Les dernières heures d’un bandit (Showdown at Abilene) – de Charles F. Haas – 1956
La même année que La Corde est prête, Charles Haas tourne cet autre western pour la Universal. Le budget n’est pas énorme, on s’en rend compte dès les premières images particulièrement dépouillées, avec ce cavalier traversant seul une campagne aride traversée par un cavalier seul. Quant à l’Abilene du titre original, elle ressemble trait pour trait à la ville du précédent western de Haas, tourné dans les mêmes décors, filmés de la même manière, et avec une lumière qui laisse penser que le même chef opérateur est à l’œuvre (ce n’est pas le cas : (à John L. Russell pour Star in the Dust succède Irving Glassberg, l’excellent chef op de La Ronde de l’aube ou Capitaine Mystère de Sirk).
Ce dépouillement sera la règle jusqu’à la fin du film (court d’ailleurs : à peine plus d’une heure et quart), mais plutôt pour le meilleur : cette fois encore, Haas signe un beau western de facture modeste, mais au rythme parfait, et plein de belles idées de scénario et de mise en scène.
Cinéaste oublié, voire méprisé, Haas fait une nouvelle fois preuve d’élégance, d’efficacité, et même d’une certaine audace dans certains plans très joliment construits. C’est le cas notamment lors des retrouvailles entre l’ancien shérif de retour de la guerre après une longue absence, et son ancienne fiancée désormais promise à un autre, sous le regard inquiet de ce dernier. A l’écran, les anciens amants sont séparés par un grand miroir dans lequel se reflète le visage inquiet du rival, les deux autres disparaissant peu à peu.
Tout en étant très classique, l’histoire recèle aussi quelques belles idées. Le méchant, notamment, est particulièrement réussi : stéréotype du grand propriétaire tyrannique et trop ambitieux, auquel Lyle Bettger apporte une vrai potentiel de sympathie, d’autant plus qu’il est un infirme (il est amputé de la main droite), dont la vie est constamment brisée par les erreurs de celui qui est pourtant le vrai héros du film.
Dans ce rôle, Jock Mahoney est excellent. Acteur de série B, parfois un peu fade, il révèle ici un authentique talent de comédien, avec une belle présence physique. Charles Haas utilise parfaitement le corps athlétique de Mahoney et son passé de cascadeur. Imposant lorsqu’il assiste torse nu à la montée de la violence dans sa ville, il se jette littéralement dans l’action lors d’un saut d’une vivacité impressionnante.
Des petits westerns comme ça, j’en veux tous les jours !
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