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Le Paquebot Tenacity – de Julien Duvivier – 1934

Classé dans : 1930-1939,DUVIVIER Julien — 27 février, 2014 @ 14:55

Le Paquebot Tenacity

Dans l’impressionnante filmographie d’avant-guerre de Duvivier, Le Paquebot Tenacity fait figure de grande curiosité : un film tombé dans un oubli assez abyssal que le précieux Cinéma de Minuit a eu la bonne idée d’exhumer il y a quelques semaines. Une bonne idée, parce que le film possède une fraîcheur et une profondeur qui n’ont rien à envier aux grands classiques du cinéaste de la même époque : La Belle Equipe ou La Bandéra.

Comme pour ces deux chefs d’œuvre avec Gabin, Le Paquebot Tenacity raconte l’histoire de Parisiens qui rêvent d’un ailleurs moins gris, qui souhaitent s’évader de la crise et de la misère, en l’occurrence en signant un contrat qui leur promet un avenir dans les vastes plaines du Canada. A Albert Préjean, grande gueule qui sait ce qu’il veut, et à son pote Hubert Prélier, foncièrement bon mais totalement incapable de prendre une décision qui lui est propre.

Pas de tragédie ou de grand rebondissement à l’horizon, pour ces deux amis décidés à laisser leur vie trop terne derrière eux. Le Havre, où ils échouent en attendant que leur paquebot (le Tenacity, donc) appareille, s’apparentera à une période de transition où chacun apprendra à mieux se connaître, et à comprendre ce qu’ils attendent vraiment de la vie. Une sorte d’introspection qui prend l’aspect d’une femme, bien sûr, dont les deux amis tombent amoureux, sans se l’avouer.

Comme souvent chez Duvivier, il est affaire de destin ici : lorsque le paquebot part, il ne tarde pas à faire demi-tour et à rentrer au port, victime d’une avarie. Comme le dit le beau personnage du vieil ouvrier (Pierre Laurel), « il y a ceux qui partent et ceux qui restent, on n’a pas le choix ». Et ceux qui pensent avoir le choix se bercent d’illusion.

Le destin, en l’occurrence, n’est pas aussi tragique que dans la plupart des grands film français de cette époque : ni meurtre, ni damnation, pour ces deux hommes en quête d’un ailleurs plus souriant. Mais il est synonyme d’une perte d’illusions, et d’une prise de conscience : l’un comme l’autre des deux personnages principaux finira par assumer ce destin auquel il n’était pas préparé.

L’une des forces du film est d’associer la profondeur du propos avec une vraie légèreté. Le port du Havre, à mi-chemin (moralement en tout cas) entre la grisaille de Paris et les promesses inquiétantes du Canada, est une sorte d’entre-deux enchantée, une bulle de bonheur en marge d’une réalité bien sombre. Là, les personnages découvrent une communauté à laquelle ils ne pensaient pas, et se laissent aller à des moments de pure joie.

Il y a notamment cette soirée précédant le départ, au cours de laquelle les clients d’un bar reprennent en chœur une chanson commencée par Albert Préjean, bientôt suivis par les passants dans la rue, et même par les prostituées sur le trottoir d’en face. Un chant si communicatif que la patronne lance au personnage : « Tu chantes mieux que Préjean ! »

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