Double Chance (Lucky Partners) – de Lewis Milestone – 1940
Charmante bluette qui fut un gros succès populaire en 1940. Dans la lignée des grandes comédies romantiques de l’époque, ce beau film furieusement joyeux de Lewis Milestone est l’adaptation d’une pièce de Sacha Guitry, qui en avait lui-même déjà tiré un film en 1935. Et c’est vrai que l’histoire, dans sa première partie en tout cas, porte indéniablement sa marque.
Tout commence par un simple « bonne chance », lancé par un inconnu à une jeune femme qu’il croise dans la rue. Sans autre raison qu’un pur élan de gentillesse désintéressé. Mais ces deux simples mots semblent réellement avoir porté chance à la belle passante, qui se persuade que cet homme est à ce point un porte-bonheur pour elle qu’ils ne peuvent que gagner s’ils achètent ensemble un ticket de loterie. L’homme, un petit portraitiste au passé obscur, accepte à une condition : s’ils gagnent, la jeune femme partira avec lui pour un voyage à travers les Etats-Unis. En tout bien tout honneur, la belle étant fiancée…
Cette belle idée de comédie est du pur Guitry. La suite est de la pure romance hollywoodienne. On imagine bien comment tout cela va finir, et on n’est pas déçu. Mais le scénario, et la mise en scène de Milestone, réservent de jolies surprises sur la route, notamment une amusante parodie de procès dont l’enjeu est d’amener les deux personnages principaux, joués par Ginger Rogers (alors grande star de la RKO) et Ronald Colman, à se déclarer leur amour.
Le film oscille entre une jolie tendresse romantique, et un humour burlesque assez sophistiqué. Il y a un ton particulièrement joyeux, un rythme très enlevé, dans ce « feel good movie » marqué aussi par des seconds rôles réjouissants : le juge, rôle taillé sur mesure pour Harry Davenport ; le fiancé, gentille brute et niais envahissant, un beau rôle pour Jack Carson… et même un couple de barmen sans doute homosexuels auxquels Leon Belasco et Edward Conrad apportent une belle fantaisie.
On peut avoir le droit de préférer la veine plus sombre de Milestone (Le Général est mort à l’aube, ou L’Emprise du crime), mais ce petit film vous colle un large sourire sur les lèvres. Rien de plus, mais c’est déjà beaucoup.
• Le film fait partie de la collection bleue RKO des Editions Montparnasse, avec une présentation de Serge Bromberg.
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