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Archive pour le 19 février, 2014

Ombres et brouillards (Shadows and fog) – de Woody Allen – 1991

Posté : 19 février, 2014 @ 12:57 dans 1990-1999, ALLEN Woody | 1 commentaire »

Ombres et brouillard

Après le magnifique Alice, Woody Allen surprend encore avec ce film en noir et blanc qui ne ressemble à aucun autre. Une curieuse errance dans une nuit de brouillard, pleine de répliques alleniennes irrésistibles (« Un maniaque a la force de dix hommes. Moi, j’ai la force d’un enfant. Qui a la polio. »), de rythme et de musique de cirque. Mais derrière ces attraits de comédie, Allen signe peut-être son film le plus glaçant.

On rit franchement, on frémit aussi face aux déambulations nocturnes de cet hommes un peu couard que l’on oblige à errer dans des ruelles où rode un tueur en série. On s’amuse aussi du casting étonnant (autour de Woody et Mia Farrow : John Malkovich, Madonna, John Cusack, Jodie Foster ou Donald Pleasance) et des innombrables références qu’Allen place dans son film : cette imagerie à la Jack l’Eventreur bien sûr, mais aussi l’ambiance absurde tout droit sortie d’un roman de Kafka : Allen, ballotté d’une organisation à une autre, sommé de choisir son camp dans une querelle dont il ne comprend rien, et errant désespérément à la recherche d’une quelconque explication…

Mais cette errance burlesque et absurde, qui rappelle autant les films noirs que le cinéma fantastique des années 40 (sublime travail sur les ombres, et la lumière qui transperce le brouillard dans de jolis effets), illustre une atmosphère de défiance généralisée, de peur, de colère et de suspicion qui évoque douloureusement la montée du nazisme en Europe.

Ce thème, l’incompréhension de la Shoah et de l’antisémitisme d’une manière générale, a souvent été en filigrane dans l’œuvre d’Allen. Il l’aborde cette fois frontalement, notamment dans une scène qu’il filme comme une comédie, mais qui glace le sang : ce petit homme ballotté par l’histoire (derrière la petite histoire, ce tueur mystérieux qui terrorise la ville, on imagine bien l’ombre de la grande Histoire, l’Holocauste), justement appelé Kleinman, entre dans une église pour faire un don important, et découvre le prêtre et un policier occupés à établir une liste, visiblement noirs, où figurent son propre nom et d’autres dont la consonance ne laisse planer aucun doute.

Visuellement splendide, constamment étonnant, Ombres et brouillards réussit le miracle d’être une comédie irrésistible, un thriller efficace, et un grand film, intelligent et effrayant, sur la plus grande catastrophe de ce siècle qui se termine…

Minuscule, la vallée des fourmis perdues – de Thomas Szabo et Hélène Giraud – 2014

Posté : 19 février, 2014 @ 12:54 dans 2010-2019, DESSINS ANIMÉS, GIRAUD Hélène, SZABO Thomas | Pas de commentaires »

Minuscule

Et si le meilleur film d’animation de ces dernières années était français ? Les créateurs de la géniale série télé Minuscule (à découvrir de toute urgence, que vous ayez ou non des enfants) passent au grand écran et au long métrage avec le même bonheur que celui qu’ils procurent depuis quelques années avec leurs petites pastilles télévisuelles.

Le principe reste le même. Pour ceux qui ne connaissent pas encore : les héros sont des coccinelles ou des fourmis (réalistes mais créées par ordinateur) qui vivent des aventures sans paroles dans des décors réels. Ce premier long métrage reprend le même principe, et ne perd pas une once d’efficacité ou d’inventivité en route. Au contraire, en passant au long, on gagne en profondeur et en possibilités.

C’est l’histoire d’une coccinelle qui, à peine née, se retrouve privée d’une aile et condamnée à vivre au ras du sol avec des fourmis qu’elle sauve d’un terrible lézard. Ensemble, elles tenteront d’acheminer une boîte de sucre oubliée dans la forêt vers leur fourmilière, trésor de guerre que convoiteront les terribles fourmis rouges…

Un vrai conte à l’ancienne : il y a quelque chose du vilain petit canard dans cette petite chose vulnérable qui apprend la vie dans une famille qui n’est pas vraiment la sienne. Mais c’est un conte résolument d’aujourd’hui, qui utilise le langage cinématographique moderne, et se nourrit de la culture populaire.

Voyage initiatique, hymne à la nature (le film est tourné dans les sublimes décors des parcs nationaux du Mercantour et des Ecrins), Minuscule est aussi l’œuvre d’authentiques cinéphiles qui ponctuent le voyage de citations cinématographiques. La fourmilière assiégée et les terribles combats semblent tout droit sortis du Seigneur des Anneaux ; l’attaque du lézard rappelle le King Kong originel ; la poursuite cite La Chevauchée fantastique ; la partie dans la rivière évoque à la fois La Rivière sans retour, Les Dents de la mer et Predator… Plus inattendue encore, la coccinelle suit une araignée dans une petite maison de poupée qui ressemble étrangement à l’inoubliable maison de Norman Bates dans Psychose

Minuscule fourmille de ces références, habilement détournées. Mais c’est aussi, heureusement, un film tout simplement jubilatoire, drôle, émouvant et gentiment effrayant. Un plaisir que l’on partage, sans retenue, quel que soit l’âge. Ce n’est vraiment pas si courant.

 

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