Play it again, Sam

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Archive pour le 31 décembre, 2013

Rebecca (id.) – d’Alfred Hitchcock – 1940

Posté : 31 décembre, 2013 @ 6:21 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, HITCHCOCK Alfred | Pas de commentaires »

Rebecca

Quelques jours après la mort de Joan Fontaine, j’ai eu envie de revoir ce chef d’œuvre qui a marqué mon adolescence : les grands yeux de biche de Joan, ses mimiques embarrassées, et son éternelle jeunesse. Cette jeunesse, et l’innocence de ce visage si pur qui ferait fondre le cœur le plus endurci (que celui qui n’a pas frissonné devant le regard perdu de Joan Fontaine quitte ce blog !), sont le sujet même de ce film.

« Promise me never to be 36 years old », lui lance un Laurence Olivier dont le regard est soudain traversé par un voile sombre. Beaucoup plus tard, alors que le passé aura dévoilé ses secrets, le même aura ce constat, d’une tristesse abyssale : « It’s gone forever, that funny young, lost look I loved won’t ever come back. »

La première demi-heure est d’un romantisme renversant. Joan Fontaine, jeune femme embauchée pour tenir compagnie à une riche et insupportable Anglaise en vacances à Monte Carlo, tombe sous le charme d’un riche veuf mystérieux, Maxim de Winter. A la plus grande surprise de la rombière, le beau « prince » épouse la belle et pure jeune fille, et l’emmène dans son château, le sublime domaine de Manderley…

Un vrai conte de fées, symbole de l’innocence de Joan Fontaine. Mais la suite sera un cruel rappel à la réalité, qui marquera la disparition irréversible de cette innocence : « Je ne retournerai jamais à Manderley », que lance la voix de Joan Fontaine sur les premières images du film, sonne comme « je ne revivrai plus jamais l’innocence de ma jeunesse ». A peine le portail passé, sa rencontre avec Madame Danvers donne le ton.

Personnage inoubliable, angoissant et menaçant, Madame Danvers (fabuleuse Judith Anderson) est l’un des plus grands personnages hitchcockiens. Une apparition presque fantomatique qui ne cesse de raviver le souvenir de feu Mme de Winter, Rebecca, poussant la nouvelle Mme de Winter aux frontières de la folie.

Chef d’œuvre d’une richesse incroyable, Rebecca inaugure la carrière américaine de Hitchcock, appelé par Selznick pour tourner un Titanic qui ne verra jamais le jour. Jalon à part dans sa filmographie, Rebecca vaudra aussi son unique Oscar à un Hitchcock qui a su dès son arrivée s’intégrer parfaitement dans l’univers hollywoodien, dirigeant notamment des seconds rôles qu’il retrouvera dans ses films à venir : Leo G. Carroll, George Sanders, Nigel Bruce… Quant à Joan Fontaine, il la retrouvera dès l’année suivante pour Soupçons, un autre chef d’œuvre, où elle aura un rôle très similaire, qui lui vaudra un Oscar.

La Rose pourpre du Caire (The Purple Rose of Cairo) – de Woody Allen – 1984

Posté : 31 décembre, 2013 @ 6:15 dans 1980-1989, ALLEN Woody, FANTASTIQUE/SF | 1 commentaire »

La Rose pourpre du Caire

Woody Allen aurait-il signé là le plus grand chant d’amour au cinéma ? Sur le modèle du Keaton de Sherlock Junior (qui sera repris version gros muscle par McTiernan dans Last Action Hero), Woody raconte l’histoire d’une jeune femme mal dans sa vie qui trouve refuge dans un cinéma, à tel point que la frontière de l’écran finit par s’estomper : l’un des personnages du film qu’elle voit et revoit jour après jour finit par s’adresser à elle, puis par sortir de l’écran, et tomber amoureux d’elle.

Woody Allen s’amuse du décalage entre la réalité et la fiction. La superbe et le romantisme du personnage, interprété par Jeff Daniels, sont confrontés à la dure réalité : dans la vraie vie, les coups de poing font plus mal que prévu, le champagne saoule, l’argent n’est pas un simple accessoire qu’on glisse dans les poches avant les prises, et les baisers de cinéma ne sont pas suivi d’un pudique fondu qui permet aux personnages de faire l’amour loin des regards indiscrets…

Grand cinéphile, Woody Allen rend un hommage vibrant aux « feel good movies » de l’âge d’or d’Hollywood. Ce n’est pas un hasard s’il recrée l’un des plans inoubliables de La Vie est belle : ce couple qui s’enlace, vu par la lunette arrière d’un taxi. Et c’est vrai qu’on regarde La Rose pourpre… comme on regarde un grand Capra : avec un sourire béat aux lèvres, avec un sentiment de bien-être absolu.

Sauf que derrière l’apparente légèreté du film, le sujet est grave. Tragique, même. Si le personnage de Mia Farrow (absolument formidable) se réfugie dans les films, c’est parce que sa vie est un ratage total. Mariée à un homme qui la trompe, la bat, et joue son argent aux cartes et aux dés (Danny Aiello), renvoyée d’un boulot guère épanouissant, confrontée à la Crise  que traverse l’Amérique (on est visiblement dans les années 30)¸ elle s’invente une meilleure vie face à l’écran.

Et plus son quotidien est glauque, plus ses yeux s’ouvrent grand devant l’écran, et plus son conte de fée paraît authentique : le personnage qui sort du film tombe amoureux d’elle ; puis c’est son interprète qui arrive d’Hollywood qui tombe sous son charme… Mais Woody Allen n’est pas dupe : il présente le cinéma comme une manière de rendre la vie plus belle, oui, mais pas comme un palliatif au mal-être.

