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Archive pour décembre, 2013

L’Ultimatum des trois mercenaires (Twilight’s Last Gleaming) – de Robert Aldrich – 1977

Posté : 10 décembre, 2013 @ 7:13 dans 1970-1979, ALDRICH Robert, LANCASTER Burt, MILES Vera | Pas de commentaires »

l'ultimatum des trois mercenaires

Trois anciens militaires prennent le contrôle d’une base de lancement de missiles nucléaires, où ils se replient, réclamant à être entendus par le Président des Etats-Unis… Il y a de belles choses dans cet avant-avant-dernier film du vétéran Aldrich : un certain mordant, une approche politiquement pas très correcte, et une audace scénaristique qui trouve son apogée dans les dernières minutes, s’inscrivant alors dans la lignée d’un Black Sunday, autre film politico-terroriste sorti cette même année, et réalisé par un John Frankenheimer en pleine forme.

Mais en 1977, Aldrich semble bien plus à côté de la plaque que Frankenheimer. Son Ultimatum… se révèle vite bien assommant. Lent et long, le film a énormément vieilli. Et la charge politique n’a guère de poids, si on excepte la toute fin, d’un cynisme réjouissant.

Le casting, pourtant, est exceptionnel, mais Robert Aldrich semble plus concerné par la volonté de multiplier les split screens, jusqu’à l’absurde, que par celle de faire exister ses personnages. La plupart des acteurs sont d’ailleurs réduits à un simple rôle illustratif, dépouillés de toute vie propre. Cela concerne des seconds rôles (Joseph Cotten, vieillard de 72 ans qui n’a strictement rien à jouer), mais aussi les personnages principaux : Burt Lancaster se contente la plupart du temps d’appuyer sur des boutons et de regarder sur des écrans. Mais rien ne lui permet de rendre réellement crédible son personnage.

Il y a quand même quelques figures intéressantes : celle du président (Charles Durning), présenté comme un monsieur tout le monde tiraillé entre son sens du devoir et ses peurs d’homme ordinaire. Celle aussi de l’un de ses conseillers, qui n’a pas grand-chose d’intéressant à faire, mais qui a la gueule de cette vieille baderne de Charles McGraw, le héros de L’Enigme du Chicago Express, qui fait une nouvelle fois des merveilles.

Le film a quand même ses fans. Michael Bay, pour commencer, qui s’en est largement inspiré pour son Rock

• Le DVD vient d’être édité chez Carlotta.

Zelig (id.) – de Woody Allen – 1983

Posté : 6 décembre, 2013 @ 12:06 dans 1980-1989, ALLEN Woody, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Zelig

Voilà peut-être le film le plus radical de Woody Allen. Pour la première fois (pas la dernière : Harry dans tous ses états déclinera un thème similaire), son personnage traduit physiquement ses névroses. En l’occurrence, un petit homme trop mal à l’aise qui se transforme physiquement pour se fondre dans son environnement du moment, et éviter qu’on le remarque. Ses yeux se brident lorsqu’ils parlent à des Chinois, son poids triple en présence d’obèse, de nouvelles connaissances lui apparaissent face à des médecins…

« Ses parents le punissent souvent en l’enfermant dans un cagibi noir. Quand ils sont très en colère, ils s’y enferment avec lui. »

Formellement aussi, le film est radical : Woody Allen fait de cette histoire fascinante un faux documentaire composé d’images d’archives (vraies ou fausses, la frontière étant totalement invisible), de fausses interviews, de reconstitutions plus vraies que nature. Son film est entièrement fait de ces amalgames entre vraies et fausses images d’archives, entre films d’époque et créations « à la manière de », entre faux extraits de films et images d’actualité habilement utilisés, entre citations enlevées de leur contexte et fausses interviews…

Techniquement, c’est absolument bluffant. Comme un certain Forrest Gump après lui, Woody Allen fait côtoyer son personnage avec de grandes personnalités de l’époque, de Eugene O’Neill à Adolf Hitler, en passant par le président Coolidge ou Charles Chaplin. A l’image, le résultat est bluffant : dans de fausses images d’archives ou d’actualité d’un réalisme incroyable, Woody et Mia Farrow posent à côté d’authentiques personnalités, ou leur donnent la réplique. Nous sommes en 1983, et Woody Allen n’a pas à sa disposition les trucages numériques dont disposera Robert Zemeckis onze ans plus tard. Mais le résultat est, techniquement, au moins aussi réussi.

