Minuscule, la vallée des fourmis perdues – de Thomas Szabo et Hélène Giraud – 2014
Et si le meilleur film d’animation de ces dernières années était français ? Les créateurs de la géniale série télé Minuscule (à découvrir de toute urgence, que vous ayez ou non des enfants) passent au grand écran et au long métrage avec le même bonheur que celui qu’ils procurent depuis quelques années avec leurs petites pastilles télévisuelles.
Le principe reste le même. Pour ceux qui ne connaissent pas encore : les héros sont des coccinelles ou des fourmis (réalistes mais créées par ordinateur) qui vivent des aventures sans paroles dans des décors réels. Ce premier long métrage reprend le même principe, et ne perd pas une once d’efficacité ou d’inventivité en route. Au contraire, en passant au long, on gagne en profondeur et en possibilités.
C’est l’histoire d’une coccinelle qui, à peine née, se retrouve privée d’une aile et condamnée à vivre au ras du sol avec des fourmis qu’elle sauve d’un terrible lézard. Ensemble, elles tenteront d’acheminer une boîte de sucre oubliée dans la forêt vers leur fourmilière, trésor de guerre que convoiteront les terribles fourmis rouges…
Un vrai conte à l’ancienne : il y a quelque chose du vilain petit canard dans cette petite chose vulnérable qui apprend la vie dans une famille qui n’est pas vraiment la sienne. Mais c’est un conte résolument d’aujourd’hui, qui utilise le langage cinématographique moderne, et se nourrit de la culture populaire.
Voyage initiatique, hymne à la nature (le film est tourné dans les sublimes décors des parcs nationaux du Mercantour et des Ecrins), Minuscule est aussi l’œuvre d’authentiques cinéphiles qui ponctuent le voyage de citations cinématographiques. La fourmilière assiégée et les terribles combats semblent tout droit sortis du Seigneur des Anneaux ; l’attaque du lézard rappelle le King Kong originel ; la poursuite cite La Chevauchée fantastique ; la partie dans la rivière évoque à la fois La Rivière sans retour, Les Dents de la mer et Predator… Plus inattendue encore, la coccinelle suit une araignée dans une petite maison de poupée qui ressemble étrangement à l’inoubliable maison de Norman Bates dans Psychose…
Minuscule fourmille de ces références, habilement détournées. Mais c’est aussi, heureusement, un film tout simplement jubilatoire, drôle, émouvant et gentiment effrayant. Un plaisir que l’on partage, sans retenue, quel que soit l’âge. Ce n’est vraiment pas si courant.