Predator (id.) – de John McTiernan – 1987
Plus de 25 ans après sa sortie, ce premier grand film signé McTiernan garde la même force viscérale. Predator, film bourrin devenu film culte grâce à la vidéo, reste comme l’un des meilleurs films hollywoodiens de la décennie.
Film de mecs, assez typique de la production des années 80, le film sort très nettement du lot grâce à son cinéaste, qui utilise les ficelles du film d’action de l’époque (grosso modo celles qui avaient fait le succès populaire d’un Rambo 2 ou d’un Commando), et réussit le tour de force de signer un pur plaisir de cinéphage, aussi bien qu’un vrai film d’auteur, parsemé de plans extraordinaires.
Quelques exemples : une caméra incroyablement fluide qui commence sur un plan américain des mercenaires pour s’ouvrir sur le camp à attaquer ; un gros plan sur le regard de Schwarzenegger qui réalise soudain que l’ennemi est derrière lui…
Remake très officieux du classique de Raoul Walsh, Aventures en Birmanie, le film en reprend la trame, et l’évolution dramatique, en y faisant entrer le fantastique avec une vraie subtilité et une efficacité imparable. Du film de guerre des années 40, McTiernan garde surtout le décor et la manière dont la jungle est associée au danger, au mystère et à la menace.
La végétation a-t-elle déjà été filmée de cette manière ? Non, sans doute. D’un décor qu’on imagine au fond pas si impressionnant, McTiernan tire le meilleur, intégrant systématiquement ses acteurs dans la forêt. Derrière un rideau de verdure, ou devant un arrière-plan qui dévore l’image. Pour le réalisateur, le décor est le personnage principal de son film, comme la tour Nakatomi le sera pour son film suivant, Piège de cristal, autre chef d’œuvre suivant le même schéma.
Mais pour faire exister son histoire, encore fallait-il des personnages qui tiennent la route. Là encore, le film est une réussite totale. De comédiens de secondes zones, McTiernan fait de véritables icônes. Sonny Landham, Bill Duke, Jesse Ventura… ont une présence incroyable.
Quant à Arnold Schwarzenegger, ce n’est rien de dire qu’il touche ici au mythe. A l’époque, il avait déjà deux Conan (le Barbare et Le Destructeur) et un Terminator à son actif. Mais c’est bien grâce à ce film-ci qu’il entre pour toujours dans la légende. On a beaucoup dit que McTiernan avait filmé la jungle comme personne avant lui. On a par contre beaucoup moins souligné qu’il avait filmé Arnold comme aucun autre cinéaste ni avant, ni après lui. Jamais le physique extraordinaire de l’ancien culturiste n’a été utilisé aussi intelligemment que dans ce film. Jamais son incroyable charisme de héros de BD n’a été aussi primordial que dans ce chef d’œuvre.