« Je travaille sur un cas intéressant. Deux paires de frères siamois qui ont des doubles personnalités. Je suis payé par huit personnes. »

Malgré la limite qu’impose le procédé (une certaine distance s’installe de fait avec les personnages), l’exercice de style est brillant, et Zelig reste un film vraiment personnel d’Allen, qui plonge une nouvelle fois dans les mystères de la psychanalyse, avec cette histoire fascinante d’un anonyme dont le destin épouse son époque.

Zelig est aussi le portrait de l’Amérique de la fin des années 20 et du début des années 30 : celle du KKK et des gangsters, mais aussi celle de Chaplin et de Groucho Marx. Une époque d’insouciance et d’incompréhension tout à la fois, dans laquelle Woody Allen trouve son inspiration. Il n’en manque pas, et c’est passionnant.

« J’ai 12 ans. Je rentre dans une synagogue. Je demande au rabbin le sens de la vie. Il m’explique le sens de la vie. Mais il me l’explique en hébreu. Je ne comprends pas l’hébreu. Il me propose alors des cours d’hébreu pour 600 dollars. »

Elysium (id.) – de Neill Blomkamp – 2013

Posté : 6 décembre, 2013 @ 12:01 dans 2010-2019, BLOMPKAMP Neill, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Elysium

Oui. Encore un film de SF se déroulant dans un avenir apocalyptique. Pas de guerre nucléaire, ni d’invasion extraterrestre ici, mais simplement la pauvreté et la pollution qui ont fait de la Terre un enfer, incitant les plus riches à s’inventer un nouvel Eden : une gigantesque station spatiale où ils se sont créés une sorte de quartier résidentiel idyllique, dont notre planète serait la banlieue mal fâmée…

Le succès surprise de District 9, minuscule production ayant engrangé des bénéfices énormes, incité les producteurs à faire appel à Neil Blompkamp, qui fait ici ses débuts avec une grosse machine hollywoodienne. Pas fou, il décline les mêmes thèmes que dans son précédent film, utilisant la science fiction pour signer un film ouvertement politique, critique acerbe des privilèges de classe et hymne à l’égalitarisme.

Il y a quelque chose d’assez naïf, dans cette critique politique particulièrement manichéenne : le travailleur issu des milieux les plus populaires (Matt Damon, très bien comme toujours) face à l’incarnation de la classe la plus privilégiée, ambitieuse et cruelle (Jodie Foster, excellente dans un rôle pourtant austère et en retrait). On a vu plus nuancé ! Mais le peuple qui prend le pouvoir : voilà un thème qui rappelle des révolutions bien réelles, comme le sort réservé aux aliens dans District 9 évoquait l’apartheid…

Toute la première partie est passionnante. On est bien dans un film de SF, avec des navettes spatiales, des véhicules qui volent, des robots… Mais ces éléments ne sont là que pour mieux souligner le sort des humains les plus pauvres, condamnés à vivre dans la misère et privé de toute liberté. La manière dont Blomkamp les filme renvoie ouvertement vers des images que l’on connaît bien : celles des banlieues les plus pauvres de la planète, que l’on a l’habitude de voir dans les JT.

C’est là que réside le vrai talent du réalisateur : lorsqu’il associe les éléments d’un vrai film de SF à un arrière-plan totalement ancré dans la réalité la plus désenchantée. Là, il réussit ce que Len Wiseman avait en grande partie raté avec son remake de Total Recall, au thème et aux rebondissements très comparables.

La dernière partie du film, hélas, n’est pas à la hauteur, malgré une émotion assez imparable quand même. Alors que les personnages quittent la Terre, Blomkamp se laisse dévorer par l’immense machine qu’on lui a confiée, et tenter par une surenchère spectaculaire qui lui va beaucoup moins bien. Reste que, dans la masse des films d’anticipation catastrophistes, celui-ci est un bon cru.

• DVD chez Sony Pictures.

Hatfields and McCoys (id.) – mini-série créée par Ted Mann et réalisée par Kevin Reynolds – 2012

Posté : 4 décembre, 2013 @ 8:45 dans 2010-2019, COSTNER Kevin, MANN Ted, REYNOLDS Kevin, TÉLÉVISION, WESTERNS | 1 commentaire »

Hatfields and McCoys

Le western sied décidément bien à Kevin Costner, qui revient régulièrement à son genre fétiche depuis Silverado, qui l’a révélé en 1985. Il y a connu son plus grand triomphe (Danse Avec Les Loups, un classique), mais aussi sa première déconvenue de star (Wyatt Earp, un grand film malade à redécouvrir). C’est aussi avec le western qu’il a fait un retour remarqué il y a dix ans après une série d’échecs qui avaient égratigné son image (Open Range, un grand western classique).

