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Archive pour le 12 janvier, 2014

Assurance sur la mort (Double Indemnity) – de Billy Wilder – 1944

Posté : 12 janvier, 2014 @ 11:26 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, STANWYCK Barbara, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Assurance sur la mort
Billy Wilder n’était pas tout à fait un débutant lorsqu’il a réalisé Double Indemnity. Déjà scénariste réputé en Allemagne puis aux Etats-Unis (La 8ème femme de Barbe-Bleue et Ninotchcka pour Lubitsch, Boule de Feu pour Hawks), et réalisateur d’une poignée de films très réussis dans différents genres (la comédie avec Uniforme et jupons courts, le film de guerre avec Les Cinq secrets du désert), Wilder n’entre pourtant dans la légende qu’avec ce chef d’œuvre inaugural et ultime du film noir.

Avec ce monument, Wilder, qui adapte le roman de John M. Cain avec Chandler, avait pour ambition de dépasser le glamour et le romantisme des habituelles productions du genre. D’où la construction en flash-backs : dès la première image, on sait que toute cette histoire finira très mal. Comme on sait dès le premier regard de Barbara Stanwyck que cette femme qui apparaît en peignoir dans sa belle villa apporte la mort et le mensonge. Et comme on sait dès le premier contre-champs sur Fred McMurray qu’il ne demande qu’à se laisser emporter vers cette voie fatale.

Formidable dans un rôle de brave type à contre-emploi, détective brillant et honnête d’une compagnie d’assurance, Edward G. Robinson n’y peut rien. Son charisme, son flair, son sens de la déduction se heurtent au machiavélisme du couple maudit, à son sens du mensonge, qui est le sujet central de ce film tout en dissimulations.

Les personnages sont constamment plongés dans l’ombre, ou se dissimulent du regard des autres. En se cachant derrière une porte dans un couloir trop éclairé ; en tournant le dos à un témoin gênant sur la plate forme trop exiguë d’un train en marche ; ou en se croisant dans les allées anonymes d’un supermarché… Toute la mise en scène de Wilder tourne autour de la dissimulation et du mensonge, et c’est absolument brillant.

Modèle de construction, modèle d’interprétation, modèle de réalisation… Double Indemnity ne cessera jamais d’être copié. Billy Wilder n’invente pas le film noir : d’autres avant lui avait raconté les histoires de ces hommes marqués par le destin implacable (Lang dans J’ai le droit de vivre en particulier). Mais celui-ci ne cessera jamais d’être copié. Le classique des classiques…

• Le film a été édité il y a quelques années chez Carlotta dans un magnifique coffret double DVD esthétiquement superbe, et au contenu passionnant : fin alternative, analyses, documentaires, et une curiosité : un remake (un peu pourri) réalisé pour la télévision dans les années 70 avec Richard Crenna, Samantha Eggar et Lee J. Cobb dans les rôles principaux.

Le Salaire de la peur – de Henri-Georges Clouzot – 1953

Posté : 12 janvier, 2014 @ 11:15 dans 1950-1959, CLOUZOT Henri-Georges, VANEL Charles | Pas de commentaires »

Le Salaire de la peur

Palme d’Or, Lion d’Or… Le Salaire de la peur est l’un des monuments du cinéma français des années 50. Pourtant, c’est dans une version largement tronquée que les Etats-Unis l’ont découvert lors de sa sortie, version se limitant au voyage à hauts risques de quatre paumés qui acceptent de convoyer une cargaison de nitroglycérine sur les pistes à peine aménagées d’un pays d’Amérique du Sud, seule solution d’éteindre un puits de pétrole en flammes.

Le Salaire de la peur ne se limite pourtant pas à ce voyage à très hauts risques, certes ébouriffant, qui associe merveilleusement le suspens pur et les portraits intimes et complexes d’êtres dont on ignore tout du passé, mais dont les fêlures et les souffrances se révèlent de plus en plus précisément alors que leur voyage paraît de plus en plus sans retour.

Mais la première partie est tout aussi réussie et d’une richesse incroyable, donnant une autre dimension à cette histoire qui se déroule dans un pays qui n’est jamais nommé, mais où se retrouvent des laissés pour compte venus du monde entier. Des hommes au passé pesant et trouble (et jamais explicité), mais qu’une mauvaise passe a conduits dans cet entre-deux où le passé est tellement présent, mais où le futur semble inexistant.

Clouzot décrit d’une manière extraordinaire ce microcosme poisseux et tragique. Qui est aussi un lieu où les barrières n’existent plus, si ce n’est celle de l’ailleurs : le monde semble ne plus exister hors de ce pays poussiéreux et brûlant.

Aucune allusion, d’ailleurs, à un contexte géopolitique international. Pourtant, le film s’inscrit dans son époque : il décrit une misère dont on parlait beaucoup à l’époque en France (l’hiver 54 n’est pas loin), mais en n’en évoquant que les effets, à travers des portraits d’hommes passionnants.

D’autant plus passionnants qu’ils sont débarrassés de leurs histoires, se résumant à leurs actes, à leurs rêves, à leurs peurs. Se rattachant au peu qu’ils ont : un ticket de métro bien inutile, une amitié qui ne repose que sur des souvenirs communs…

Yves Montand trouve son premier rôle important. Charles Vanel est extraordinaire, affichant une superbe bien illusoire, et dissimulant de plus en plus difficilement une peur viscérale : de l’avenir, de la nitro… Vera Clouzot est fascinante, sensuelle et triste à la fois : sa première apparition est inoubliable, sous le regard concupiscent de Montand.

Clouzot installe une tension exceptionnelle tout au long du film, qu’il parsème de moments d’anthologies : le regard de Montand alors qu’il se dirige droit vers son pote Vanel coincé dans son bain de pétrole ; cette allumette soufflée par un vent de mort au moment où on s’y attend le moins ; et cette dernière image, glaciale, traumatisante, inoubliable…

 

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