des Carpenter les plus représentatifs de son génie, et un vrai modèle de mise en scène.

Quatre tueurs et une fille (Four guns to the border) – de Richard Carlson – 1954

Posté : 8 février, 2014 @ 1:18 dans 1950-1959, CARLSON Richard, WESTERNS | Pas de commentaires »

Quatre tueurs et une fille

Les quatre tueurs du titre n’ont de tueur que la réputation, et encore : dès la séquence d’ouverture, casse foireux d’un saloon dont le coffre-fort est vide, ce petit western tombé dans l’oubli nous présente un quatuor fort sympathique et guère reluisant de pied-nickelés qui n’ont pas l’air bien dangereux. Des vagabonds qui n’ont rien en commun les uns avec les autres (un indien, un homme vieillissant, une brute au grand cœur, et leur chef), si ce n’est une fidélité et un sens de l’amitié bien affirmé.

Acteur devenu réalisateur, Richard Carlson dirige déjà son acteur de L’Implacable poursuite, Rory Calhoun, pour le rôle principal de ce western au scénario plutôt original et inventif, qui entremêle habilement tous les ingrédients du genre en un seul mouvement d’une belle fluidité : le braquage d’une banque, la poursuite dans le désert, la menace des Indiens, l’affrontement de deux anciens amis désormais séparés par la loi…

Rory Calhoun trouve, mine de rien, l’un de ses très beaux rôles. Apparemment simple et sans grand relief, son personnage révèle toute sa complexité au fil du film : un homme à la croisée des chemins, vivant dans le présent, mais tiraillé par son passé et indécis quant à son avenir. Rien de psychologisant ici : cette pure série B se résume à l’essentiel. Mais le scénario est suffisamment fin pour en dire beaucoup, avec peu de mots.

Quant à la mise en scène, elle alterne le très bon et le franchement anonyme. Face à ses très beaux paysages, Carlson marque ses limites de cinéaste, tranchant d’une manière très nette avec le génie d’un Anthony Mann. Mais l’acteur-réalisateur est nettement plus inspiré par ses personnages, en particulier lorsqu’ils sont en groupe. Cela donne des moments plein d’énergie : la bagarre au milieu de la foule, mais aussi des passages moins spectaculaires, mais tout aussi dynamiques : les nombreux plans où apparaissent ensemble les quatre amis sont ainsi tous parfaitement mis en scène.

Carlson réunit une belle distribution autour de Calhoun. George Nader dans le rôle de son « meilleur ennemi », mais aussi deux gueules incontournables du western, John McIntire et Walter Brennan. On le sent surtout fasciné par son actrice, Colleen Miller, petite sauvageonne dont il met systématiquement en valeur les formes et la sexualité qui ne demande qu’à éclore, la filmant en nuisette sous la pluie battante, ou dans des tenues arrachées… La première étreinte entre elle et Rory Calhoun, dans la grange sous l’orage, est d’une belle sensualité.

• Le film vient d’être édité chez Sidonis dans l’incontournable collection « Westerns de Légende », avec une présentation par Patrick Brion.

Sherlock Homes : jeu d’ombres (Sherlock Holmes : A game of shadows) – de Guy Ritchie – 2011

Posté : 8 février, 2014 @ 1:14 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ACTION US (1980-…), par personnages, thèmes…, RITCHIE Guy, Sherlock Holmes | 1 commentaire »

Sherlock Holmes Jeu d'ombres

Avec le premier Sherlock Holmes, Guy Ritchie avait surpris son monde en signant l’adaptation à la fois la plus explosive, et peut-être la plus fidèle à l’esprit de l’œuvre de Conan Doyle. Un film profondément moderne et franchement réjouissant, totalement débarrassé de l’imagerie holmesienne imposée par les dizaines de films et séries télé qui ont précédé.

Avec cette deuxième aventure, l’effet de surprise est un peu émoussé. Ritchie reprend strictement les mêmes recettes et le même esprit que dans le précédent. Son style tape-à-l’œil, au mieux un peu vain, au pire insupportable dans ses films antérieurs, trouve une nouvelle fois un terrain de jeu idéal : le cerveau hyper-actif et un rien malade du détective, dont on découvre les méandres et le fonctionnement lorsqu’il anticipe les affrontements souvent très brutaux avec ses ennemis.