Depuis : de bons films passés inaperçus, d’autres moins réussis, et même plusieurs direct-to-dvd… avant le retour en grâce du début des années 2010. Un second rôle remarqué dans Company Men, un autre plus inattendu dans Man of Steel… et un triomphe personnel à la télévision avec ce Hatfields and McCoys (pour son premier rôle sur le petit écran depuis La Mascotte, épisode d’Histoires fantastiques réalisé par Spielberg en 1985).

Cette mini-série de trois épisodes (environ 90 minutes chacun) s’inspire d’une histoire authentique très connue aux Etats-Unis, beaucoup moins chez nous. Au lendemain de la Guerre de Sécession, où ils combattirent côte à côte, deux hommes se brouillent et entraînent peu à peu leurs familles et leurs proches dans un affrontement sanglant qui se prolongera durant de longues années, entraînant de nombreux morts et conduisant deux Etats au bord d’une nouvelle guerre civile.

Hatfields and McCoys marque aussi les retrouvailles de Kevin Costner avec Kevin Reynolds, son réalisateur de Fandango, Robin des Bois et Waterworld. Et c’est un petit miracle qui se produit. Cinéaste au mieux maniéreux, au pire poussif, Reynolds dévoile une dimension de son talent qu’on ne lui connaissait pas, filmant d’une manière crue et brutale, tout en utilisant parfaitement les décors naturels, qui renforcent l’absurdité de cette guerre et de ces destins gâchés.

Formidable, cette mini-série est une réussite totale, qui rend palpable la violence extrême de l’époque, le poids de la culpabilité chez ses deux chefs de famille dont l’inflexibilité aura des répercussions terrifiantes, et l’absurdité de cet affrontement, dans une Amérique encore en train de se construire. Ce qui débouche sur des situations incroyables, chaque clan étant finalement déclaré hors-la-loi dans l’Etat de l’autre…

Humainement aussi, le film est déchirant, s’attachant longuement aux nombreux enfants des deux clans, qui grandissent dans la haine de l’autre sans même savoir pourquoi. Avec même la naissance d’une romance entre un fils Hatfield et une fille McCoy, promise à une fin tragique dont on ne nous privera pas…

Les acteurs sont exceptionnels, tous. Dans le rôle de Randall McCoy, Bill Paxton livre une prestation hallucinante, a priori plus sympathique que son ennemi, mais tellement protégé par ses préceptes religieux et sa foi en le Jugement divin qu’il en devient inhumain, conduisant sa famille à la perte…

Anse « Devil » Hatfield est un personnage tout aussi complexe, son double inversé : un père et un mari très humains, mais aussi un tueur et un meneur intraitable, prêt à commettre l’irréparable avec son propre fils… Dans le rôle, Kevin Costner est sidérant, révélant une puissance inédite.

Passionnant et terrifiant, Hatfields and McCoys est tout simplement le meilleur western de ces dernières années.

• A découvrir en coffret double-DVD chez Sony.

Les dernières heures d’un bandit (Showdown at Abilene) – de Charles F. Haas – 1956

Posté : 4 décembre, 2013 @ 8:40 dans 1950-1959, HAAS Charles F., WESTERNS | Pas de commentaires »

Les dernières heures d’un bandit

La même année que La Corde est prête, Charles Haas tourne cet autre western pour la Universal. Le budget n’est pas énorme, on s’en rend compte dès les premières images particulièrement dépouillées, avec ce cavalier traversant seul une campagne aride traversée par un cavalier seul. Quant à l’Abilene du titre original, elle ressemble trait pour trait à la ville du précédent western de Haas, tourné dans les mêmes décors, filmés de la même manière, et avec une lumière qui laisse penser que le même chef opérateur est à l’œuvre (ce n’est pas le cas : (à John L. Russell pour Star in the Dust succède Irving Glassberg, l’excellent chef op de La Ronde de l’aube ou Capitaine Mystère de Sirk).

Ce dépouillement sera la règle jusqu’à la fin du film (court d’ailleurs : à peine plus d’une heure et quart), mais plutôt pour le meilleur : cette fois encore, Haas signe un beau western de facture modeste, mais au rythme parfait, et plein de belles idées de scénario et de mise en scène.

