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La Vénus à la fourrure – de Roman Polanski – 2013

Classé dans : 2010-2019,POLANSKI Roman — 27 novembre, 2013 @ 12:58

La Vénus à la fourrure

Avec ce nouveau huis-clos (un genre qu’il a toujours aimé, et dont il semble vouloir étudier toutes les possibilités, depuis sa sortie de prison), Polanski adapte avec l’auteur une pièce de David Ives, elle-même inspirée du sulfureux roman de Sacher-Masoch (qui a donné son nom au « masochisme »), et signe, au-delà du rapport de domination entre hommes et femmes, une réflexion sur la création artistique.

C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus réussi dans ce film étonnant et bancal : Polanski excelle lorsqu’il s’agit d’effacer progressivement la frontière entre la réalité et la fiction, entre les comédiens et les personnages…

Après un magnifique travelling dans les rues désertes (de Paris ?), baignées d’une lumière quasi-irréelle, Polanski nous conduit, en même temps que le personnage féminin, à l’intérieur d’un théâtre qui paraît lui-même étrangement irréel. Il n’en sortira plus avant la dernière séquence, tout aussi irréelle et fantômatique.

Un lieu unique, deux comédiens seuls… Polanski se joue habilement de ces contraintes, grâce à une mise en scène constamment vivante. Bien aidé aussi par deux comédiens formidables : Mathieu Amalric en auteur-metteur en scène à la recherche de l’interprète de sa « vénus à la fourrure », et Emmanuelle Seigner en apprenti comédienne très culottée (au sens figuré seulement) venue passer une audition. Cette dernière trouve ici son rôle le plus fort depuis Lune de fiel, autre film sulfureux de Polanski.

La première partie est passionnante. On y voit les rapports de force entre ces deux-là s’inverser peu à peu, tandis qu’un étrange climat oppressant s’installe : qui est vraiment cette jeune femme qui semble tout connaître de l’auteur, jusqu’à précéder toutes ses attentes. Polanski a une manière très subtile et dérangeante de filmer le vernis qui craque, le doute qui s’installe, le désir et la séduction…

La seconde partie, hélas, est bien moins convaincante, développant des rapports sado-maso que Polanski filme avec un grotesque de plus en plus assumé, et qui m’ont complètement laissé sur la touche. Le film devient alors un machin bancal, ni troublant, ni intelligent, ni gonflé. Juste gonflant et un rien prétentieux.

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