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Archive pour le 10 février, 2014

Crimes et délits (Crimes and Misdemeanors) – de Woody Allen – 1989

Posté : 10 février, 2014 @ 11:20 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Crimes et délits

« Où j’ai grandi, à Brooklyn, personne ne se suicidait. On était trop malheureux. »

Woody Allen confirme son goût pour Hitchcock dans ce film qui rend un hommage évident au maître du suspense, à travers l’histoire d’un homme à qui tout réussit qui décide de faire éliminer son encombrante maîtresse. L’histoire, le milieu dans lequel elle se déroule, et le ton du film, évoquent notamment Le crime était presque parfait.
Le cinéaste, d’ailleurs, cite ses influences, comme toujours : en donnant le rôle principal à Martin Landau, acteur marqué à jamais par sa participation à La Mort aux trousses. Et puis lorsqu’on découvre pour la première fois le personnage joué par Woody lui-même, c’est dans une salle de cinéma qui projette Mr. and Mrs. Smith, comédie d’Hitchcock consacrée au couple.

Une manière cinéphile et brillante de résumer en quelques séquences seulement la richesse de ce film : film à suspense sur les errances qui poussent au crime et sur la culpabilité, mais aussi réflexion sur le couple, les rêves et le temps qui passe. Du pur Woody Allen dans le texte, qui nous offre quelques dialogues formidables (« C’est toi qui as arrêté de vouloir faire l’amour. Ça fera un an le 20 avril. Je m’en souviens, car c’est l’anniversaire d’Hitler. »), mais qui se livre cette fois sur un mode doux-amer.

Crimes et délits est une nouvelle merveille, marquée par cette conscience du temps qui passe. Woody Allen a passé la cinquantaine, et sa maturité prend des allures inattendues : sa vision de la vie, sa passion, sa façon d’aborder chaque chose sans calcul se heurtent à la réalité de la vie, aux mesquineries et aux faux-semblants qui l’entourent. De la même manière que la vie parfaitement protégée du riche professeur interprété par Martin Landau se heurte de manière brutale à la réalité incarnée par son frère, raté aux fréquentations douteuses.

Et finalement, c’est à Chaplin que Woody ressemble : au vagabond du Cirque qui offre son cœur sans espérer rien en retour, et qui se retrouve seul lorsque la belle écuyère part avec le beau dompteur. Comme lui reste seul lorsque sa belle Mia Farrow part avec ce bellâtre fat et un peu ridicule, joué par Alan Alda. Et comme Charlot, Woody refuse de se laisser engloutir par la tristesse, qu’il combat avec sa meilleure arme : son humour. C’est dans ce film qu’il sort l’une de ses répliques les plus célèbres : « La dernière femme que j’ai pénétrée, c’était la statue de la liberté. »

Allen a trouvé un équilibre assez miraculeux entre ses deux histoires parallèles aux sujets pourtant radicalement différents (un crime et ses conséquences, et une étude de mœurs drôle et touchante), qui aboutissent à une rencontre tardive entre les deux personnages centraux, sorte de parenthèse en dehors du temps et de l’effervescence de ce qui les entoure. Un moment rare de cinéma.

Fog (The Fog) – de John Carpenter – 1979

Posté : 10 février, 2014 @ 11:13 dans 1970-1979, CARPENTER John, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Fog

J’ai toujours eu un faible pour ce Carpenter-ci, moins célébré mais tout aussi remarquable que Halloween, tourné l’année précédente. On est dans la veine bricolo du cinéaste, la meilleure sans doute : celle de Prince des ténèbres, des petits budgets et des trucages à l’ancienne réalisés directement sur le plateau, sans utilisation d’effets numériques.

Cet aspect est primordial pour un film qui joue sur les peurs primales, celles d’un cauchemar enfantin. Avec sa séquence d’ouverture, sans doute la plus belle de toute sa filmographie, Carpenter invoque ses peurs enfantines avec lesquelles il aime continuer à jouer. Autour d’un feu de camp, un vieil homme étrange raconte une histoire à faire peur à un groupe d’enfants qui l’écoutent les yeux grands ouverts.

Cette scène toute simple mais absolument magnifique sonne comme un aveu amusé du cinéaste, qui n’a qu’une ambition ici : être ce raconteur d’histoire qui s’amuse à faire peur, quel que soit les moyens utilisés. Et Carpenter joue effectivement sur tous les niveaux, avec la même réussite.

Il fait sursauter avec des effets de surprise classiques mais superbement amenés : le prêtre joué par Hal Holbrook qui sort de l’ombre lorsqu’on ne s’y attend pas, un cadavre qui tombe du plafond alors qu’on l’attendait dans l’armoire… Il utilise d’autres moyens aussi : la lente marche des morts vivants, les nappes de brouillard phosphorescents (jolis effets) qui submergent la ville, et même quelques effets gores.

Surtout, Carpenter installe dès les premières images un sentiment d’angoisse qui ne nous lâche pas une seconde, grâce à une musique discrète mais lancinante, et surtout à ses magnifiques travellings (horizontaux ou verticaux) qui sont sa marque : de lents mouvements de caméra qui surprennent encore par leur élégance et par l’effet qu’ils a sur notre perception du film…

En faisant entrer le surnaturel dans la vie qu’une petite ville côtière sans histoire, par l’intermédiaire du plus anodin des moyens, le brouillard, Carpenter rend un hommage évident à l’un de ses maîtres, Hitchcock : Antonio Bay a tout du Bodega Bay des Oiseaux. Et l’arrivée de cette étrangère à la ville, jouée par Jamie Lee Curtis, évoque celle de Tipi Hedren, par qui le malheur arrive dans le film d’Hitchcock. Pas un hasard non plus si Carpenter offre un rôle à Janet Leigh, maman de Jamie Lee et autre héroïne hitchcockienne, à jamais marquée par sa douche dans Psychose.

Trente-cinq ans après, Fog reste d’une efficacité redoutable, l’un des Carpenter les plus représentatifs de son génie, et un vrai modèle de mise en scène.

 

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