Cinéaste oublié, voire méprisé, Haas fait une nouvelle fois preuve d’élégance, d’efficacité, et même d’une certaine audace dans certains plans très joliment construits. C’est le cas notamment lors des retrouvailles entre l’ancien shérif de retour de la guerre après une longue absence, et son ancienne fiancée désormais promise à un autre, sous le regard inquiet de ce dernier. A l’écran, les anciens amants sont séparés par un grand miroir dans lequel se reflète le visage inquiet du rival, les deux autres disparaissant peu à peu.

Tout en étant très classique, l’histoire recèle aussi quelques belles idées. Le méchant, notamment, est particulièrement réussi : stéréotype du grand propriétaire tyrannique et trop ambitieux, auquel Lyle Bettger apporte une vrai potentiel de sympathie, d’autant plus qu’il est un infirme (il est amputé de la main droite), dont la vie est constamment brisée par les erreurs de celui qui est pourtant le vrai héros du film.

Dans ce rôle, Jock Mahoney est excellent. Acteur de série B, parfois un peu fade, il révèle ici un authentique talent de comédien, avec une belle présence physique. Charles Haas utilise parfaitement le corps athlétique de Mahoney et son passé de cascadeur. Imposant lorsqu’il assiste torse nu à la montée de la violence dans sa ville, il se jette littéralement dans l’action lors d’un saut d’une vivacité impressionnante.

Des petits westerns comme ça, j’en veux tous les jours !

• DVD dans la collection Westerns de Légende chez Sidonis, avec une présentation de Patrick Brion.

La Règle du Jeu – de Jean Renoir – 1939

Posté : 3 décembre, 2013 @ 6:15 dans 1930-1939, RENOIR Jean | Pas de commentaires »

La Règle du Jeu

Après La Bête humaine, La Marseillaise et La Grande Illusion, qui représentaient en quelque sorte le sommet de sa carrière, en tout cas en terme d’influence et de popularité, Jean Renoir voulait revenir à un cinéma plus modeste, et tourner un film indépendant et personnel, ancré dans ses références culturelles classiques. Le résultat est ce chef d’œuvre absolu, peut-être son meilleur film, une œuvre naturaliste et cynique dont le ton s’inspire de Marivaux, qui fut massacrée par à peu près tout le monde à sa sortie.

Ce sera le plus gros échec de sa carrière. Boudé par le public, détruit par la critique, La Règle du jeu sera d’ailleurs remonté par Renoir, qui espérait donner une autre chance à son film, et que cet accueil terrible marquera longtemps. A tel point que la version quasi-originale ne sera visible que des décennies plus tard.

La Règle du jeu a les apparences d’une comédie de mœurs débridée, et même complètement folle, qui culmine lors d’une fête de chasse dont le rythme évoque les grands films burlesques muets. Renoir y met en scène une galerie de personnages irrésistibles : lui-même en meilleur ami désargenté et désintéressé, dont le déguisement d’ours reste l’une des images les plus mémorables du film ; Carette, dans un rôle truculent taillé sur mesure pour lui ; ou encore les formidables Toutain, Modot et Dalio, encore quasiment inconnus à l’époque.

C’était une volonté de Renoir : tourner en indépendant, sans grande star. C’est pourquoi il a remplacé Simone Simon par Nora Gregor, pour le personnage féminin principal.

Mais derrière l’apparente légèreté, Renoir signe une terrible critique d’une certaine société bourgeoise en pleine déliquescence en cette fin des années 30, qui se complait dans des privilèges d’un autre temps et dont les préoccupations sont totalement coupées du monde, à l’image de ce château où ils se retrouvent pour une semaine de chasse où les différences de classe rappellent les grandes seigneuries d’antan.

C’est ce qui est particulièrement frappant dans La Règle du jeu : à quel point le film s’inscrit dans son époque, sans rien montrer du contexte politique et historique de 1939. Coupés du monde, ces bourgeois mesquins se trahissent, se détestent, se trompent, se mentent, s’insultent… mais se pardonnent tout avec le sourire, sous le couvert de la courtoisie et de la bienséance. Et avec une franchise désarmante qui les rend tellement sympathiques et attachants, dans leurs jeux et dans leurs souffrances.

Mais c’est une société condamnée que Renoir filme. Imperceptiblement, et inexorablement, le vernis se fissure. Cette partie de chasse se conclut par une tragédie annoncée. Et à la fin, de cette belle société protégée de tout et aveugle à tout, il ne reste que des ombres projetées sur des pierres froides. Une image qui annonce des jours bien sombres… Seuls les deux personnages les plus désargentés semblent s’en rendre compte.

