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Radio Days (id.) – de Woody Allen – 1987

Classé dans : 1980-1989,ALLEN Woody — 23 janvier, 2014 @ 17:02

Radio Days

« Je m’excuse d’avoir tendance à idéaliser le passé. Ce n’était pas toujours aussi orageux et pluvieux que ça. Mais c’est ainsi que je m’en souviens car c’était alors magnifique. »

Le génie de Woody Allen, avec ce film peut-être plus qu’avec aucun autre, c’est de réussir à nous faire croire que ce qu’il filme, ce sont ses propres souvenirs, bruts et comme sortis directement de sa mémoire. Difficile à dire où est la frontière entre la réalité et la fiction, entre le souvenir et le fantasme. Mais on retrouve beaucoup d’éléments associés systématiquement à l’enfance dans la filmographie d’Allen : des parents aimants et excessifs, un quartier populaire à proximité de Coney Island, une approche contestataire de la religion…

Radio Days est un pur Allen. Dans l’esprit, on n’est pas si loin d’Annie Hall ou Manhattan. Mais il ne ressemble pourtant à aucun autre film. Hommage vibrant à une époque – celle de son enfance au tout début des années 40 – où la vie était rythmée par la radio, sa musique populaire, ses rendez-vous quotidiens, le film est le portrait, que Allen reconnaît être sans doute en partie fantasmé, d’une Amérique révolue. C’est surtout sa propre enfance que le cinéaste évoque avec une nostalgie parfois ironique, souvent déchirante.

Il n’y a pas à proprement parler d’histoire dans ce film, qui déroule au fil des souvenirs du narrateur (la voix off de Woody Allen lui-même renforce l’aspect personnel et nostalgique), avec une totale liberté, passant d’une anecdote l’autre, évoquant tout à la fois les souvenirs personnels de sa famille et les histoires des vedettes de la radio. Mais il y a un ton, et l’omniprésence de la radio à laquelle tous les souvenirs marquants de celui qui était un enfant dans ces années-là semblent attachés.

De fait, la vie de cette famille si classique et si extraordinaire en même temps (cette grande maisonnée trop pleine de vie semble parfois sortie du film de Capra, Vous ne l’emporterez pas avec vous) s’inscrit dans les grands moments radiophoniques de l’époque : la fameuse adaptation de La Guerre des mondes par Orson Welles, l’attaque de Pearl Harbor par les Japonnais…

Lié à ces événements qui ont marqué la mémoire collective de l’Amérique, il y a aussi un geste absolument bouleversant. Alors que la radio annonce l’accident d’une fillette coincée dans un puits (un authentique faits divers tragique qui a tenu en haleine le pays), le père qui punissait son fils à coup de ceintures pour une quelconque bêtise retient soudain ses coups, et se met à caresser la tête de son enfant avec tout l’amour d’un père. Avec une délicatesse infinie, Woody Allen signe là un petit miracle d’émotion.

Son film, personnel et universel, est d’une authenticité et d’une sincérité totales. Il est tout simplement magnifique.

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