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Archive pour le 26 décembre, 2013

Inside Llewyn Davis (id.) – de Joel et Ethan Coen – 2013

Posté : 26 décembre, 2013 @ 10:56 dans 2010-2019, COEN Ethan, COEN Joel | Pas de commentaires »

Inside Llewyn Davis

C’est beau, quand même, cette capacité qu’ont les frères Coen de naviguer d’un genre à l’autre tout en restant fidèles à ce qu’ils sont. Après le noir (No country for old men) ou le western (True Grit), deux œuvres majeures et violentes, les frangins les plus passionnants du cinéma américain reviennent en mode intimiste avec ce film nostalgique et magnifique.

Inside Llewyn Davis est un film modeste à tous points de vue, la chronique simple et dénuée de tout rebondissement spectaculaire d’un musicien de blues sans attache, qui va de petites panouilles en grosses galères, de petites satisfaction en grosses désillusions… Un musicien parmi des centaines d’autres, sans attaches : ni femme, ni maison, ni carrière, ni même véritable ambition.

Bien sûr, ce type tente de percer. Il traverse l’Amérique (dans une sorte de parenthèse hallucinante où l’on croise un John Goodman très « coenien ») pour rencontrer un important producteur, revient comme il était parti, pense à abdiquer et à se ranger bien gentiment dans cette société qu’il méprise gentiment…

Mais au fond, ce « héros » ne vient de nulle part, et ne va pas ailleurs. C’est même tout le sujet du film : malgré les galères, malgré la fatigue qui l’accable à force de ne jamais pouvoir se poser, Llewyn Davis est un être accompli, qui mène exactement la vie qu’il a choisie, et qui n’ambitionne rien d’autre que de trouver sa place dans ce « Village », sorte de bulle en dehors du temps, idéal pour des musiciens qui se croisent, s’engueulent et s’entraident… Un artiste absolu.

Le film est d’une simplicité totale, et d’une élégance inouïe. Dès les premières images, les frères Coen rappellent à quel point ils sont doués pour dompter l’espace et créer une ambiance. Cette chanson qu’interprète Llewyn Davis (magnifique Oscar Isaac) nous plonge dans l’atmosphère de ces clubs du Village, ceux-là même où ne tardera pas à éclore un certain Bob Dylan, qu’on apercevra à la toute fin du film. Les personnages que l’on croise, eux, n’auront pas son destin. Ils n’en sont pas moins de beaux artistes, entièrement dédiés à leur art, à jamais associé à cette musique-là, et à ce lieu-là.

La Fille de Ryan (Ryan’s daughter) – de David Lean – 1970

Posté : 26 décembre, 2013 @ 10:48 dans 1970-1979, LEAN David, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

La Fille de Ryan

Après une série de grands classiques, David Lean signe un nouveau chef-d’œuvre. Beaucoup plus méconnu que Lawrence d’Arabie ou Docteur Jivago, La Fille de Ryan relève pourtant de la même ambition : réaliser un grand film romanesque et intime à la fois, dans un pays déchiré par l’histoire en marche. Le résultat : une transposition à peine voilée de Madame Bovary, et l’un des films les plus beaux, les plus forts, sur l’Irlande des années 10.

Comme dans tous ses films, le lieu joue un rôle majeur. En l’occurrence, une petite ville de la côte irlandaise, sous domination anglaise, durant la Grande Guerre. On est loin de Dublin, où des affrontements sanglants se multiplient pour l’Indépendance. On est loin aussi du conflit qui fait rage sur le continent. De ces combats, on ne verra rien, mais ils sont pourtant omniprésents, pesant sur les habitants de cette terre déchirée (dans tous les sens du terme) et éloignée de tout, dont Lean signe un portrait formidable.

Les paysages, austères et magnifiques à la fois, romantiques et dangereux, donnent le ton du film. Son village est un lieu désœuvré, qui se cherche un héros. Coupés du monde et de ses enjeux, les villageois vivent repliés sur eux-mêmes. Ils ne se réveilleront que lorsqu’un leader indépendantiste choisira leur plage pour récupérer des armes destinées aux rebelles. Cela se passe lors d’une journée de tempête hyper spectaculaire, que Lean a mis plusieurs mois à tourner. Il y met en scène une unité soudaine qui s’improvise d’une manière totalement romantique face aux éléments. C’est magnifique, fulgurant et tragique à la fois.

La Fille de Ryan est aussi un film intime, peuplé de personnages fascinants : celui du prêtre (imposant Trevor Howard, à mille lieues de Brève rencontre) ; ou celui, bouleversant, de Michael « l’idiot du village » interprété par John Mills, visage grotesque et corps déformé, présence omniprésente qui se révèle le plus conscient des drames qui se nouent). C’est aussi une belle et complexe histoire d’amour.

Une jeune villageoise tombe amoureuse d’un homme plus âgé que lui qu’elle épouse, mais qui réalise vite qu’il lui manque quelque chose. Lean filme le couple constamment séparé par quelque chose : une porte, une chemise, ou simplement de la musique trop forte… Ce quelque chose qui lui manque, elle le trouve auprès d’un officier anglais en garnison, avec qui elle vit une passion sulgurante. Devant la caméra de Lean, tout disparaît autour d’eux : le décor s’efface, pour ne laisser la place qu’aux deux corps qui s’enlacent…

Dans le rôle principal, Sarah Miles est une belle héroïne romantique, emportée par le souffle de son époque. Dans celui de son mari, Robert Mitchum trouve l’un de ses très grands rôles. S’il est un film qui prouve définitivement que la star n’est pas le je-m’en-foutiste qu’il affirmait être, c’est bien celui-là. Son interprétation de cet instit effacé et trop doux, est absolument magnifique.

 

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