Son film, euphorisant et terrible à la fois, est un pur chef d’œuvre.

La Journée des violents (Day of the Bad men) – de Harry Keller – 1958

Posté : 31 décembre, 2013 @ 6:12 dans 1950-1959, KELLER Harry, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Journée des violents

Comment gâcher un scénario assez formidable en deux leçons… Facile : vous écrivez donc un script de western exceptionnel, portrait d’un juge confronté à toutes les pressions imaginables à l’heure de délivrer un verdict pour un accusé coupable de meurtre, un homme rapidement esseulé qui se voit contraint de choisir entre ses idéaux et principes, et sa vie confortable dans une ville relativement épargnée par la violence. Et vous confiez ce matériau en or à un authentique tâcheron.

Mission accomplie avec Day of the Bad Man qui surprend d’abord par ses incroyables problèmes de rythme, assez incompréhensibles de la part de Keller, lui-même ancien monteur réputé. Des champs-contre champs mal adaptés, des transitions trois fois trop longues, des dialogues sans relief… La première partie surtout, souffre d’une mise en scène pour le moins trop approximative.

Je suis sans doute un peu dur, mais le fait est que le scénario est réellement formidable. Il fait penser à celui du Train sifflera trois fois (un homme de loi qui se retrouve isolé lorsqu’il s’agit d’aller au bout de sa mission, dans une ville pétrifiée par la peur), et ce n’est pas un hasard : les deux films sont adaptés de deux romans différents, mais écrits par le même auteur, John W. Cunningham.

Celui-ci a même une dimension plus intéressante encore, parce qu’il s’intéresse au juge : celui qui doit décider en son âme et conscience si l’accusé doit être pendu ou non. Et parce qu’il fait de cette décision « professionnelle » un enjeu majeur pour sa propre vie. Dans le rôle du juge, Fred MacMurray est parfait. Plus habitué au polar urbain qu’au western, il a une belle présence ici.

Pour être tout à fait honnête, encore, il faut signaler qu’il n’existe plus de copie respectant le cinemascope, et que le DVD du film le présente donc dans un cadrage nettement tronqué, qui ne rend peut-être pas justice au travail de Harry Keller. Dans le doute, concentrons-nous donc sur le scénario, décidément formidable.

• DVD dans la collection Westerns de Légende chez Sidonis, avec une présentation de Patrick Brion. Le film est donc présenté dans un cadrage tronqué 1:33, loin du cinemascope.

En quatrième vitesse (Kiss me deadly) – de Robert Aldrich – 1955

Posté : 31 décembre, 2013 @ 6:05 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, ALDRICH Robert | Pas de commentaires »

En quatrième vitesse

La première séquence est aussi mythique que la toute dernière image. Une route déserte, par une nuit noire. Une femme, nue sous son imperméable, court sur l’asphalte, visiblement paniquée, et tente d’arrêter les voitures qui passent. Elle se dresse alors au beau milieu de la route. Une belle voiture décapotable fait une embardée pour l’éviter. A bord : le héros, Mike Hammer, le détective imaginé par Mickey Spillane.

Drôle de héros, vraiment, qui essaie de redémarrer son moteur au plus vite pour éviter d’avoir à laisser cette femme entrer dans sa vie. Drôle de héros, qui se complait dans sa vie minable de privé spécialisé dans les divorces. Drôle de héros entouré de femmes folles de lui, mais qui évite soigneusement de laisser quiconque s’immiscer dans son intimité. Et qui martyrise un petit escroc avec un sourire incroyablement sadique… Ralph Meeker, dans le rôle, est absolument formidable.

Kiss me deadly est à l’image de tous les grands films d’Aldrich : un pont entre le cinéma classique des années 40, et celui de la relève qu’il annonce, celle de Frankenheimer ou Lumet. Ses films sont alors marqués par sa cinéphilie. On pense à Détour pour la rencontre avec cette mystérieuse jeune femme, et au Faucon maltais évidemment, pour cet objet dont on ne sait pas grand-chose mais pour qui on tue, beaucoup (et dont Tarantino livrera une version copié-collé dans son Pulp Fiction). Mais ils préfigurent aussi le Nouvel Hollywood dans la manière qu’a Aldrich d’utiliser le noir et blanc et les décors, quasiment abstraits, et dans sa manière de composer ses images, agressives et souvent désaxées, qui soulignent la menace diffuse que fait planer cette mystérieuse boîte de Pandore, au cœur de l’intrigue.

Dès le générique de début, qui défile à l’envers sur l’asphalte qui déroule, on comprend que ce film noir ne ressemblera pas aux autres. Très vite aussi, on pressent qu’il y a dans cette enquête que Hammer mène d’une manière assez classique, tirant un fil après l’autre, quelque chose de différent, menaçant, et presque surnaturel. Il est clairement question de la menace nucléaire ici, même si le sujet n’est jamais abordé frontalement.

Il y a dans ce film une atmosphère dérangeante, particulièrement choc. Dès ces pieds nus qui courent sur l’asphalte et les halètements que l’on entend sur le générique, Aldrich crée une tension incroyable, et fait naître le malaise. On n’en sortira plus, jusqu’à la scène finale, inoubliable.

• Voir aussi : Solo pour une blonde, autre film avec Mike Hammer, interprété par Mickey Spillane lui-même.

• Le film vient d’être édité chez Carlotta, avec une analyse toujours passionnante.

 

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