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Archive pour le 22 janvier, 2014

La Rue sans issue (Dead End) – de William Wyler – 1937

Posté : 22 janvier, 2014 @ 1:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1930-1939, BOGART Humphrey, BOND Ward, SIDNEY Sylvia, WYLER William | Pas de commentaires »

Rue sans issue

La carrière de Bogart n’a pas commencé avec Le Faucon maltais et High Sierra. Dans les années qui ont précédé ces deux monuments, le futur mythe est apparu dans de nombreux films plus ou moins marquants, souvent dans des rôles de brute. Beaucoup de seconds rôles, dans des productions pas toujours mémorables. Mais aussi quelques pépites, en particulier ce Dead End absolument formidable, où Bogie ne tient que le troisième rôle, mais crève littéralement l’écran.

Cette « rue sans issue », c’est un quartier pauvre de New York : une rue qui ne conduit que sur les berges sales du fleuve, et dont les habitants semblent condamnés à ne jamais en sortir… Les décors (de Richard Day) sont exceptionnels, et font beaucoup pour l’atmosphère unique de ce film noir et incroyablement cruel, adapté d’une pièce à succès (Wyler en respecte d’ailleurs parfaitement l’unité de lieu et de temps) de l’époque.

Cette rue grouillante de vie et de misère est le seul décor du film. C’est aussi le seul horizon de ces jeunes (les Dead End Kids, groupe d’adolescents que l’on retrouvera dans de nombreux films dans les années qui suivent, notamment dans l’excellent Je suis un criminel de Busby Berkeley), mais aussi des quelques adultes qui ont grandi là et n’ont jamais pu partir de ce lieu sans avenir.

C’est le cas du couple vedette : la craquante Sylvia Sidney en grande sœur courage, et Joel McCrea, architecte sans emploi qui vit de petits boulots. Ces deux-là pourraient s’aimer passionnément, mais sont continuellement ramenés à leur condition miséreuse par leur entourage, par leurs difficultés au quotidien, et par l’apparition d’immeubles luxueux. Censé remplacer à terme leurs appartements insalubres, ce nouveau voisinage menace jusqu’à leur existence, les privant définitivement du moindre avenir.

Les deux stars sont parfaites, mais dans des rôles un peu monochromes. Celui de Bogart, par contre, est extraordinaire. Célèbre gangster recherché par les polices de tout le pays, Baby Face revient contre toute attente dans le quartier où il a grandi, par nostalgie. Un vrai dur qui a tout connu : le luxe, l’aventure, les femmes. Mais qui n’aspire qu’à revoir sa vieille mère et son premier amour, qui n’ont jamais quitté le quartier.

Dans ce décor de son enfance, rien ne semble avoir changé. Mais la confrontation avec ses souvenirs sera bien cruelle : sa mère rejette le tueur qu’il est devenu. Quant à son ex, que le temps a idéalisé, il la retrouve abîmée par la vraie vie : pute malade, personnage déchirant que l’immense Claire Trevor (qui n’avait pas encore tourné Stagecoach) parvient à rendre inoubliable en quelques minutes de présence à l’écran seulement. Le vrai couple de ce film désespéré, c’est bien celui-là, et c’est déchirant.

All is lost (id.) – de J.C. Chandor – 2013

Posté : 22 janvier, 2014 @ 12:59 dans 2010-2019, CHANDOR J.C. | Pas de commentaires »

All is lost

2013 est une grande année pour Robert Redford. Lui qu’on n’avait plus vu depuis Lions et Agneaux en 2007 (il avait tout de même réalisé La Conspiration, sorti directement en vidéo) est revenu en grande forme avec un film dont il était la star et le réalisateur (le réussi Sous surveillace). Il est cette fois l’unique acteur de l’un des films les plus attendus de la fin d’année.

All is lost n’a pas eu le succès qu’il méritait. Sans doute victime de la comparaison avec Gravity. Il y a évidemment des points communs entre les deux films : deux survivals centrés sur un unique personnage perdu dans un milieu extrême. Dans les deux cas, les réalisateurs vont au bout de leur sujet, sans tricher : pas de flash-back, aucun moyen de s’extraire de de décor qui dévore tout. Mais là où Cuaron révolutionnait littéralement le langage cinématographique (comment l’Oscar du meilleur réalisateur pourrait-il lui échapper ?), Chandor opte pour une mise en scène proche du classicisme. Plus discrète, donc.

Pas moins efficace pour autant. En restant constamment au plus près de Redford, et de son visage marqué par les ans, dont les rides profondes suffisent à évoquer le passé obscur de ce navigateur solitaire, le réalisateur nous plonge dans ce cauchemar en pleine mer. Et qu’importe si le scénario multiplie jusqu’à l’excès les galères : l’important est le désespoir grandissant de cet homme dont les efforts constants pour rester à la surface ressemblent à de simples mouvements pour éloigne aussi longtemps que possible une mort qui semble certaine.

Mais on peut dire qu’il n’a pas de bol, Bob. D’abord, un container tombé d’un cargo qui éventre la coque. Puis, une tempête titanesque qui achève le mal fait au bateau. Et une autre tempête qui agite le canot de sauvetage. Et ces porte-containers qui passent sans le remarquer, ou sans vouloir perdre leur temps. Et la soif, la faim, les requins, le soleil, l’eau… jusqu’à un incendie.

Ce pourrait être trop, mais Chandor reste constamment dans la note juste. Comme Redford, dont le visage semble ne rien laisser paraître, mais dont le regard plus bleu que l’océan à perte de vue est une porte ouverte sur son âme. La séquence où il se décide à quitter son bateau pour le canot est bouleversante, juste grâce à ce regard qui en dit tellement sur la violence de ce geste de laisser le câble partir…

Jusqu’à la dernière image, saisissante, le film reste fascinant. Traumatisant voyage sans retour, portrait déchirant d’un homme qui se prépare difficilement à accepter sa propre mort.

 

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