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Quai d’Orsay – de Bertrand Tavernier – 2013

Classé dans : 2010-2019,TAVERNIER Bertrand — 28 novembre, 2013 @ 13:13

Quai d'Orsay

Thierry Lhermitte en ministre des Affaires étrangères inspiré de Villepin, personnage un peu grotesque et caricatural, vieux beau qui brasse de l’air au point de provoquer des tornades dès qu’il ouvre une porte… La première impression est pour le moins mitigée : l’humour est un peu lourd et franchement pas très drôle.

Mais rapidement, il se passe quelque chose d’assez magique : Tavernier réussit à imposer une atmosphère, une ambiance, et un ton. Au final, sa première vraie comédie (depuis Que la fête commence en tout cas) est une bulle de légèreté qui trouve l’équilibre parfait entre le comique et l’intelligence. Ses personnages sont grotesques ? Ils gagnent vraiment à être connus, et révèlent une profondeur et une aura qu’on ne leur soupçonnait pas.

Lhermitte en premier, double pour de rire mais génial de Villepin, qui trouve son meilleur rôle depuis dix ans. Et rappelle en passant que sa carrière est quand même majoritairement un vaste gâchis : bien dirigé, l’ex-Splendid est un comédien formidable, capable d’incarner le privé cynique et tragique d’Une affaire privée, aussi bien que de donner une vraie dimension à cette curieuse bête politique.

Tavernier est toujours impeccable quand il s’agit de diriger des comédiens. Autour de Lhermitte et de Raphaël Personnaz, les seconds rôles sont épatants, à commencer par Niels Arestrup, en éminence grise d’un calme absolu, qui gère les plus grandes crises, pique des micro-siestes, et s’amuse des manies de son ministre de patron.

Adapté d’une bande dessinée à succès, le film part du fameux discours de Villepin à l’ONU, sommet de sa carrière et de sa gloire dont le scénario fait le point de mire de toute cette histoire. Ce Villepin d’opérette au nom impossible (Alexandre Taillard de Worms) n’est que le symbole visible du ministère des Affaires étrangères, étrange jungle où se côtoient conseillers, directeur et chef de cabinet, et des dizaines de personnes qui se renvoient la balle à longueur de journée. Une sorte de dédale kafakaesque absurde et incompréhensible, que le héros, jeune homme plein de talent engagé pour « s’occuper du langage », découvre ce fourmillement avec un regard d’abord incrédule.

La force du film est d’adopter le point de vue de ce néophyte de l’ombre. Pas strictement en le mettant constamment au centre de l’action (le ministre interprété par Lhermitte est le vrai cœur de l’histoire), mais en variant le ton du film au fur et à mesure qu’Arthur trouve ses marques dans ce microcosme étonnant.

Le résultat est un film léger et intelligent, qui joue habilement avec l’image que l’on a de la politique et de l’incompétence présumée de ceux qui nous dirigent, avec ce que l’on sait de Villepin et de son expérience au quai d’Orsay, et avec les codes de la bande dessinée. Assez brillant, en fait.

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