Deux mois après la sortie du film, la guerre était déclarée…

Comédie érotique d’une nuit d’été (A Midsummer night’s sex comedy) – de Woody Allen – 1982

Posté : 2 décembre, 2013 @ 5:42 dans 1980-1989, ALLEN Woody, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Comédie érotique d’une nuit d’été

Woody Allen s’évade de New York, mais le temps d’un été seulement, avec cette comédie champêtre qui trouve le parfait équilibre entre burlesque et nostalgie, avec une pointe de surnaturelle et, forcément, de psychanalyse. Son personnage est toujours le même, celui d’un pur New Yorkais (employé à Wall Street) qui goûte, le temps des vacances, les charmes simples de la campagne. Son meilleur ami est d’ailleurs joué par Tony Roberts, qui retrouve un rôle similaire à celui qu’il tenait dans Annie Hall.

Malgré son décor inhabituel, Comédie érotique d’une nuit d’été est en quelque sorte la synthèse de tout ce que le cinéaste a fait jusqu’à présent. Le burlesque de ses débuts (Woody y est un inventeur du dimanche qui crée d’improbables machines volantes), ses aspirations bergmaniennes, ses interrogations sur le couple, l’amour et le temps qui passe…

C’est aussi le premier film que Woody Allen tourne avec Mia Farrow, qui sera son égérie durant toute la décennie à venir.

Comme son titre le laisse penser, le film doit beaucoup au Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, dont Allen signe une sorte de remake à peu près contemporain (l’histoire se déroule visiblement au début du siècle dernier), et surtout très allenien. Il en reprend quelques aspects, notamment le point culminant du film : une nuit dans la forêt où hommes et femmes se croisent, les sentiments se révèlent dans la confusion, et les esprits planent sur ce microcosme baigné par le doute et les interrogations.

Mais le cinéaste est aussi, une nouvelle fois, très inspiré de Bergman. D’une manière moins flagrante que pour Intérieurs, pastiche réussi du cinéaste du maître suédois. Mais difficile de ne pas penser à Monika notamment, pour cette manière de filmer la parenthèse enchantée et hors du temps « normal » que représente cet été que personne n’oubliera.

Prometheus (id.) – de Ridley Scott – 2012

Posté : 2 décembre, 2013 @ 5:38 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Prometheus

Dans le premier Alien, en 1979, Ripley et ses compagnons du Nostromo découvraient un mystérieux vaisseau spatial échoué sur une planète très lointaine, avec à son bord une espèce de canon dirigée vers le ciel, et une forme de vie dont les personnages ne se remettront pas, pas plus que les spectateurs.

Il aura donc fallu attendre plus de trente ans pour en savoir plus sur ces apparitions qui ont traumatisé des générations de spectateurs. En lançant le projet de Prometheus, Ridley Scott voulait d’ailleurs réaliser un prequel d’Alien, qui fut son deuxième film après le remarqué Duellistes. L’idée a rapidement été abandonnée : ce premier Prometheus se veut le point de départ d’une nouvelle mythologie. Mais quand même, le film fait plus que prolonger l’univers d’Alien : il en donne quelques clés et explications.

Les plus grands plaisirs qu’apporte le film tiennent d’ailleurs tous de leur attachement à la mythologie d’Alien : la terrifiante séquence des œufs, qui cite ouvertement celle du film originel ; et celle, magistrale, où apparaît enfin le xénomorphe (l’alien) assis sur le fameux canon. Comme si le film n’existait que pour ces moments-là.

Pour le reste, Prometheus n’apporte quand même pas grand-chose à la gloire de Scott, qui recycle en grande partie des idées déjà utilisées dans Alien. L’histoire reprend grosso modo les mêmes rebondissements, et le héros est toujours une héroïne, entourée de mecs gorgés de testostérones. Il nous refait même le coup de la grossesse soudaine, évacuée cette fois en une poignée de minutes, lors d’une séquence quand même assez traumatisante avec Noomi Rapace, clone plutôt convaincante de Sigourney Weaver.

Prometheus est plus spectaculaire, les effets spéciaux plus impressionnants, les décors plus grands, l’enjeu plus extraordinaire (découvrir l’origine de l’humanité, rien de moins)… Tout est « plus », ici. Pourtant, le vaisseau crasseux d’Alien, ses lumières blafardes entourées par l’obscurité, et tout ce qu’on n’y voyait pas, avaient quelque chose de nettement plus effrayant et marquant que ce Prometheus un peu trop sage et attendu.

Ridley Scott n’est pas un bras cassé, alors son film est assez passionnant. Mais il lui manque ce petit quelque chose en plus qu’on espère bien trouver dans la suite, déjà annoncée.

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