Les parti-pris esthétiques ne surprennent plus, et le choix de situer cette nouvelle enquête dans un contexte international très tendu, avec attentats et menace de guerre mondiale, est assez discutable. Car ce qui séduit le plus dans ce film, c’est la légèreté qui s’en dégage, et le pur plaisir qu’on y prend. Ainsi, la partie la plus faible reste sans doute l’intrusion en terre allemande, où Ritchie invoque les tragédies mondiales du siècle qui s’annonce, à travers une esthétique très connotée qui s’inscrit dans la lignée des grands films consacrés à la Shoah.

Mais la plupart du temps, le plaisir est bien là. Un plaisir porté par la musique et la culture gypsie, qui a toujours habité les films de Ritchie, et que le réalisateur parvient à insérer dans cette œuvre a priori très british d’une manière plutôt maligne.

Quant au choix, déroutant dans un premier temps, d’avoir confié le rôle titre à Robert Downey Jr, il se révèle une nouvelle fois la meilleure des idées. L’acteur est absolument formidable en être obsessionnel et asocial, génial et odieux, égoïste et totalement dévoué. Un rôle auquel il apporte une présence évidente, un humour irrésistible, et un second degré qui fait la différence.

Le couple qu’il forme avec Jude Law – Watson est ce qu’il y a de mieux, cette fois encore. D’autant plus que les deux hommes sont confrontés à la pire crise de leur vie : le mariage de Watson, que Holmes voit d’un mauvais œil. Ritchie laisse planer le doute quant à leurs relations : le détective éprouve-t-il une jalousie enfantine à voir son compagnon de jeu préférer une vie d’adulte ? ou y a-t-il quelque attirance romantique entre ces deux-là ?

L’ambiguïté de leur relation trouve son apogée lors de la scène du train, au cours de laquelle un Holmes déguisé en femme jette l’épouse de Watson par la porte avant de se jeter par terre avec son ami… Et ça, quand même, il fallait oser…

Mam’zelle Charlot (A Woman) – de Charles Chaplin – 1915

Posté : 8 février, 2014 @ 1:07 dans 1895-1919, CHAPLIN Charles, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Mam'zelle Charlot

• Titres alternatifs (VF) : Charlot fait des siennes ; Charlot demoiselle

• Titres alternatifs (VO) : The Perfect Lady ; Charlie, the perfect lady ; Charlie and the perfect lady

On ne peut pas dire que Chaplin force son talent dans ce court qui suit immédiatement la réussite de Work, l’un des meilleurs films de sa période Essanay. Avant de revenir en grande forme avec The Bank, son film suivant, Chaplin se contente ici de recycler des idées et motifs qui font son succès depuis ses débuts à la Keystone.

La première partie s’inscrit ainsi dans la longue tradition des films de parc. Un bourgeois s’éloigne discrètement de sa femme et de sa fille (Edna Purviance) pour aller flirter avec une jeune femme. Charlot passe par là, s’intéresse à la même jeune femme, s’oppose au père, qui finit dans le lac (avec le fameux coup de pied que l’on attend plus ou moins consciemment dès que l’on voit pour la première fois l’eau du lac, tant le gag est récurrent).

La suite n’est guère plus originale. Charlot rencontre la fille de sa victime (sans savoir qui elle est) qui l’emmène chez elle. L’idylle est parfaite jusqu’au retour du père. Là, Charlot prend la fuite, et finit par se déguiser en une élégante jeune femme, se débarrassant ainsi de sa moustache.

Ce n’est pas une première non plus : à deux reprises durant sa période Keyston, Chaplin s’était habillé en femme, dans The Masquerader et A Busy Day, deux curiosités pourtant très différentes.

Rien d’original, donc, mais le rythme est assez imparable, et le film contient de belles idées de comédie. Pas vraiment dans la première partie, dans le parc, où Chaplin se contente de recycler des gags et des situations souvent vues auparavant. Mais dans la dernière partie, lorsqu’il revêt ses vêtements de femme, oubliant d’abord sa moustache et ses trop grands godillots, le génie de Chaplin éclate enfin.

On sent bien que ces dix dernières minutes sont la raison d’être du film : Chaplin avait visiblement envie de secouer la vieille morale bien pensante de l’époque, en filmant un tranquille père de famille qui flirte avec un travesti (sans le savoir, quand même). Le double inversé du baiser entre Charlot et une Edna déguisée en homme dans Charlot machiniste, en quelque sorte…

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