Broadway Danny Rose (id.) – de Woody Allen – 1984
Depuis ses débuts derrière la caméra, Woody Allen a souvent évoqué ses débuts d’artiste de music-hall. De film en film, ses origines sont toujours là, sous une forme ou une autre, mais comme un élément fondateur de sa filmographie. Cette fois, il en fait le sujet même de son film.
Il interprète Danny Rose, un agent de music-hall qu’une poignée d’humoristes évoquent autour d’une table, lors d’une soirée joyeuse dans un restaurant. Ils racontent l’histoire de ce manager entouré d’un curieux panel d’artistes de cabarets : un ventriloque bègue, une dresseuse d’oiseaux musiciens, un xylophoniste aveugle… et un chanteur de charme has-been qu’il accompagne dans son come-back, et dont il rencontre la fantasque maîtresse, interprétée par Mia Farrow.
La conversation qui sert de fil rouge du film, entre une demi-douzaines de comiques qui racontent des anecdotes et évoquent avec sérieux leur approche de l’humour sonne tellement vraie et incongrue à la fois qu’elle ne peut pas ne pas sortir des souvenirs d’Allen.
Le héros n’est pas une star, mais un homme de l’ombre, qui vit son métier avec passion, tout en ayant pleinement conscience que le métier ne lui rendra pas la pareille. Derrière la légèreté du film, Woody Allen décrit un milieu qu’il aime visiblement, mais sur lequel il ne se fait guère d’illusion. La générosité de Danny Rose, son abnégation totale, est une sorte d’aberration qui ne peut le mener qu’à la solitude et la souffrance. Mais comme il le dit lui-même : pour être heureux, il faut rire, mais il faut aussi souffrir…
Partant de ce principe, Broadway Danny Rose est un délicieux concentré de vie, et de bonheur. Woody Allen y passe avec une aisance confondante, et en quelques secondes seulement, de la comédie la plus débridée (avec coups de feu, amant dans le placard et course poursuite…) à une douce nostalgie bouleversante.
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